Stockage : DataCore accélère SANsymphony et met Swarm en boîte

Le SDS SANsymphony sait désormais gérer plusieurs tiers de stockage au sein d’un même volume. Swarm sera livré sous forme de petites appliances prêtes à l’emploi pour les commerces, les ateliers…

DataCore sera sans doute le premier fournisseur de 2024 à commercialiser de nouvelles versions de ses systèmes de stockage. Le SDS SANsymphony 10 version « PSP17 » (mode bloc) et le système objet Swarm version 16 arriveront dès les premiers jours de janvier. Le premier apporte un tiering évolué des volumes, pour répartir les données chaudes et froides entre des parties soit rapides, soit économiques d’une même LUN. Le second peut désormais fonctionner sur un seul serveur, en container, ce qui facilitera son déploiement en succursale.

« La demande que nous voyons le plus s’accélérer est celle du besoin d’une solution de stockage d’appoint en edge, c’est-à-dire en succursales, dans des points de vente, dans des ateliers de production. À l’heure actuelle, 40 % de nos clients ont cette demande », contextualise Pierre Aguerreberry (en photo), le directeur EMEA de DataCore, lors d’un événement IT Press Tour organisé à Madrid en décembre 2023.

Selon lui, Swarm mérite d’autant plus d’attention que ses ventes augmentent désormais de 68 % d’une année sur l’autre, soit mieux que le CA global de DataCore qui progresse de 20 % annuellement.

« Le nombre d’utilisateurs de Swarm a triplé depuis 2021, depuis que nous avons acquis cette technologie en rachetant Caringo. »
Pierre AguerreberryDirecteur EMEA, DataCore

« 20 % du stockage géré par nos logiciels sont du mode bloc, pour les applications critiques. 30 % sont du mode fichier. Et 50 % sont du mode objet. Ce dernier est très clairement en croissance au détriment du mode fichier. Le nombre d’utilisateurs de Swarm a triplé depuis 2021, depuis que nous avons acquis cette technologie en rachetant Caringo. Notamment, le mode objet est plus simple pour déplacer ensuite les données froides – et seulement elles – en cloud, où leur coût de stockage est moins élevé. Une situation qui concerne 60 % de nos clients », explique Pierre Aguerreberry.

Concernant l’arrivée du tiering sur SANsymphony, DataCore la corrèle avec une autre demande de ses clients : 30 % d’entre eux souhaiteraient à présent déployer des tiroirs de disques en NVMe/Fabric. Et, on s’en doute, en NVMe/TCP plus particulièrement. Le NVMe/TCP fonctionne sur un réseau Ethernet peu cher, mais permet de travailler en mode bloc avec des SSD externes presque aussi efficacement qu’en Fiber Channel. C’est-à-dire avec des performances qui méritent bien plus d’investir dans SANsymphony que ne le faisait le protocole iSCSI, l’ancien moyen de faire du stockage en mode bloc sur réseau Ethernet.

DataCore revendique plus de 10 000 clients dans le monde et des déploiements sur plus de 30 000 sites.

SANsymphony : plusieurs tiers de stockage au sein d’une même LUN

Dans le détail, la nouvelle version de SANsymphony bénéficie d’une trentaine d’améliorations. Les plus visibles concernent l’expérience utilisateur : il est plus facile d’optimiser la capacité, de créer des pools de stockage selon certains usages, de gérer les snapshots.

« Pour prendre un exemple parmi tant d’autres, les volumes vVOL de VMware ne sont plus présentés par leur code numérique d’identification, mais avec un nom de volume simple. Cela n’a l’air de rien, mais ça symbolise tout le changement de point de vue du nouveau SANsymphony. On passe d’une approche qui se voulait hautement technique, qui exprimait des seuils de latence en secondes, à une interface qui a du sens au regard des usages, qui fixe des priorités plus parlantes pour les humains », argumente Alexander Best, le directeur produits de DataCore.

Concernant la nouvelle fonction de tiering, la répartition entre tiroirs NVMe/TCP et NVMe/FC n’arrivera qu’après l’été 2024. En attendant, il s’agit moins de choisir le type de disques qui prend en charge telles ou telles données –, disque dur, SSD, interne, externe, etc. – mais de sélectionner une manière rapide ou économique de stocker ces données au sein d’une même LUN.

« SANsymphony faisait déjà du tiering de données selon les nœuds de stockage. La nouveauté, que nous appelons Adaptive Data Placement, est que nous conjuguons ce tiering avec certains niveaux de compression et de déduplication », dit Alexander Best avant de se lancer dans l’explication du problème que DataCore a réussi à résoudre.

