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Red Hat veut faire d’Ansible le moteur d’automatisation du cloud hybride

Lors de l’AnsibleFest, le fournisseur a déroulé sa stratégie d’automatisation multicloud et hybride en proposant sa plateforme commerciale Ansible sur AWS et Microsoft Azure. Red Hat tente également de simplifier les capacités d’Ansible en le couplant à un moteur de règles et un modèle d’IA.

Red Hat a présenté la disponibilité de Red Hat Ansible Automation platform sur la marketplace d’AWS et celles de Microsoft Azure.

Il s’agit de simplifier le déploiement et la commercialisation de la plateforme sur deux clouds très utilisés par les clients de Red Hat.

La plateforme se connecte aux services cloud des fournisseurs pour automatiser l’approvisionnement de VM, d’instances de stockage objet, de bases de données, permet d’établir des groupes de sécurité, etc. 

Pour cela, Red Hat propose des « certified content collections », c’est-à-dire des plugins permettant d’intégrer Ansible avec les différents services cloud, mais également les applications et les solutions tierces.

Les deux éditions de Red Hat Ansible Automation Platform (RHAAP) se distinguent par leur modèle de déploiement. Sur AWS, la plateforme est self-managed, tandis que Red Hat propose une version managée sur Azure. Dans les deux cas, les clients peuvent payer leur souscription via le service intégré de facturation des deux fournisseurs.

« Nous sommes en train de travailler pour proposer une version entièrement gérée sur AWS », signale Belkacem Moussouni, responsable du développement commercial EMEA automatisation et gestion chez Red Hat.

Red Hat proposait déjà une version managée de son outil de gestion de configurations via « une offre privée » sur la marketplace de Microsoft Azure. Désormais, RHAAP est disponible via une offre publique. « Cela permet aux partenaires de bénéficier de remises afin de revendre la solution à leurs clients », précise le responsable.

Sur certains aspects, Red Hat pose Ansible en alternative aux solutions d’automatisation proposées par ces fournisseurs. Il y a non seulement les services propriétaires d’infrastructure as code établis sur Terraform, mais également d’autres produits comme Azure Automation et AWS System Manager Automation. 

« Nos clients […] souhaitent adopter des solutions agnostiques qui puissent gérer leur legacy, leurs environnements modernisés, mais aussi leurs instances dans le cloud public. »
Belkacem MoussouniResponsable du développement commercial EMEA automatisation et gestion, Red Hat

Concernant Terraform, Belkacem Moussouni insiste sur le fait qu’Ansible ne s’arrêterait pas à l’Infrastructure as Code. « Ansible permet aussi de manipuler les applications et d’autres éléments au-dessus de l’infrastructure ». Les deux solutions seraient complémentaires. « Cela n’est pas rare que les clients combinent Terraform et Ansible, suivant leurs besoins », explique-t-il.

En revanche, le fait que la plateforme RHAAP soit indépendante des technologies des fournisseurs cloud plairait aux clients, selon Belkacem Moussouni. D’ailleurs, l’éditeur positionne son offre comme une solution de gestion de l’automatisation dans des environnements de cloud hybride.

« Nos clients ont une stratégie multicloud et plus souvent hybride. Ils souhaitent adopter des solutions agnostiques qui puissent gérer leur legacy, leurs environnements modernisés, mais aussi leurs instances dans le cloud public », déclare-t-il.

Le tout passerait par une plateforme d’automatisation centralisée comme RHAAP.

« Cela permet aux entreprises de limiter les frais de maintenance, la complexité induite par le cloud hybride », vante Belkacem Moussouni. « Elles ont besoin de beaucoup plus d’automatisation pour suivre le rythme et la plateforme Ansible évolue rapidement », ajoute-t-il.

Les organisations IT souffriraient notamment du manque de compétences disponibles. « Qu’est-ce que veulent faire les entreprises avec l’automatisation ? Elles veulent généralement faire plus avec le même nombre de ressources humaines », signale le responsable.

Simplifier l’accès à l’automatisation

Or de nombreux processus opérationnels sont encore fastidieux, observe Red Hat, et ce malgré un premier niveau d’automatisation en place.

En ce sens, l’éditeur a présenté en préversion Event-Driven Ansible (EDA). La solution en question reprend la notion de Playbooks, mais l’adapte à une architecture d’automatisation orientée événements.

