ITSM, ITOM : BMC Software déroule sa stratégie multicloud

Quelques semaines après avoir signé un partenariat avec Google Cloud, BMC Software remet le couvert avec Oracle. Si le spécialiste de l’ITSM mise sur des logiciels AIOps et l’observabilité, il n’en demeure pas moins que sa croissance réside à la croisée du mainframe et du cloud.

Le spécialiste de l’ITSM et de l’ITOM fondé en 1980 a annoncé un partenariat avec Oracle pour héberger sa plateforme BMC Helix sur Oracle Cloud Infrastructure (OCI). Plus spécifiquement, Helix s’exécutera sur Exadata Cloud Service. Les deux partenaires promettent « des performances supérieures », la sécurité intégrée et la haute disponibilité. C’est surtout un canal de vente supplémentaire pour BMC et Oracle. Les deux entreprises s’apprêtent à partager leurs bases de données clients.

« C’est un début », prévient Chad McAfee, vice-président groupe, ISV et Cloud Native, chez Oracle lors d’une conférence menée dans le cadre de l’IT Press Tour 42. « Nous nous concentrons sur différentes régions pour déployer et travailler conjointement avec des clients en Europe et aux États-Unis. Ensuite, nous identifierons de nouveaux clients et nous déploierons dans les régions qui nous paraissent les plus intéressantes », prévoit-il.

BMC était déjà membre du PartnerNetwork d’Oracle et un membre du programme ISV Accelerator. La plateforme Helix est mise à disposition sur la marketplace d’OCI.

Les défis du multicloud pour BMC Software

BMC Software n’est pas à son premier coup d’essai. Le 24 février, il avait présenté un accord avec Google Cloud qui sera effectif au début de l’été. Cette approche lui permet de se connecter aux services de GCP, notamment Google Translate (pour bâtir des chatbots), Analytics et Google Identity Aware Proxy (IAP), intégré à l’outil BMC Helix Discovery.

Ainsi, BMC mise désormais sur une approche multicloud. Certains services de l’éditeur étaient présents sur les places de marchés des fournisseurs de cloud, mais le faible nombre d’avis tend à démontrer que son activité est davantage portée par des canaux plus directs. C’est en tout cas ce que l’on peut déduire des chiffres avancés par l’éditeur : la croissance annuelle de son offre SaaS atteindrait 25 %.

Cependant, BMC souhaite répondre à une demande du marché, soulignée par Gartner dans son Magic Quadrant 2021 ; c’est-à-dire la difficulté de déploiement de ses solutions pour les clients souhaitant migrer vers la plateforme en cloud.

« ADE est avant tout une stratégie. »
RAM ChakravartiCTO, BMC Software

L’autre problème provient de son marketing, selon Gartner. Le message ne s’appuie pas sur une liste de produits clairement identifiés, mais sur des fonctions. BMC enrobe tout cela dans la notion Autonomous Digital Enterprise (ADE), un ensemble de capacités dont une entreprise moderne devrait disposer pour assurer sa transformation et améliorer ses processus. « ADE est avant tout une stratégie », précise RAM Chakravarti, CTO de BMC Software. « Nous avons ensuite un produit que nous appelons la plateforme ADE, qui offre des niveaux de persistance, des services et une base IA communs qui fonctionnent sur des systèmes distribués ».

Selon Gartner dans son Magic Quadrant 2021, BMC a pour lui des fonctionnalités ITSM de haut niveau et une CMDB robuste, en sus d’offrir la capacité de déployer son produit sur Kubernetes et des containers.

L’entreprise entend également afficher un nouveau visage, celui d’un groupe innovant. Elle affirme avoir « transformé » son portfolio ces dix-huit derniers mois. Techniquement, avec la version 22.1 de la plateforme Helix, BMC entend miser sur l’automatisation et l’orchestration, l’observabilité, l’Enterprise Service Management (ESM) et la modernisation des mainframes. Les différentes mises à jour d’Helix ont, selon BMC, amélioré la visibilité et la précision des données nécessaires à la prise de décision. L’éditeur assure réduire la complexité des mesures, accélérer le MTTR et limiter les interruptions de service. BMC mise aussi sur la prévention des problèmes en s’appuyant sur des fonctionnalités de machine learning, tout en aidant à administrer les ressources IT et les coûts. Les promesses sont belles, mais les responsables ont du mal à dire comment.

Pour cela, un petit tour dans la documentation permet de bien se rendre compte que chacune de ses fonctions correspond à des produits différents.

