Intelligence artificielle : 90 % entreprises françaises ne seraient pas prêtes

Une étude mondiale d’Adecco souligne un manque de préparation des entreprises face à l’essor de l’IA. Le rapport alerte sur l’écart grandissant entre attentes des dirigeants et capacités réelles à accompagner les salariés. Notamment en France.

La transformation provoquée par l’intelligence artificielle va vite. Très vite. Trop vite ? La question se pose à la lecture d’un rapport d’Addeco qui souligne que si les investissements se multiplient pour intégrer ces technologies dans les processus métiers, les dirigeants eux-mêmes estiment ne pas être prêts à accompagner ce changement.

Réalisée en partenariat avec Oxford Economics, cette enquête a interrogé 2 000 dirigeants dans 13 pays. Elle montre que 9 dirigeants sur 10 se disent mal préparés pour piloter leur organisation dans un contexte où l’IA – et notamment l’IA générative – bouleverse les pratiques.

« L’IA progresse à un rythme que la plupart des entreprises peinent à suivre, et les employés ont besoin de soutien pour réussir cette transition », insiste Denis Machuel, CEO du groupe Adecco qui appelle à « conserver l’humain au cœur », et à avoir « une stratégie claire ».

« Pour que les entreprises restent compétitives, les dirigeants doivent s’aligner sur une vision commune, en commençant par combler le fossé entre les talents et la technologie », ajoute-t-il.

Des attentes fortes envers les salariés, mais peu d’outils pour les former

Le paradoxe actuel, selon le rapport, tient au fait que 60 % des décideurs attendraient de leurs collaborateurs qu’ils développent par eux-mêmes leurs compétences en IA. Et cela alors qu’un tiers des entreprises n’ont mis en place aucun accompagnement pour encadrer l’usage de cette technologie.

Les dirigeants ne montreraient pas non plus l’exemple avec un tiers d’entre eux – seulement – qui auraient pris l’initiative de développer leurs propres compétences en IA au cours des douze derniers mois.

Conséquence ou tendance en parallèle, la confiance dans les stratégies IA chute de 11 points par rapport à 2024 (58 % des dirigeants se disent confiants en 2025, contre 69 % l’année précédente).

Pas de KPI et de suivi

Un autre chiffre pose question, seuls 33 % des entreprises investissent dans l’analyse de données RH (analytique) afin d’anticiper les besoins en compétences. Or ces « talents » sont le nerf de la guerre.

« Leurs dirigeants [des entreprises à la pointe du changement] repensent le fonctionnement de leur activité, le développement des compétences, et la manière dont les décisions sont prises », constate le PDG d’Adecco. « L’investissement dans le développement du leadership, intégré à une stratégie solide de gestion des talents, permet une pleine exploitation de la puissance technologique ».

Autrement dit, dans l’immense majorité des entreprises, la donnée et les KPI seraient le maillon faible, voire manquant, d’une stratégie RH proactive.

Les entreprises françaises peu organisées pour le futur

La photographie de la France montre des résultats contrastés. 47 % de ses entreprises déclarent avoir une politique IA structurée, soit 10 points de plus que la moyenne globale.

Elles se disent aussi plus préoccupées que la moyenne mondiale par le manque de compétences en IA (48 % contre 40 %), peut-être parce qu’elles ont une approche par les compétences plus marquées (62 % contre 56 %).

Et si elles sont dans la moyenne sur l’investissement dans les données RH (32 % contre 33 % à l’échelle mondiale), à peine 11 % des employeurs en France répondraient aux critères de « future readiness » définis dans le rapport. « Un signal d’alerte à l’heure où l’IA rebat les cartes du leadership et de la performance », avertit Adecco.

En conclusion l’étude invite en tout cas les entreprises à adopter une approche plus proactive en matière de gestion des talents, avec des stratégies plus marquées dans la formation, et qui s’appuie réellement sur l’analyse des compétences.

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