sakkmesterke - stock.adobe.com

Le Crédit Agricole CIB teste le quantique dans la finance

La banque d’affaires et d’investissement a mené des expériences avec Pasqal et Multiverse pour démontrer l’avantage de l’informatique quantique dans la finance.

Crédit Agricole CIB (Corporate and Investment Bank) a mené, avec les spécialistes de l’informatique quantique Pasqal et Multiverse Computing, deux expériences sur le calcul quantique appliqué à la finance.

En juin 2021, la banque a commencé à évaluer l’exploitation d’algorithmes quantiques, ainsi que les utilisations potentielles des ordinateurs quantiques dans la valorisation des produits financiers et l’évaluation des risques de crédit. Pasqal, fabricant d’ordinateurs quantiques européen, et Multiverse Computing, spécialisé dans les algorithmes quantiques, ont travaillé avec la banque sur ces expériences.

« Ces deux POC [Proof of Concept, ou démonstrateur, N.D.L.R.] ont démontré le potentiel et la réalité de l’informatique quantique pour la finance, bien que ces technologies en soient encore à leurs débuts », affirme Ali El Hamidi, sponsor du projet au Crédit Agricole.

Plus rapide que les réseaux neuronaux

La première expérience impliquant Multiverse a évalué le gain de performances offert par l’informatique quantique dans la valorisation des produits dérivés. Les réseaux neuronaux constituent un moyen d’améliorer ces calculs, mais, selon Crédit Agricole CIB, ils sont difficiles à utiliser, sont gourmands en ressources mémoire et souffrent de temps de traitement trop longs.

Les algorithmes quantiques permettent d’optimiser la vitesse et la mémoire nécessaires à l’entraînement du réseau neuronal.

Les algorithmes quantiques permettent d’optimiser la vitesse et la mémoire nécessaires à l’entraînement du réseau neuronal, afin d’accélérer les évaluations de risque et d’obtenir des estimations plus précises.

Menée avec Pasqal et Multiverse, la seconde expérience a consisté à mesurer la capacité d’un ordinateur quantique à résoudre un problème concret, compte tenu de l’état actuel de la technologie. La banque a choisi un cas d’utilisation réel – l’anticipation d’une dégradation de la note de crédit de contrepartie sur une période de six à quinze mois.

Bien que l’informatique conventionnelle et les calculs heuristiques permettent d’obtenir de bons résultats, le Crédit Agricole relève que ces méthodes ne fonctionnent pas pour tous les problèmes et qu’il n’y a aucune garantie que les résultats obtenus soient proches de la solution idéale.

300 qubits en 2024

Selon le Crédit Agricole, les expériences ont montré une nette amélioration du temps de calcul, nécessitant une plus petite empreinte mémoire grâce aux techniques d’informatique quantique, ouvrant la voie à leur utilisation dans des applications réelles telle la valorisation des produits dérivés.

« Cette collaboration avec Crédit Agricole CIB, et Pasqal pour la partie quantique, a clairement démontré que des bénéfices économiques sont aujourd’hui atteignables grâce à des solutions propulsées par l’informatique quantique », résume Enrique Lizaso, PDG de Multiverse Computing.

Avec un processeur de seulement 50 qubits, les résultats obtenus sont aussi précis que ceux en production, issus de calculs conventionnels. Les projections indiquent que cette performance pourrait être améliorée avec 300 qubits, une puissance qui devrait être disponible industriellement en 2024.

« Un des résultats de l’expérience est que le point de bascule n’est pas si loin, probablement dans moins de deux ans, et qu’il est donc urgent que les utilisateurs adoptent rapidement ces nouvelles méthodes, à l’instar du Crédit Agricole CIB », conclut Georges-Olivier Reymond, président de Pasqal.

Pour approfondir sur Applications métiers

Close