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Les tendances qui changent l’hyperconvergence

Le marché de l’infrastructure hyperconvergée change. Les fournisseurs adoptent une approche plus souple et plus dynamique, désagrègent les nœuds, proposent des options « à la demande » et se tournent vers les conteneurs.

L’infrastructure hyperconvergée a pour ambition de simplifier l’informatique en combinant le stockage, le traitement et généralement un environnement de virtualisation dans un seul système ou appareil.

Cette approche « tout-en-un » exploite la flexibilité de la virtualisation et du stockage en réseau, mais en la simplifiant. Selon ses promoteurs, les bénéfices de ces systèmes à la fois souples et performants conviennent particulièrement aux petites entreprises, aux succursales ou aux applications edge.

Mais le marché change. Voici quelques-unes des principales tendances de l’infrastructure hyperconvergée.

Tour d’horizon du marché HCI

Le cabinet d’analyse Emergen Research prédit une croissance de 26,8 % au marché des infrastructures hyperconvergées. Les principaux moteurs de cette croissance sont la demande en matière de sauvegarde et de récupération, ainsi que l’amélioration des performances des applications.

Selon Naveen Chhabra, analyste chez Forrester, l’hyperconvergence est particulièrement utilisée pour le VDI (virtualisation du poste de travail), les bases de données, les charges de travail analytiques et les fermes de VM.

Il explique par ailleurs que la technologie hyperconvergée, bien que principalement destinée au datacenter, devient plus polyvalente, car les fournisseurs ont amélioré les contrôles dont disposent les administrateurs IT. Néanmoins, l’hyperconvergence reste mieux adaptée aux workloads qui scalent de manière horizontale (par ajout de nœuds) plutôt que verticale (par ajout de CPU, de stockage, de mémoire, etc.).

Bizarrement, malgré l’intérêt général que suscite la technologie, certains fournisseurs se sont plus ou moins retirés du marché de l’hyperconvergence (comme NetApp), et certains analystes remarquent que d’autres acteurs accordent moins d’attention à l’infrastructure hyperconvergée que par le passé.

Nutanix reste le nom le plus connu, mais Cisco, VMware, Dell EMC, Microsoft via Azure et Huawei sont également très présents.

En outre, les solutions logicielles gagnent du terrain. Nutanix se concentre désormais davantage sur la vente de logiciels agnostique que sur son propre matériel. Scale Computing, StarWind et Pivot3 sont également des acteurs à surveiller. Stormagic, avec son SAN virtuel programmable, est souvent associé aux projets d’infrastructure hyperconvergée.

Infographie sur les principes techniques de l'hyperconvergence
Principes de l'hyperconvergence

L’infrastructure hyperconvergée est-elle en train de se « désagréger » ?

L’argument initial de l’infrastructure hyperconvergée était que les composants clés étaient intégrés, ce qui permet aux équipes IT de déployer rapidement les systèmes et de réduire les coûts de gestion. Cette intégration contribue pour une large part à l’attrait de cette technologie.

Mais comme dit plus haut, la technologie a ses limites. « Si votre application a besoin de se développer verticalement, ne vous tournez pas vers l’infrastructure hyperconvergée », insiste Naveen Chhabra de Forrester.

En dehors d’exceptions notables, comme l’exécution de SAP HANA, les systèmes monolithiques sont dans l’ensemble moins bien adaptés à l’infrastructure hyperconvergée. La raison en est qu’en règle générale, elle ne permet pas de faire évoluer les ressources (composants) de manière indépendante.

Ce problème incite de plus plus les fournisseurs à « désagréger » – c’est-à-dire à « séparer » – les composants de l’infrastructure hyperconvergée afin de faciliter leur extension.

VMware, par exemple, permet de partager le stockage entre des clusters hyperconvergés grâce à son système HCI Mesh. Chez Dell, il est possible se connecter aux sous-systèmes de stockage avec VxRail, via son infrastructure vSAN.

L’infrastructure hyperconvergée : une bonne solution pour tout type de edge ?

L’infrastructure hyperconvergée résout certains problèmes que rencontrent les entreprises lorsqu’elles déploient une technologie dans de petites filiales, des succursales ou des sites distants. Ces entités ne disposent pas toujours d’équipes IT attitrées, voire de locaux dédiés pour des équipements volumineux et complexes.

De la même manière, la technologie hyperconvergée se prête bien aux applications edge, en particulier lorsqu’elle est fournie sous la forme d’une appliance robuste. En effet, en évitant d’installer des matériels distincts pour le stockage, le traitement et le réseau, on limite également la consommation d’énergie et les besoins de refroidissement.