Par exemple, BMC Continuous Optimization dispose de nouveaux connecteurs ETL pour extraire les données en provenance d’Amazon EBS, d’unités Dell Entity Unity et d’instances EMC Powerflex. L’entreprise a introduit de nouveaux connecteurs Moviri pour la collecte de données de Kubernetes dans Prometheus, Pivotal Cloud Foundry. D’autres modèles ont été optimisés, notamment pour ServiceNow, Oracle EM, Azure, Elasticsearch. Les données peuvent être agrégées, puis analysées depuis un data mart. Continuous Optimization dispose également de modèles de simulation « what if », tout comme d’un tableau de bord pour observer la saturation des services.

Helix AIOps, lui, extrait des données en provenance des autres outils du marché, à savoir Appdynamics, Datadog, Dynatrace, etc. Il permet ensuite d’apprendre des alertes, d’observer les moyens de les résoudre par le passé, via le traitement des tickets, et de proposer des moyens de remédiation. Sauf que ces autres outils d’observabilité ont aussi des capacités d’intelligence embarquée qui permettent de trouver la cause profonde d’un problème et de proposer, en principe, la solution de remédiation.

L’éditeur prétend faciliter la réduction les coûts en observant les actifs d’une infrastructure IT, à l’aide de nouveaux tableaux de bord. En réalité, il n’a pas de fonctions spécifiques aux besoins FinOps, et ce n’est pas sa priorité. « La mesure des coûts du cloud est un marché très saturé. Nous avons des outils pour les mesurer », affirme Margaret Lee, senior vice-présidente et directrice générale, Digital Service and Operations Management chez BMC. « Cependant, notre priorité, c’est de permettre aux responsables IT d’assurer [leurs accords de niveaux de service] ». Ce que l’éditeur propose de longue date.

En outre, BMC Intelligent Automation, est un moteur de règles capable d’interagir avec Helix ITSM et de jouer le rôle d’orchestre pour les outils Infrastructure as Code du marché. Par exemple, quand il est nécessaire de modifier une infrastructure, Intelligent Automation reçoit des événements qui déclenchent une notification à un responsable. S’il accepte ce changement, Intelligent Automation reprend la main pour appeler les scripts IaC disponibles via API à partir de systèmes comme Ansible ou Terraform, entre autres.

« En matière d’observabilité et d’AIOps, nous n’avons pas à remplacer les solutions installées chez les clients. C’est notre différenciateur numéro 1 », assure Ali Siddiqui, Chief Product Officer chez BMC Software. C’est aussi l’approche d’acteurs comme ServiceNow ou PagerDuty.

N’oublions pas de mentionner les mises à jour trimestrielles consacrées aux produits historiques que sont Control-M, BMC AMI et CMDB. Les autres logiciels sont principalement accessibles en SaaS.

Le mainframe, une valeur sûre

En réalité, un bon nombre des nouvelles fonctionnalités sont issues d’une stratégie de croissance externe. En 2020, BMC a acquis Compuware afin d’améliorer ses capacités en matière d’administration des mainframes. La même année, il a repris Alderstone, un cabinet spécialiste de la migration en cloud, et ComeAround, éditeur de solutions de knowledge management.

En octobre 2021, il a acquis Stremweaver, une startup développant un outil visuel d’intégration et de streaming de données entre les différents produits de supervision du marché. Il est par exemple possible d’agréger des données en provenance de New Relic sur Splunk, et dans le contexte de BMC, d’envoyer les alertes de ces systèmes pour les analyser avec Helix AIOps. Les responsables comptent bien maintenir cette politique d’acquisition si le besoin s’en fait sentir.

« Les clients adoptent le cloud, mais ils n’abandonnent pas forcément leur mainframe. »
Ali SiddiquiChief Product Officer, BMC Software

Malgré cette volonté de rivaliser avec Service Now et de maintenir la distance avec Ivanti, deux concurrents du segment ITSM/ITOM, l’activité principale de BMC demeure la supervision et l’automatisation des opérations consacrées aux mainframes. « Nous gagnons des parts de marché chez IBM et Broadcom », affirme Ali Siddiqui. « Les clients adoptent le cloud, mais ils n’abandonnent pas forcément leur mainframe. C’est pour cela que l’acquisition de Compuware était si importante, car nous pouvons générer des cas d’usage en liant la modernisation du mainframe et la migration en cloud ».

Le groupe prévoit aussi d’investir dans la recherche et le développement. BMC Software compte injecter 10 milliards de dollars dans la recherche et le développement. Cela passera entre autres par des projets menés à travers son « Innovation Labs », fraîchement monté dans son bureau de Santa Clara. En revanche, les porte-parole de l’éditeur n’ont pas dévoilé la durée de ce plan d’investissement.

BMC Software revendique un chiffre d’affaires de 2,1 milliards de dollars en 2021. Il compte environ 9 000 clients, dont 375 génèrent plus de 1 million de dollars de revenu récurrent annuel.

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