À Paris, Nutanix démontre comment il remplace déjà VMWare
Lors de son salon .Next on Tour Paris 2024 qui vient de s’achever, le fournisseur a mis en avant des partenaires ayant déjà permis à des entreprises de migrer de vSphere à NCI, ainsi qu’un nouveau niveau fonctionnel comparable à la concurrence.
Oui, des clients français de VMware ont bel et bien migré cette année vers Nutanix. Mais on ignore combien. Lors du salon parisien .Next on tour 2024 que Nutanix vient d’organiser pour réunir ses partenaires et clients locaux, l’intégrateur Inetum expliquait avoir doublé en un an le chiffre d’affaires des contrats de migration VMware vers Nutanix qu’il propose à une variété d’entreprises.
Celles-ci vont de grands comptes du CAC40 à des sociétés installées en région, en passant par des administrations. Elles utilisent toutes au minimum une centaine de machines virtuelles. Inetum leur propose principalement de migrer, en environ deux mois, vers des serveurs dédiés qui exécutent le système NCI (Nutanix Cloud Infrastructure), qu’il infogère, qui sont installés chez OVHcloud et qui coûtent en moyenne 19 % moins cher que ce coûtait initialement VMware vSphere aux entreprises. On parle ici du prix de la licence vSphere avant les augmentations imposées par Broadcom depuis qu’il a racheté VMware il y a un an.
« 80 % de votre déploiement VMware peut être migré automatiquement vers du Nutanix avec les outils que propose ce dernier. Inetum a le savoir-faire pour migrer les 20 % restants », explique Philippe Pujalte, le directeur général d’Inetum pour la France.
Philippe PujalteDG Inetum France
« Nous constatons que les entreprises veulent majoritairement de l’infogérance, avec une consommation de type cloud, car leurs datacenters leur coûtent trop cher. Nous travaillons beaucoup avec OVHcloud pour héberger les serveurs, car il est devenu important pour nos clients français de passer par un opérateur cloud franco-français. Cela dit, nous sommes capables de proposer des instances Nutanix hébergées chez Azure ou AWS et de toutes les piloter comme un seul cluster Nutanix à cheval entre plusieurs clouds », ajoute-t-il.
Philippe Pujalte estime que le rythme des migrations sera le même sur l’année 2025, soit environ deux migrations signées par mois. Selon lui, il faudra sans doute attendre l’année 2026 pour voir une réelle explosion des demandes. « Un autre point que nous attendons et qui sera déterminant pour nos clients est la labélisation SecNumCloud des infrastructures Nutanix chez OVHcloud », dit-il. Cette labélisation pourrait arriver dans le courant de l’année 2025.
Désormais plus proche du niveau fonctionnel de VMware
Lors du salon VMware Explore 2024 qui s’était tenu à Barcelone en novembre, plusieurs clients français de VMware expliquaient que l’augmentation des tarifs imposée par Broadcom était généralement de 60 à 80 %. Malgré cela, ils acceptaient pour l’instant de rester chez VMware de peur de ne pas trouver ailleurs la même richesse fonctionnelle.
Un détail technique était particulièrement cité : la microsegmentation. Il s’agit de la capacité, via le réseau virtuel NSX, de déployer des firewalls devant chaque machine virtuelle, quel que soit le serveur physique sur lequel elle est déplacée, alors que les autres solutions de virtualisation proposent un firewall par serveur physique.
Thomas CornelyDirecteur produits, Nutanix
« Nous offrons désormais la même chose avec la version 7.0 de Flow, le système de réseau virtuel qui est intégré à notre solution, c’est-à-dire qui est compris dans le prix », rétorque Thomas Cornely, le directeur produits de Nutanix. « Nous pensons même que nous allons plus loin que notre concurrent, dans le sens où Flow permet de poser un firewall devant chaque adresse IP d’une machine virtuelle », ajoute-t-il. L’année prochaine, cette microsegmentaton serait même gérée au niveau des containers.
Un autre reproche régulièrement fait à Nutanix est celui de fonctionner en mode infrastructure hyperconvergée : chaque nœud physique d’un cluster apporte au pool de ressources globales à la fois de la puissance de calcul et de la capacité de stockage. Cette approche simplifie grandement l’élasticité des ressources entre les machines virtuelles, mais elle pose la contrainte de devoir acheter de la puissance de calcul quand une entreprise n’a besoin que de capacité de stockage supplémentaire.
« Nous avons annoncé une alternative avec Dell au début de l’été : la possibilité de remplacer le système de stockage d’un cluster Nutanix installé sur des serveurs Dell par une baie de stockage Dell PowerFlex. Cette configuration est à présent accessible à des entreprises qui ont signé pour en avoir la primeur et elle sera généralement disponible en 2025. Nous avons également annoncé avec Cisco la possibilité de rajouter à un cluster Nutanix des nœuds dépourvus de stockage, qui n’apportent que de la puissance de calcul et du réseau », assure Thomas Cornely.
Il laisse entendre que d’autres configurations similaires pourraient être annoncées en 2025, mais se garde bien de citer des marques de baies de stockage ou de serveurs. Nutanix est également livré préinstallé sur des machines Lenovo et HPE.
