Datacenter : l’alimentation au nucléaire des sites Microsoft en avance d’un an

Aux USA, le déploiement tous azimuts de datacenters pour se hisser au premier rang mondial de l’IA passe par la réouverture de centrales nucléaires pour obtenir suffisamment d’électricité. Et ces centrales rouvrent même plus rapidement que prévu.

Après Meta, c’est au tour de Microsoft de confirmer la récupération d’une centrale nucléaire américaine à l’abandon pour alimenter ses datacenters situés alentour. Cette fois-ci, il s’agit de la centrale de Three Mile Island, en Pennsylvanie, qui délivre une puissance de 837 MW et qui servira le datacenter du même État, ainsi que ceux situés à Chicago, en Virginie et dans l’Ohio. Cette centrale avait été arrêtée en 2019, faute d’être plus longtemps subventionnée par les services publics.  

Microsoft avait annoncé dès septembre 2024 qu’il comptait récupérer l’électricité produite par cette centrale pour une durée d’au moins 20 ans. On vient d’apprendre qu’elle redémarrera en 2027, soit un an plus tôt que prévu. Selon divers observateurs, cette avance sur le calendrier témoigne d’une volonté aux USA de mettre les bouchées doubles pour déployer rapidement la plus puissante flotte mondiale de datacenters.

La centrale de Three Mile Island est tristement célèbre pour avoir été le théâtre du seul accident nucléaire aux USA, en 1979. Le réacteur dont le cœur a fondu, le No 2, est toujours en démantèlement. Microsoft exploitera le réacteur No 1, qui n’a pas été touché.

À l’instar de 20 autres réacteurs nucléaires aux USA, celui de Three Mile Island est aujourd’hui exploité par l’énergéticien Constellation Energy. Ce dernier compte rebaptiser la centrale Crane Clean Energy Center, du nom de son ex-PDG Chris Crane décédé l’année dernière. Chris Crane est réputé aux USA pour avoir racheté plusieurs énergéticiens en déclin et permettre à Constellation d’être le plus important exploitant de centrales nucléaires, avec une puissance qui totalise 19 GW.

Une vaste campagne de récupération des centrales nucléaires

Rappelons que les USA ont vu proliférer dans les années 70 le plus grand parc de centrales nucléaires au monde, soit 58 installations, quasiment toutes dans l’est du pays. Essentiellement construites par des entreprises privées, l’électricité qu’elles produisent est revendue plus cher que l’électricité des centrales au gaz, moins coûteuses à bâtir.

Boudée du public, l’électricité nucléaire n’a réussi à se maintenir que grâce à des subventions des États souhaitant favoriser une énergie plus écologique que le gaz. Ces subventions ayant progressivement cessé dès le premier mandat de Donald Trump, les centrales nucléaires sont éteintes les unes après les autres.

Mais la multiplication des datacenters sur le sol américain - dans l’espoir de se hisser au premier rang mondial de la puissance de calcul en intelligence artificielle – incite les prestataires américains à chercher de l’électricité au-delà de ce que les centrales au gaz peuvent fournir. Les hyperscalers signent dès lors des contrats d’exclusivité pluriannuels avec les titulaires de centrales nucléaires pour qu’ils redémarrent leurs installations.

Constitution d’une nouvelle flotte de datacenters

Plus tôt ce mois-ci, AWS avait pareillement signé un contrat de 17 ans avec l’énergéticien Talen pour lui acheter 1,92 GW d’électricité produite par deux réacteurs d’environ 1,2 GW chacun depuis sa centrale nucléaire Susquehanna, également située en Pennsylvanie. Cette centrale est toujours active, mais le branchement au campus de datacenters Cumulus d’AWS, devrait intervenir d’ici à la mi-2026.

Sur ce campus, le datacenter existant ne peut pomper que 960 MW, mais AWS entend y construire un second bâtiment pour doubler cette capacité.

En ce qui le concerne, le datacenter de Meta alimenté au nucléaire aura une puissance de 1,1 GW.

À l’heure actuelle une baie rack de de serveurs applicatifs grimpe jusqu’à 12 kW et peut être encore refroidie à l’air, via des ventilateurs. Une baie de serveurs de calcul intensif pour l’IA, comme le cluster DGX GB200 NVL72 de Nvidia, consomme 120 kW et doit être refroidie à l’eau, via des pompes.

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