« Imaginons qu’un outil de supervision génère un événement signalant une lenteur sur le réseau. Cet événement va être évalué, corrélé. Ensuite, des instructions de résolution spécifiques vont être enclenchées », explique Belkacem Moussouni.

EDA s’appuie sur trois blocs majeurs. Il y a d’abord les sources qui génèrent des événements et les envoient vers EDA. Pour l’instant, l’outil supporte Prometheus, Sensu, les solutions Red Hat, des webhooks et Apache Kafka. Les entreprises peuvent bâtir leurs propres connecteurs.

Une fois l’événement intercepté, les Rulebooks – des fichiers YAML structurés à l’aide d’un modèle « if this then that » – peuvent appeler des Playbooks ou exécuter des fonctions à travers des modules. L’exécution des instructions présentes dans les Rulebooks est appelée Action.

« Il s’agit de minimiser au maximum l’intervention humaine [sic]. Nous voulons répondre à la question suivante : comment automatiser l’automatisation ? »
Belkacem MoussouniResponsable du développement commercial EMEA automatisation et gestion, Red Hat

Au cœur d’Event-Driven Ansible, l’on retrouve un moteur de règles métiers bien connu : Drools, aussi appelé JBoss Rules, un outil créé au tout début des années 2000.

« Il s’agit de minimiser au maximum l’intervention humaine (sic) », résume Belkacem Moussouni. « Nous voulons répondre à la question suivante : comment automatiser l’automatisation ? »

La solution ne se limite pas seulement à l’automatisation de la résolution de certains incidents techniques. « Cela peut servir à traiter des événements en provenance de solutions de support, d’un ITSM comme ServiceNow ou BMC, pour gonfler les capacités d’une instance cloud », illustre le responsable commercial.

Pour d’autres tâches, un moteur de règles peut s’avérer limité. Cela ne règle pas non plus le problème de l’accès aux outils à des populations qui ne sont pas formées aux pratiques d’automatisation.

Conscient de cette problématique, Red Hat œuvre avec IBM Research sur le Projet Wisdom.

 Ce plug-in pour Visual Studio vise à automatiser la génération de langage YAML pour Ansible à travers une interface en langage naturel. En clair, il s’agit d’automatiser la création de Playbooks à partir de phrases simples – en anglais pour l’instant – « traduites » en YAML par un modèle NLG (Natural Language Generator). Ainsi, il suffirait d’écrire « Deploy Web Application Stack » ou « Install Nodejs dependencies » pour créer les Playbooks correspondants.

« Même si certains considèrent le YAML comme un langage de documentation, il faut tout de même écrire les Playbooks », affirme Belkacem Moussouni. « Nous avons formé un grand modèle de langage (Large Language Model, ou LLM) pour automatiser cette tâche ».

En cela, Red Hat se rapproche de GitHub qui a lancé, en collaboration avec OpenAI, GitHub Copilot, un outil qui lui aussi automatise la génération de code « passe-plat ». De son côté, Ponicode – qui a rejoint CircleCI cette année – automatise les tests unitaires grâce à l’IA.

Le projet Wisdom est encore en développement. Il faut encore mettre la main à la pâte pour personnaliser les Playbooks en fonction de l’architecture IT en place dans l’entreprise.

Outre la possibilité pour les équipes Ops d’accélérer la mise en production et l’automatisation de certaines ressources, Red Hat entrevoit l’ouverture à une plus large audience des outils d’orchestration IT.

« Cela revient souvent au cours des discussions avec les clients. Ils cherchent à simplifier l’expérience utilisateur et à accélérer les pratiques d’automatisation », constate Belkacem Moussouni. Dans la même veine, la console de RHEL 9 permet de déployer différents middlewares à l’aide d’une interface « clique-bouton ».

L’IA ne fait pas tout. Et les entreprises veulent agir vite, selon Red Hat. « La technologie, c’est bien, mais ensuite, il faut une certaine expertise, une certaine méthodologie. Il faut former les équipes à collaborer d’une manière différente aussi. Il faut insuffler une culture de l’automatisation au niveau de l’organisation », avance le responsable commercial.

Là aussi, le groupe pense qu’il peut convaincre les entreprises « qui ne savent pas par où commencer » en proposant une offre et des programmes de consultance.

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