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Motivé par la GenAI, Tableau prépare la « troisième vague de l’analytique »

Si le spécialiste de l’analytique mise avant tout sur l’IA générative, il multiplie les partenariats avec Databricks et Microsoft tout en se préparant « à la troisième vague de l’analytique », qui implique de revoir sa plateforme.

Lors de sa conférence annuelle à San Diego, Tableau a présenté de nouvelles fonctionnalités pour ses outils d’IA générative.

En la matière, Pulse et Einstein Copilot for Tableau constituent les offres actuelles de l’éditeur.

Pulse, qu’il a rendu disponible en février, est un outil faisant apparaître des métriques que les utilisateurs peuvent interroger en langage naturel. Einstein Copilot for Tableau, en phase de bêta test et dont le lancement est prévu pour cet été, est un assistant IA un peu plus bas niveau qui permet aux clients d’explorer les données en langage naturel. Il doit guider les utilisateurs dans le processus complexe de calcul des KPI et des métriques.

IA générative : 3 000 clients utilisent déjà Pulse

Tableau Pulse inclut désormais Pulse Q&A – Ask. Cette fonction permet aux clients de poser des questions sur leurs indicateurs métiers en langage naturel, afin d’obtenir une explication dans un « chat » ou un flux de conversation.

En outre, parmi les nouvelles fonctionnalités de Pulse figure Metrics Bootstrapping. Il s’agit d’un moyen pour enregistrer des calculs dans la couche de métriques de Tableau dans le but de suivre et contrôler les métriques dans le temps. Pulse comprend également désormais des Metric Goals, qui permettent aux clients de comparer la progression d’un objectif par rapport à une cible.

Selon Tableau, Pulse est déjà adopté par plus de 3 000 clients « live » qui ont déployé plus de 7 300 sites, c’est-à-dire des tableaux de bord enrichis à l’aide de l’IA générative.

D’après Doug Henschen, analyste chez Constellation Research, ces capacités renforcent l’objectif de longue date de Tableau, à savoir démocratiser la BI et l’analytique au sein des entreprises.

« Pulse se distingue par le fait qu’il s’agit d’une nouvelle forme de BI vouée à se démocratiser », affirme-t-il. « Il s’agit d’une interface plus facile à utiliser, plus directe, liée à des métriques sélectionnées qui sont considérées comme importantes pour les métiers ».

À l’instar de Pulse, les nouvelles fonctionnalités d’Einstein Copilot pour Tableau visent à servir tous les utilisateurs de données et comprennent la transformation de données assistée par l’IA et l’utilisation d’Einstein Copilot avec Tableau Catalog.

La transformation des données assistée par l’IA doit permettre aux clients d’automatiser les pipelines de transformation des données en fournissant des suggestions étape par étape. En utilisant Einstein Copilot avec Tableau Catalog, les utilisateurs peuvent créer automatiquement des descriptions de leurs données afin qu’elles soient plus faciles à trouver et à explorer par la suite.

Ces fonctionnalités sont bénéfiques, selon Doug Henschen. Mais comme elles ne seront pas disponibles avant quelques mois, elles ne sont pas aussi immédiatement significatives que celles qui font maintenant partie de Pulse, déjà utilisé par des milliers de clients.

« Einstein Copilot est important et prometteur », affirme l’analyste. « Mais il est encore en version bêta à ce stade, et il est donc moins important que Pulse ».

À mesure que Tableau développe ses capacités d’IA générative, son rythme d’innovation s’aligne sur celui de ses concurrents, ajoute-t-il.

Certains éditeurs, comme MicroStrategy et Domo, ont lancé des solutions en disponibilité générale, tandis que d’autres en ont encore la plupart, voire la totalité, en préversion. De nombreux utilisateurs potentiels restent toutefois méfiants à l’égard de l’IA générative en raison de sa propension à fournir des réponses inexactes pouvant entraîner des dommages financiers et des atteintes à la réputation. Par conséquent, que les outils soient disponibles ou non, leur adoption n’en est qu’à ses débuts.

« Einstein Copilot for Tableau est à la traîne par rapport à certaines solutions [d’autres fournisseurs] », note Doug Henschen. « Mais la plupart des clients à qui je parle sont conservateurs en ce qui concerne la GenAI… Je pense que les entreprises voudront s’assurer qu’elles sont satisfaites de la véracité, de la confidentialité des données et des dispositions en matière de sécurité avant de déployer à grande échelle cette technologie ».

Des partenariats renforcés avec Databricks et Microsoft

Outre les nouvelles fonctions d’IA générative, Tableau a dévoilé un partenariat élargi avec Databricks.

Il implique le développement de Tableau Delta Sharing et d’Explore in Tableau, qui visent tous deux à aider les utilisateurs de Tableau et de Databricks à accélérer le temps nécessaire à la découverte d’informations et à la prise de décisions fondées sur des données, selon Elizabeth Maxson Martinet, directrice du marketing de Tableau.

