L’IA générative au cœur des fusions acquisitions (M&A)
L’intelligence artificielle générative serait déjà utilisée dans 20 % des « fusac » (fusion-acquisition). Mais la multiplicité des cas d’usages possibles de l’IA fait que cette part pourrait rapidement dépasser les 50 %, d’après Bain & Company – qui invite tous les professionnels du M&A à s’y intéresser de près, sous peine d’être pris de vitesse sur les meilleurs dossiers.
L’intelligence artificielle générative (GenAI) est en train de conquérir les fusions-acquisitions (M&A). C’est ce qui ressort d’un rapport de Bain & Company, pour qui l’impact de cette technologie deviendra massif dans les cinq prochaines années.
Les professionnels de la fusion-acquisition friands de GenAI
S’il ne l’est pas encore, massif, cet impact est cependant déjà majeur et bien sensible. Actuellement, environ un cinquième des professionnels de la M&A utiliserait l’IA générative, contre 16 % en 2023. « Ces utilisateurs disent avoir obtenu une réduction de l’effort, du temps et du coût de leurs processus de fusion », note Bain & Company.
Ce sont les acquéreurs les plus actifs (ceux qui réalisent au moins une transaction par an) qui sont les plus gros utilisateurs de GenAI (avec 36 % d’utilisation)
À court terme, « un professionnel des fusions et acquisitions sur trois utilisera l’IA générative dans ses transactions d’ici la fin de l’année » anticipe le cabinet de conseils en gestion des affaires.
À moyen terme, l’étude qui s’est penchée sur 300 opérations de M&A estime que plus de la moitié des entreprises prévoiraient d’intégrer l’IA générative dans leurs processus de M&A d’ici 2027.
Cas d’usage de l’IA Générative dans les processus de M&A
Cette appétence s’expliquerait logiquement. À chaque étape d’un processus de fusion et d’acquisition, l’IA générative aurait des applications pertinentes. « En 2024, les précurseurs l’ont utilisée pour le sourcing ainsi que pour la sélection et l’affinement de leur diligence globale », constate Bain & Company. Mais elle pourrait aller bien plus loin.
Pour la sélection de cibles de rachat (le sourcing), l’IA générative accélérerait déjà l’identification des entreprises et améliorerait l’efficacité du « screening initial ». Avec sa capacité à analyser de grandes quantités de données (structurées et non structurées), la GenAI peut en effet collecter et synthétiser un plus large éventail de critères.
« L’IA générative est partie pour rester. Son potentiel est pratiquement illimité et son impact sur les fusions et acquisitions sera profond. »
Bain & Company
« Par exemple, les contrats fournisseurs (pour identifier les économies d’approvisionnement) […] les données clients, la segmentation du marché, les portefeuilles de produits afin d’identifier les opportunités de ventes croisées [mais aussi] la santé financière, la croissance, la position sur le marché et même des éléments du modèle économique comme la présence ou non d’un canal de distribution directe à l’utilisateur », liste Bain & Company. « C’est particulièrement important dans les premières étapes d’un accord pour évaluer rapidement les leviers potentiels de valeur en jeu ».
Automatiser l’analyse de toutes ces données augmenterait par ailleurs significativement le nombre de cibles qui peuvent être envisagées.
L’IA générative réduirait ensuite considérablement le temps nécessaire à la « due diligence » (la « vérification diligente », c’est-à-dire les vérifications avant un rachat). Là encore, l’IA, en synthétisant plus rapidement de plus grandes quantités de données, permettrait d’identifier des opportunités de synergies (coûts et revenus) et d’améliorer la qualité des informations externes recueillies.
Un autre cas d’usage – en fait un des premiers dans la « fusac » – concerne la planification de l’intégration et des cessions, ainsi que la gestion de programme. Bain & Company prévoit une réduction drastique de 80 % du temps nécessaire pour rédiger les plans de travail d’intégration et les accords de services de transition (TSA).
Demain, « la vague suivante impliquera l’utilisation de l’IA générative pour accéder aux données spécifiques de l’entreprise afin d’aider à évaluer des synergies réalistes en termes de coûts et de revenus », avance le rapport.
Toujours selon l’étude, l’IA générative pourra (pêle-mêle) aider à élaborer des plans de création de valeur qui s’appuient sur les performances antérieures des acquisitions ; à améliorer la rétention post-acquisition (en identifiant et en gérant les différences culturelles pour fluidifier l’intégration des entités fusionnées) ; ou encore à repenser les coûts des fonctions support.
Se former
Les bénéfices de l’IA générative dans les M&A sont donc potentiellement très nombreux et, surtout, bien tangibles et quantifiables : prise de décision plus rapide, valorisation plus efficace des opportunités, accélération des délais des transactions, amélioration des synergies de valeur, réduction des coûts.
« Ceux qui ne se formeront pas à la GenAI verront les bonnes affaires leur échapper. »
Bain & Company
« L’IA générative est partie pour rester. Son potentiel est pratiquement illimité et son impact sur les fusions et acquisitions sera profond », insiste Bain & Company.
Mais cette valeur ne se réalisera pas toute seule par magie. Le cabinet de conseils invite les spécialistes de la fusac à commencer, dès maintenant, à acquérir une expertise en GenAI (technique, mais aussi de bonnes pratiques à l’usage), à identifier les cas à plus forte valeur ajoutée, et à expérimenter avec les différents outils.
« Ceux qui ne le feront pas verront les bonnes affaires leur échapper et ils perdront trop de leur temps dans les processus liés aux mauvaises opérations », conclut le rapport (disponible ici).
Pour approfondir sur IA appliquée, GenAI, IA infusée