« Quand vous regardez l’activité moyenne d’un volume, vous vous rendez compte que quasiment tous les accès ne concernent que 10 % des données, tandis que les 90 % restants ne génèrent aucune activité. En pratique, cela signifie que parmi toutes les machines virtuelles qui s’exécutent sur votre LUN, finalement, seul un petit nombre a véritablement besoin de performances. »

Dans cet exemple, SANsymphony gère un volume logique en mode bloc, alias une LUN, soit pour une base de données, soit pour un système de fichiers. Dans les deux cas, plusieurs applications sous forme de VM accèdent en même temps à cette LUN.

« Vous êtes alors devant un dilemme : devez-vous activer la compression et la déduplication pour réduire la place occupée par les données et ainsi faire des économies sur votre stockage ? La réponse, jusque-là, était non. En effet, les données au repos représentant 90 % de l’ensemble, ces fonctions de réduction consommeraient un niveau tel de puissance qu’elles généreraient une latence pénalisante pour la minorité de machines virtuelles qui a besoin de performances. Donc, vous ne le faites pas. Très bien. Mais vous vous retrouvez alors avec un volume de stockage hautement performant, qui coûte cher, pour des données qui sont à 90 % peu actives. »

« À présent, SANsymphony est capable de découper une LUN en plusieurs subdivisions, qui ont chacune une capacité et une latence propre. »
Alexander BestDirecteur Produits, DataCore

« Jusqu’à présent, notre tiering consistait juste à répartir différents volumes sur différentes LUN. À présent, SANsymphony est capable de découper une LUN en plusieurs subdivisions, qui ont chacune une capacité et une latence propre », se félicite Alexander Best. En l’occurrence, les subdivisions représentent au minimum 25 % de la capacité d’une LUN. SANsymphony s’occupe de la répartition à la volée. Si des données sont placées dans une partie de la LUN qui est hautement compressée, dédupliquée et qu’une application a subitement besoin d’y accéder de manière intensive, alors SANsymphony réhydrate ces données dans la partie non dédupliquée et non compressée.

Mettre Swarm dans une appliance d’appoint

Concernant le stockage objet Swarm, la version 16, désormais installable au format container sur un seul serveur, a vocation à être vendue sous forme d’appliance. « Nous n’avons pas encore totalement identifié quelle configuration matérielle serait la plus adaptée. Nous travaillons à l’heure actuelle avec des partenaires en France, au Royaume-Uni et en Allemagne pour définir la meilleure appliance physique », lance TW Cook, directeur du développement des produits chez DataCore.

Il en connaît en revanche déjà la capacité : de 50 à 100 To. « Il s’agit de la demande que nous avons reçue pour ce type de configuration monobloc, installable sur des sites où la surface manque autant que les informaticiens. » « Mettre Swarm sous la forme de container va par ailleurs nous permettre de proposer des appliances qui pourront plus simplement exécuter d’autres applications simultanément, également en containers », ajoute le responsable de DataCore.

Il imagine ainsi que l’appliance puisse, par exemple, stocker des images de vidéosurveillance et exécuter en même temps un logiciel qui gère ces images (durée de vie, inventaire…), qui les traite (reconnaissance…) et qui les réplique vers une autre baie S3 (au siège, en cloud, en guise d’archivage, pour nourrir des algorithmes d’analytique, etc.). Le système de gestion des containers sera classiquement Kubernetes.

« Nous avons revu la console d’administration. Elle est bien plus simple, utilisable par des non-informaticiens. Pour autant, elle vous offre les mêmes fonctionnalités que la version cluster habituelle de Swarm. Notamment les sauvegardes en cloud, mais aussi le fait d’utiliser les mêmes comptes utilisateurs que ceux définis sur le reste du réseau. »

Plus tard, vers l’été 2024, chaque appliance Swarm 16 pourra fonctionner en cluster avec d’autres appliances, soit sur le même site, soit sur le même réseau de sites d’une même entreprise. Il s’agira de distribuer un même contenu sur plusieurs sites, d’accéder au stockage d’un autre site quand l’appliance locale subit un incident, de servir de cache entre deux sites.

Est également prévue une meilleure intégration avec plusieurs logiciels de sauvegarde. DataCore évoque par exemple la fonction d’immuabilité des données selon les prérogatives du logiciel NetBackup 10.3 de Veritas. Vers la seconde moitié de 2024, Swarm se dotera enfin de fonctions d’intelligence artificielle.

La livraison de Swarm prêt à l’emploi sous la forme d’une appliance n’est pas une première pour DataCore. En 2022, l’éditeur créait la marque Perifery qui se spécialisait justement dans ce genre d’équipements de stockage clés en main. Pour autant Perifery propose jusqu’ici des appliances préconfigurées pour des applications particulières : dans le domaine de la production audiovisuelle, dans celui de la santé… Ces équipements pourraient cependant basculer sur un autre système de stockage : Object Matrix, plus spécialisé dans le monde audiovisuel et que DataCore a racheté en début d’année.

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