Tableau Delta Sharing est un connecteur qui permet aux utilisateurs communs de partager des données entre les environnements Tableau et Databricks afin d’éliminer le besoin de répliquer les données, d’améliorer la gouvernance grâce à des gestions d’accès centralisées et de favoriser la collaboration au sein des organisations et avec les partenaires externes. Explore in Tableau, quant à lui, permet aux clients communs de se connecter à des sources de données en temps réel sans quitter leur environnement Tableau.

« Le partenariat élargi va permettre de rationaliser l’exploration et l’analyse des données en temps réel », assure la directrice marketing.

Doug Henschen, quant à lui, remarque qu’étant donné les investissements de Databricks en matière d’IA l’année dernière, une relation étroite entre Tableau et Databricks est un plus pour les clients des deux éditeurs.

Au cours des dix derniers mois, Databricks a acquis MosaicML pour 1,3 milliard de dollars, a fait trois autres acquisitions dans ce même domaine de l’IA, s’est associé au fournisseur de LLM Mistral AI, a développé et présenté deux grands modèles de langage et a lancé une suite d’outils en vue d’orchestrer le déploiement de tous types d’algorithmes.

« Databricks est en tête du peloton des plateformes de données analytiques indépendantes qui promeuvent l’IA, le ML et la GenAI ainsi que la BI », lance Doug Henschen. « Il est bon de voir une intégration plus étroite avec Databricks ».

Notons que l’éditeur a également annoncé un partenariat renforcé avec Microsoft afin de prendre en charge son offre « lakehouse » Fabric et Teams. Outre de nouveaux connecteurs vers les sources spécifiques à Fabric (OneLake), les utilisateurs pourront partager des visualisations dans les canaux de Teams, en plus de paramétrer des alertes. Il sera par ailleurs possible de partager les métriques et les visuels associés en provenance de Pulse dans Teams.

« Avec l’intégration de Tableau dans Microsoft Teams et Fabric, les organisations pourront utiliser leurs données de manière transparente tout en collaborant en temps réel », promet Ryan Aytay, CEO de Tableau, dans un communiqué de presse. Comme quoi, il n’y a pas que Slack qui compte pour Salesforce dont l’infrastructure Hyperforce accueillera bientôt des instances Tableau Cloud.

La suite ? Toujours plus d’IA générative…

Bien que les nouvelles fonctionnalités de Pulse soient en disponibilité générale, d’autres figurent en bonne place sur la feuille de route de Tableau.

Tableau ajoute cinq nouvelles fonctionnalités à Pulse chaque semaine, selon Elizabeth Maxson.

Doug Henschen, quant à lui, estime que Tableau serait bien avisé de proposer des options de tarification supplémentaire ne s’appuyant par sur des forfaits au nombre d’utilisateurs. L’éditeur a introduit une tarification basée sur la consommation pour Tableau Embedded, mais une tarification similaire pour d’autres outils pourrait aider à élargir l’adoption de Tableau au sein des organisations, assure-t-il.

« Si nous voulons dépasser les 25 % d’adoption, longtemps entravés par la complexité des plateformes BI, nous devons passer à des modèles d’accès plus faciles à gérer et à des modèles d’abonnement plus abordables », avance M. Henschen. « Pulse serait très utile comme une offre standalone, plutôt que de lier la solution aux abonnements actuels ».

… Et surfer sur « la troisième vague de l’analytique »

Ça ne semble pas la priorité de Tableau qui a préféré évoquer, par la voix de son PDG, « la troisième vague de l’analytique ».

La première vague était celle de la BI traditionnelle, où les données étaient l’apanage d’experts. La deuxième vague est celle de la BI en libre-service, avec des données accessibles aux utilisateurs ayant reçu une formation. La troisième vague sera celle de la personnalisation, les éditeurs étant capables de créer des expériences analytiques adaptées à chaque utilisateur grâce à l’IA.

« L’avenir de Tableau consiste à fournir à l’analyste des visualisations approfondies, un catalogage des données et une préparation des données. Mais il s’agit également de mettre les données et l’IA à la portée de chaque utilisateur », avance Ryan Aytay. « Nous ferons ces deux choses au fur et à mesure que nous avançons ».

Et au Chief Product Officer de la filiale de Saleforce, Southard Jones, de présenter une démonstration du futur Tableau qui devra accueillir des données en temps réel, disposer d’une couche sémantique compatible avec la plupart des systèmes sources, faciliter la préparation de données et leurs visualisations. Cette plateforme « nouvelle génération » devrait permettre de réutiliser des composants de visualisation.

Selon le remplaçant de François Ajenstat, si elle partage des attributs avec l’architecture de Salesforce, il ne s’agit pas de se limiter la plateforme analytique au CRM, mais de maintenir son ouverture aux systèmes d’informations des entreprises. Lors de sa présentation, le CPO a évoqué des intégrations possibles avec les services de Workday et de SAP. Certaines de ces intégrations devraient faire l’objet de partenariats, mais Southard Jones estime qu’au vu du langage de la couche sémantique – le SQL – elle devrait être agnostique des sources de données. Salesforce promet de détailler son plan lors de son événement Dreamforce en septembre prochain.

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