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Hausse des coûts de maintenance SAP : « vif mécontentement » chez les adhérents de l’USF

En janvier prochain, l’éditeur allemand prévoit d’augmenter le coût de maintenance de ses licences sur site de 5 % en moyenne pour endiguer les effets de l’inflation. Une hausse injustifiée selon les clients francophones de SAP, adhérents de l’USF.

Une « double peine ». C’est ce que ressentent les clients on-premise de SAP membres de l’USF, l’association des Utilisateurs SAP Francophones, après le courrier envoyé à la fin du mois d’août par l’éditeur allemand.

En sus du fait qu’en mai, SAP a annoncé qu’il concentrerait l’innovation sur les versions cloud de S/4HANA, il a présenté à la fin du mois d’août une hausse de 5 % du coût de maintenance des licences des produits on-premise dès janvier 2024.

C’est l’augmentation qui sera pratiquée en France. En Suisse romande, les clients devront faire avec une « hausse de 1,7 % ou de 2,4 % selon l’indice utilisé (respectivement IPC ou NOGA) ».

Une décision qui ne semble pas justifiée, selon l’USF. Pour rappel, en avril 2023, l’association revendiquait 3 700 membres qui représentaient 75 % du CAC40, 66 % du SBPF120 et 50 entités publiques en France et en Suisse romande.

« Bien que SAP soit en droit d’augmenter le montant de la maintenance des licences de ses produits tous les ans (sur la base d’indices dûment mentionnés dans les clauses contractuelles), l’USF rappelle que ces augmentations sont justifiées dans le seul but de permettre à l’éditeur de délivrer plus de valeur à ses clients », informe l’association dans un communiqué de presse.

Or SAP n’inclut pas même pas « certaines évolutions légales » dans les fonctionnalités standards de l’ERP, selon l’USF. Elles seraient « soumises à l’achat de licences complémentaires (ex : Document Reporting and Compliance, ou DCR) ».

Un enjeu de valeur perçu maintes fois et évoqué par LeMagIT avec le président de l’USF, Gianmaria Perancin.

Les clients de SAP haussent le ton

L’USF fait même le parallèle avec la « “shrinkflation”, qui consiste à diminuer la quantité d’un produit sans en changer le contenant, pour en augmenter sa marge ».

Ces clients historiques de SAP se sentent délaissés, alors qu’ils font déjà face à une forme d’ultimatum : celui de migrer d’ECC vers S/4HANA Cloud avant 2030.

D’ailleurs, certains adhérents de l’USF ne comptent pas immédiatement migrer vers les offres cloud de SAP, et ce, « pour différentes raisons : pas suffisamment de valeur identifiée, pas dans les priorités stratégiques de l’entreprise, ou encore pas de moyens budgétaires en raison d’une conjoncture économique difficile », relate l’USF dans le même communiqué.

« Cela a également un impact sur les clients qui sont récemment passés à des implémentations S/4HANA sur site ou sur des hyperscalers en dehors de l’option RISE with SAP », signale Akshara Naik Lopez, analyste senior chez Forrester, qui a été la première à parler de « double peine » (« double whammy », en VO) dans un billet de blog. « Ces clients se sentent déçus et laissés pour compte, car ils n’ont pas la possibilité de bénéficier des innovations en matière d’IA ou d’accéder aux capacités de développement durable du green ledger, qu’ils pourraient obtenir à travers SAP Cloud ERP (SAP S/4HANA Cloud, édition publique ou édition privée via les contrats GROW with SAP ou RISE with SAP) ».

Une discussion à poursuivre

L’association suggère donc à SAP de faire preuve d’une forme de mesure, et de réduire ses tarifs de maintenance s’il ne veut plus faire évoluer ses produits existants. « Dans le cas contraire, SAP doit s’engager à continuer à faire évoluer ses produits et le prouver en délivrant régulièrement de nouvelles versions et en respectant le calendrier de livraison de ces dernières ».

Et pour ceux qui souhaiteraient réduire la facture du support, l’USF « rappelle aux clients en Enterprise Support à 22 % (de la base de maintenance annuelle, N.D.L.R.) […] qu’il est possible de passer en Support Standard à 19 % (en acceptant bien évidemment un service moindre) [et] à condition de communiquer leur décision à l’éditeur dans les préavis indiqués contractuellement (généralement, au minimum trois mois avant la date anniversaire des contrats) ».

« Le contexte inflationniste touche tout le monde », justifie Olivier Nollent, PDG de SAP France, lors d’un récent rendez-vous avec la presse.

SAP avait augmenté ses frais de support d’environ 3,3 % en janvier 2023. Une augmentation également expliquée par l’inflation, rappelle l’analyste de Forrester.

« Quand l’on compare l’évolution de nos tarifs par rapport aux autres acteurs du marché, SAP est très raisonnable en la matière. C’est d’autant plus vrai si l’on observe cette évolution sur les dix dernières années », assure Olivier Nollent.

En tant que porte-voix de ses adhérents, l’USF entend bien poursuivre un « dialogue constructif avec SAP afin de trouver ensemble des solutions acceptables pour mieux satisfaire les attentes des clients de l’éditeur ». Ce sujet sensible risque de revenir sur la table lors de sa convention annuelle, les 11 et 12 octobre prochains à Nantes.

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