L’opportunité d’exécuter l’IA sur site
Selon Thomas Cornely, une clé des ventes à venir de Nutanix est le désir des entreprises d’exécuter leurs nouveaux projets d’IA sur des serveurs physiques plutôt qu’en cloud public.
« L’IA en cloud public a le même défaut que le stockage en cloud public : vous savez parfaitement combien coûte le service pour une capacité donnée, en revanche, vous avez la mauvaise surprise de découvrir a posteriori que chaque accès vous est facturé dans des dimensions difficilement prévisibles. En stockage, votre facture est impactée par la consultation d’informations depuis un site. En IA, l’inconnu sera la quantité de tokens dans vos requêtes », explique Thomas Cornely.
Thomas CornelyDirecteur produits, Nutanix
Nutanix propose des configurations « GPT-in-a-box », avec des serveurs équipés de cartes GPU H100 de Nvidia. Initialement vendues pour entraîner des modèles d’IA – ce que les entreprises ne veulent pas forcément faire –, ces cartes GPU haut de gamme s’avèrent très efficaces dans les tâches d’inférence, soit l’IA générative, non pas grâce à leur puissance de calcul, mais grâce à leur très grande capacité en mémoire HBM ultrarapide.
De manière assez étonnante, les configurations clés en main GPT-in-a-Box sont livrées sans système de base de données vectorielles. Il s’agit d’un élément essentiel pour faire du RAG, à savoir l’injection des documents d’une entreprise dans une IA pour enrichir ses réponses. Alors que des fournisseurs de baies de stockage, comme NetApp et Pure Storage, fournissent un tel module prêt à l’emploi, Nutanix propose à ses clients d’installer eux-mêmes la base vectorielle qu’ils préfèrent.
« Notre vocation est de proposer un produit le plus standard possible. Le problème des bases de données vectorielles est qu’aucune solution ne fait aujourd’hui office de standard. Lorsque ce sera le cas, nous changerons notre fusil d’épaule. En attendant, nous vous proposons un produit compatible avec tout », argumente Thomas Cornely.
NKP pour gérer les containers une fois qu’ils ont été développés
Enfin, les entreprises se posent la question d’abandonner complètement le format des machines virtuelles pour passer à celui des containers, promu par le système Open source Kubernetes. Dans ce domaine, Red Hat propose avec OpenShift, son implémentation de Kubernetes, une pile logicielle capable de remplacer intégralement les systèmes de Nutanix et de VMware.
Pour autant, les versions d’OpenShift qui se vendent le plus sont, selon les cabinets d’étude, celles qui fonctionnent par-dessus des machines virtuelles VMware ou Nutanix. Paradoxalement, VMware et Nutanix proposent d’agrémenter leurs systèmes avec leurs propres versions de Kubernetes. La situation est confuse.
Thomas CornelyDirecteur produits, Nutanix
« Le public d’OpenShift, ce sont les développeurs. Nous vendons des configurations de Nutanix avec OpenShift à des développeurs pour qu’ils aient une plateforme qui dispose de tous les outils qu’ils pourraient vouloir », déchiffre Thomas Cornely.
« Cependant, certains fournisseurs ont entretenu l’illusion qu’il existerait désormais un profil de DevOps, à savoir un développeur qui serait capable grâce à Kubernetes de gérer l’infrastructure sous-jacente. Les seuls capables de le faire sont les administrateurs système, notre public historique, et ils n’ont pas été remplacés par des DevOps qui, eux, restent des développeurs », ajoute-t-il pour suggérer qu’OpenShift ne remplacera jamais ni Nutanix ni VMware.
« Ensuite, il y a des entreprises qui, au-delà des phases de développement, souhaitent juste exécuter des applications au format container et c’est ce que nous proposons avec NKP [Nutanix Kubernetes Platform, soit NCI avec D2IQ, un Kubernetes racheté par Nutanix, N.D.R.]. À ce titre, nous récupérons beaucoup de projets d’entreprises qui avaient initialement déployé leurs containers en cloud, chez AWS, sur leur service EKS », ajoute-t-il.
Il donne un exemple. Une banque avait laissé carte blanche à ses développeurs pour déployer des applications maison sur EKS. Lorsque le moment est venu d’utiliser ces applications, la banque s’est retrouvée à devoir gérer une flotte de 3 000 clusters EKS, les développeurs n’ayant aucune notion de recyclage des infrastructures.
Problème supplémentaire, lorsque cette banque a subi une cyberattaque sur un cluster EKS, elle n’avait aucune idée des failles que cela pouvait engendrer sur les 2 999 autres clusters. Puisque, encore une fois, personne ne maîtrisait l’infrastructure, à savoir les ports réseau et les accès bruts au stockage de données.
« Cette problématique se réplique aujourd’hui dans toutes les entreprises, à toutes les échelles. Les développeurs ne font définitivement pas d’administration de l’infrastructure. En revanche, les administrateurs qui retrouvent dans NKP toutes les fonctions de gestion des ressources de calcul, de réseau et de stockage, si », conclut Thomas Cornely.