Après l’hyperconvergence, Dell vante l’infrastructure désagrégée
Ce cloud privé qui se configure tout seul permet aux entreprises d’acheter les serveurs, le stockage et le réseau indépendamment. Et il garantit que tout fonctionnera ensemble aussi facilement qu’avec une infrastructure hyperconvergée.
Le fabricant de serveurs Dell a un nouveau concept à vendre aux entreprises qui souhaitent héberger les machines dans leurs propres datacenters : l’infrastructure désagrégée. Sorte de juste milieu entre les équipements traditionnels voués à une fonction (serveurs, baies de stockage, switches réseau) et l’infrastructure hyperconvergée (des serveurs remplis de disques et de connecteurs réseau), l’infrastructure désagrégée serait aussi flexible que les premiers et aussi simple que la seconde.
« L’évolution des traitements – vers des machines virtuelles et des bases de données traditionnelles et, en même temps, vers des charges de travail plus nouvelles comme les containers et l’IA – met à rude épreuve les modèles d’infrastructure existants. Si on abandonne la facilité des infrastructures hyperconvergées pour avoir plus de souplesse dans le dosage des calculs, du stockage et du réseau, on se retrouve avec le vieux modèle où tout doit être administré séparément », explique Varun Chhabra, vice-directeur de la division infrastructure de Dell.
« On administre tout depuis la même console, mais on se garde la possibilité de faire évoluer la puissance de calcul indépendamment de la capacité de stockage ou de la bande passante réseau. »
Varun ChhabraVice-directeur de la division infrastructure de Dell
« Nos clients nous ont donc demandé de trouver un juste milieu. Notre réponse est l’infrastructure désagrégée : on administre tout depuis la même console, mais on se garde la possibilité de faire évoluer la puissance de calcul indépendamment de la capacité de stockage ou de la bande passante réseau », argumente-t-il.
En pratique, il s’agit de vendre aux entreprises un pool de ressources parmi lesquelles elles sélectionnent celles dont elles ont besoin. Exactement comme un cloud. D’ailleurs, l’offre s’appelle Dell Private Cloud.
Automatiser des déploiements complexes
L’intérêt fonctionnel de cette offre est que tout est automatisé. Il suffit de sélectionner la couche technique sous-jacente – par défaut VMware, mais toutes les alternatives, comme Red Hat, Nutanix ou Proxmox sont possibles – puis toutes les ressources nécessaires. Un clic suffit ensuite à tout configurer pour que tout fonctionne ensemble. C’est d’ailleurs la nouveauté la plus saillante de cette offre d’infrastructure : elle repose sur une nouvelle console d’automatisation baptisée Dell Automation Platform.
Sur le stand dédié lors du récent salon Dell Tech World 2025, la solution était accessoirement présentée comme un moyen facile de migrer de VMware vers autre chose.
« Avec Dell Automation platform, il faut environ deux heures et demie pour déployer un cloud privé adapté à toutes vos applications. C’est 90 % plus rapide que si vous deviez configurer à part les serveurs, le stockage et le réseau », vante Varun Chhabra.
Autre avantage : tous les services qui vont au-delà de l’infrastructure basique sont déployables comme de simples options cliquables. Il en va ainsi, des sauvegardes, avec l’activation dans le cloud privé d’une appliance PowerProtect (ex-Data Domain). Ou encore de la cybersécurité, avec des options de détection de ransomwares, de coffres-forts immuables, de reprise d’activité après incident qui s’intègrent toutes à un gestionnaire de tickets ServiceNow.
Des gains d’efficacité significatifs
Évidemment, Dell Private Cloud simplifie aussi la mise en place d’une infrastructure dédiée à l’intelligence artificielle. Il suffit de choisir des serveurs racks de Dell équipés de GPU Nvidia à l’achat. Ces machines seront fournies avec tous les logiciels AI Enterprise de Nvidia pour déployer des LLM, des chatbots et des solutions de RAG.
« Encore une fois, cela représente des gains significatifs dans l’efficacité de l’infrastructure. Comme tout est configuré pour fonctionner ensemble, la réplication des données est deux fois plus rapide que d’ordinaire et leur restauration quatre fois plus rapide. En plus, l’infrastructure globale consomme 80 % moins d’énergie et 40 % moins d’espace dans le datacenter », argumente notre interlocuteur.
Dell Private Cloud est conçu pour s’exécuter depuis le datacenter du siège d’une entreprise. Mais il existe une version déployable dans les succursales : Dell NativeEdge. Selon le constructeur, cette solution économiserait 79 % du temps des ingénieurs responsables de la mise en place et de la maintenance d’équipements IT sur site.
Le concurrent HPE a une longueur d’avance
La solution de Dell n’est pas sans rappeler la formule de déploiement automatisé d’un cloud privé que HPE avait déjà mis au point pour promouvoir GreenLake, le programme qui consiste à commercialiser ses équipements par abonnement.
« En théorie, l’offre GreenLake est plus robuste, car la plateforme a été lancée il y a deux ans. Cela dit, les deux fournisseurs se font désormais ouvertement la course pour proposer du cloud privé prêt à l’emploi à des entreprises qui ont pris l’habitude du cloud public, mais qui veulent rapatrier leurs traitements sur site », observe Steve McDowell au bureau d’études NAND Research.
« Il est également probable que HPE soit plus incisif que Dell dans son approche, car il a aussi l’ambition de pousser sa propre plateforme de virtualisation, VM Essentials, qui peut offrir une alternative aux entreprises déçues des nouveaux tarifs de VMware », ajoute-t-il.
« Nous ne cherchons pas à dire à nos clients qu’ils se trompent en allant sur le cloud public. […] [Mais] plutôt à leur dire que nous sommes les spécialistes de l’infrastructure facile à déployer. »
Responsable du stand Dell Automation PlatformDell Tech World 2025
L’équivalent du contrat commercial GreenLake chez Dell s’appelait initialement Apex. Mais, pour une raison indéterminée, cette marque n’a plus été citée une seule fois lors de la dernière conférence Dell Tech World 2025.
« Dell Private Cloud et Dell NativeEdge seront vendus de toute façon par abonnement. Mais la stratégie a changé chez Dell. Il ne s’agit plus de promouvoir une marque, Apex, comme s’il s’agissait d’une marque de cloud alternative aux marques des hyperscalers », explique au MagIT le responsable du stand Dell Automation Platform, lors de Dell Tech World 2025.
« Nous ne cherchons pas à dire à nos clients qu’ils se trompent en allant sur le cloud public. Ils se le disent eux-mêmes. Nous cherchons plutôt à leur dire que nous sommes les spécialistes de l’infrastructure facile à déployer. C’est ce qu’ils veulent entendre pour leurs projets d’IA privée », conclut-il.