« La question est ici de savoir si tous les déploiements d’infrastructures hyperconvergées peuvent s’adapter à des configurations aussi diverses. Et la réponse est non. »
Naveen ChhabraAnalyste, Forrester

De plus, le recours à un seul fournisseur implique un nombre de composants réduit. Il serait exagéré d’affirmer que les risques de dysfonctionnement sont moindres (les systèmes hyperconvergés peuvent être complexes), mais les services IT sont normalement en mesure de contrôler tous leurs systèmes via un seul outil de gestion.

Attention, cependant, comme le souligne Naveen Chhabra de Forrester, le secteur ne s’accorde pas sur une définition unique du « edge ».

Les fournisseurs sont confrontés à une multitude de cas d’usage et il est préférable d’éviter ceux qui prétendent pouvoir tous les prendre en charge. « Pour certains [utilisateurs], il s’agit d’un magasin ou d’une succursale ; pour d’autres, d’une station de base de télécommunications, ou encore d’une installation en province », ajoute-t-il. « La question est ici de savoir si tous les déploiements d’infrastructures hyperconvergées peuvent s’adapter à des configurations aussi diverses. Et la réponse est non. »

Les DSI doivent d’abord examiner les besoins en matière de technologie hyperconvergée dans leur environnement « à la périphérie », puis voir quels fournisseurs proposent la meilleure offre selon le workload et la configuration.

Infrastructure hyperconvergée à la demande

L’infrastructure hyperconvergée à la demande est promue par des fournisseurs comme Dell EMC avec son VxRail, qui fait lui-même partie de la gamme de produits Dell Apex. Cisco propose une option « as-a-service » avec HyperFlex. Et les clients Greenlake de HPE peuvent utiliser Nutanix Era ou Microsoft Azure Stack HCI.

Les équipes IT peuvent également acheter Azure Stack HCI directement auprès de Microsoft. Azure Stack HCI regroupe Hyper-V pour le traitement, Storage Spaces Direct et un module de réseau programmable. HPE pour sa part propose SimpliVity HCI qui, d’après le fournisseur, est une solution hyperconvergée optimisée pour le edge, les architectures VDI et la « virtualisation en général ». Cette technologie est disponible à la demande.

Mais la progression de l’infrastructure hyperconvergée « as a service » s’explique peut-être davantage par le fait que les fournisseurs y voient une opportunité de vendre des ressources sur abonnement plutôt que par des développements techniques.

En un sens, il est logique que les entreprises qui se sont habituées à acheter une infrastructure à la demande (IaaS) veuillent faire de même pour leur infrastructure hyperconvergée. Si le workload se prête à une évolution horizontale plutôt que verticale, le déploiement d’une infrastructure cloud nœud par nœud doit pouvoir réduire les coûts de gestion. Cette approche peut également faciliter la réplication vers le cloud des workloads hyperconvergés « on prem ».

Dans ce contexte, les DSI doivent aussi évaluer si la technologie hyperconvergée est adaptée aux charges de travail à transférer vers l’IaaS et, plus généralement, vers le cloud public. L’un des avantages du cloud est qu’il permet d’acheter des ressources de traitement et de stockage séparément et de les faire évoluer à la hausse ou à la baisse selon les besoins.

L’infrastructure hyperconvergée « à la demande » fait perdre en partie cette souplesse. Mais les fournisseurs investissent dans le « as a service », ce qui devrait faciliter un ajustement précis des instances hyperconvergées à différents workloads, tout en offrant la possibilité de passer les coûts de l’hyperconvergé en charge d’exploitation plutôt qu’en investissement (OPEX vs CAPEX).

HCI et conteneurs

La prise en charge des conteneurs est l’un des domaines dans lesquels l’infrastructure hyperconvergée se développe rapidement. Les fournisseurs établis, comme Cisco, Nutanix, VMware, sont capables de gérer des workloads conteneurisées. Idem chez IBM avec Spectrum Fusion qui fonctionne avec la version OpenShift de Kubernetes de Red Hat. Nutanix collabore également avec Red Hat.

En prenant en charge les conteneurs et les hyperviseurs, l’infrastructure hyperconvergée élargit son champ d’action. De plus en plus d’applications « cloud natives » étant développées pour les conteneurs plutôt que pour des VM, cette prise en charge devient un critère important pour les acheteurs.

L’infrastructure hyperconvergée n’a pas été conçue pour les conteneurs, mais les fournisseurs adaptent les nœuds hyperconvergés pour leur conférer la flexibilité exigée par des environnements comme Kubernetes. NetApp, par exemple, est labélisé « Anthos Ready » par Google. Le CSI de NetApp rend ainsi accessibles, sous Anthos, toutes les fonctions de ses infrastructures hyperconvergées et son environnement d’administration Trident.

Les applications d’entreprise étant de plus en plus déployées dans des conteneurs, il y a fort à parier que les fournisseurs de solutions hyperconvergées continuent à suivre ce mouvement.

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