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« L’investissement numérique est à la traîne en Europe » (Forrester)
Dans son rapport « Global Digital Economy Forecast, 2023 To 2028 », Forrester anticipe que l’économie digitale représentera 17 % du PIB mondial d’ici 4 ans. Problème pour l’Europe, cette économie reste largement dominée par des pays non européens (États-Unis, Chine, Inde, Corée).
L’économie numérique, au sens large, représentera 17 % du PIB mondial d’ici 2028. Cette prévision est celle du cabinet d’analystes Forrester qui table sur une progression annuelle de 7 % du secteur. « Soit une croissance plus rapide que le PIB mondial », souligne Michael O’Grady, Forecast Analyst.
Forrester définit cette « économie numérique » comme la somme des dépenses technologiques, les exportations IT, la fabrication de puces et les centres de données, mais il y inclut également le commerce électronique (retail, voyages, et assurances).
En 2028, elle atteindra 16,5 billions de dollars.
L’Europe à la traîne
Un des constats les plus intéressants du rapport de Forrester est qu’il existe une corrélation forte entre l’investissement en R&D d’un pays dans l’IT et la part du numérique dans son PIB. Une évidence ? Pas pour tout le monde puisque dans le grand concert des puissances, l’Europe semble particulièrement en retard sur cette R&D.
« L’investissement numérique est à la traîne en Europe, avec une croissance moyenne des dépenses technologiques par an, prévue, de 2024 à 2027 à 83 milliards d’euros, soit nettement moins que les 125 milliards d’euros requis par la Commission européenne pour atteindre les objectifs de croissance numérique », souligne Forrester.
ForresterRapport « Global Digital Economy Forecast, 2023 To 2028 »
Sans surprise, l’écrasante majorité de l’économie numérique se situe aux États-Unis (42 % des dépenses IT mondiales), mais aussi en Chine (39 % du e-commerce mondial).
En France, l’économie numérique devrait augmenter à un taux de croissance annuel moyen de 6,2 % – soit un point de moins que la croissance moyenne – passant de 449 milliards de dollars en 2023 à 607 milliards de dollars en 2028. Mais la part de l’économie numérique dans le PIB devrait rester dans la moyenne mondiale.
En France encore, et comme aux États-Unis, ce sont les dépenses IT qui contribuent le plus à cette économie. C’est le cas d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, mais aussi à l’international, du Canada, du Brésil, du Japon et du Royaume-Uni.
À l’inverse la Corée est le pays qui investit proportionnellement le plus en R&D « avec des investissements ciblés sur l’IA, les semi-conducteurs pour l’IA, la 5G et la 6G, le quantique, le métavers et la cybersécurité », liste Michael O’Grady. L’Inde est le deuxième plus gros investisseur.
Les deux sont, logiquement, des exportateurs majeurs, comme la Chine, les États-Unis, et le Mexique.
Comment favoriser la croissance de l’économie numérique ?
Pour rattraper ce retard européen, Forrester propose d’activer plusieurs leviers.
Le premier est au niveau des entreprises qui ont tout à gagner – dixit Forrester – à plus s’approprier les nouvelles technologies.
« Les entreprises de l’Union européenne doivent encore tirer parti de tous les avantages de l’économie numérique. En 2023, seuls 45 % de celles-ci auront adopté le “cloud” et un tiers seulement utiliseront l’analytique pour améliorer leur prise de décision », constate Forrester.
Le second levier se situe plus au niveau politique. « Pour favoriser la croissance de l’économie numérique, les pays doivent se concentrer sur les entreprises numériques, [la numérisation des] services publics, les compétences numériques, la croissance des dépenses en R&D et les investissements technologiques qui influencent les activités non numériques », invite le cabinet d’analystes.
Parmi ces axes « non numériques », Forrester cite l’amélioration du CX, l’augmentation de la productivité, ou encore « l’influence » (publicité, réseaux sociaux, sites e-commerce dédié, etc.).