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Apptio affine sa gestion des coûts de l’IA et du cloud hybride

Apptio, une filiale d’IBM spécialisée dans la gestion des dépenses IT a récemment mis à jour sa plateforme. Ces ajouts, entrés en disponibilité générale à la fin du mois de juin, concernent deux aspects clés pour la plupart des entreprises. Apptio cherche à évaluer le coût total de possession des environnements hybrides et de l’IA.

Depuis environ 15 ans, Apptio vend le décloisonnement des données IT afin d’aider les entreprises à « allouer correctement les coûts des produits et services technologiques ».

« La plupart des organisations ont un problème de compréhension des coûts IT », remarque Iria Saleiro, vice-présidente de la région Europe du sud chez Apptio. « Nous constatons un décalage entre ces trois parties prenantes : la DSI, les métiers et la finance. Cela empêche ces fonctions d’adopter des décisions factuelles en temps réel », contextualise-t-elle.

« À travers plus de 2 000 déploiements, nous avons démontré que nous pouvons surmonter les obstacles liés aux données pour obtenir cette vision précise des coûts et de la consommation des produits et services IT », poursuit-elle. « Les organisations avec lesquelles nous travaillons dépensent 10 à 15 % de trop en coûts de “run”. Nous sommes en mesure de les faire économiser cette somme pour l’investir ailleurs ».

« Nos clients combinent les données provenant de 80 à 100 sources différentes pour analyser et observer les indicateurs financiers IT ».
Greg HolmesField CTO EMEA, Apptio

Apptio mise donc sur l’agrégation des données à travers plusieurs outils de transformation de données. « Nos clients combinent les données provenant de 80 à 100 sources différentes pour analyser et observer les indicateurs financiers IT », assure Greg Holmes, field CTO EMEA chez Apptio.

Même pour ces entreprises qui adoptent la plateforme SaaS d’Apptio à l’IT traditionnel s’ajoute le défi de l’IA. « Les entreprises ont beaucoup de mal à démontrer le retour sur investissement de leurs initiatives d’IA », constate Greg Holmes. « Alors même qu’elles cherchent à titrer des bénéfices opérationnels ou à optimiser leur prise de décision grâce à l’IA, elles ne suivent pas réellement les projets de manière efficace ».

Appliquer les recettes FinOps à l’IA

D’où l’introduction d’AI TCO & Usage au sein de l’offre Technology Business Management d’Apptio. D’abord, Apptio veut faciliter le suivi des coûts pour les entreprises, de manière holistique.

Il s’agit de renseigner les parties prenantes sur l’allocation des ressources (infrastructures IA, appels API, applications) par entité, d’identifier les sources de coûts les plus importantes, ainsi que les entités qui utilisent davantage les applications d’IA. Outre une ventilation des coûts par an, par mois, par volume de tokens consommés et un décompte des usagers, il est possible d’obtenir des tendances afin de prévoir les budgets – à la hausse ou à la baisse. Un ensemble d’indicateurs qui sont déjà présents dans la plupart des suites d’observabilité, dont Datadog, New Relic ou encore Dynatrace.

Mais Apptio entend également permettre à ses utilisateurs de calculer le retour sur investissement. L’agrégation et la mesure des coûts parlent à tout le monde, l’interprétation de la valeur est contextuelle, voire subjective. « Cela dépend vraiment de l’initiative et de l’entité métier », concède Greg Holmes. Il y a néanmoins des cas où cette mesure de la valeur semble plus aisée.

« En ce qui concerne les projets d’IA liés au support client, nous facilitons la mesure de plusieurs bénéfices concrets : réduction du temps de résolution, amélioration de la satisfaction client et automatisation des tickets simples », illustre Greg Holmes. « Vous pouvez aussi évaluer si les outils d’IA permettent aux agents humains de se libérer pour traiter les cas complexes nécessitant leur expertise », ajoute-t-il. « Nos clients constatent déjà des bénéfices des deux côtés de la barrière ». 

Les clients d’Apptio observeraient également des gains tangibles de l’IA quand elle est appliquée aux portails en libre-service, par exemple pour traiter des demandes en dehors des heures d’ouverture des services support et commerciaux.

Cette mesure du ROI paraît pour l’instant dépendante des intégrations avec les solutions logicielles les plus utilisées en entreprise. « En matière d’IA, nous nous connectons à Salesforce, ServiceNow, Workday et l’ensemble des plateformes d’IA pour étiqueter les charges de travail », affirme le Field CTO. « Nous prenons en compte la consommation de tokens en entrée et en sortie, les processus, etc., principalement pour mesurer les coûts », précise-t-il. « Mais dans certains cas, comme avec Salesforce, nous examinons aussi les résultats commerciaux ».

Les entreprises ont par ailleurs pu constater une augmentation des coûts des licences logicielles justifiée par les éditeurs par l’intégration de l’IA générative dans leurs solutions.

« Nous sommes capables de répartir ce qui relève de l’IA de ce qui n’en est pas. Cela fait partie de notre package AI TCO », assure Greg Holmes. « Il examine les ressources, considère la gestion des fournisseurs comme un aspect particulier, et aide également à voir où vous dupliquez potentiellement vos dépenses, par exemple en achetant un service similaire auprès de plusieurs fournisseurs ».

« Au-delà des coûts de l’IA, nous avons également dans notre produit principal ITFM (IT Financial Management) une composante de benchmarking pour pouvoir comparer n’importe quel produit que vous utilisez avec un autre », complète Iria Saleiro. « C’est assez apprécié par nos clients, car ils peuvent réaliser qu’ils paient trop pour un service ou qu’à l’inverse, ils sont bien lotis ».

L’autre volet qui concerne une plus grande part de clients n’est autre que l’amélioration du suivi des coûts des environnements hybrides. Si certaines entreprises dépensent 20 à 30 % de leur budget IT dans le cloud, selon Greg Holmes, d’autres maintiennent un pourcentage très faible de services cloud, de l’ordre de 2 à 3 %.

Affiner la mesure des coûts dans les environnements hybrides

D’où la création de la solution Hybrid IT TCO. Elle permet d’obtenir une vue du coût total de possession, du nombre d’applications, de la répartition des charges de travail entre les environnements de cloud public, de cloud privé et sur site, d’y associer des coûts, d’observer les tendances de dépense ou encore d’identifier les principaux centres de coûts. Le package Hybrid IT TCO permet aussi (et surtout ?) d’analyser le coût des migrations et de comparer les dépenses entre le « run » d’une application sur site et son équivalent en cloud. Il s’agit in fine d’obtenir des indicateurs pour prévoir les budgets.

« Les DSI veulent pouvoir dire aux ingénieurs s’il est plus coûteux d’exécuter une charge de travail dans le cloud ou sur site, et quelle est la perspective de coût à long terme », justifie Greg Holmes. « De nombreux contrats de type cloud privé et on-prem impliquent des investissements sur 5 ou 10 ans. Vous devez amortir ce coût et le rendre comparable », ajoute-t-il.

Or, la plupart des ingénieurs ne sauraient pas combien de temps leurs charges de travail vont fonctionner. « Vous devez donc donner de la visibilité et traiter vos ressources sur site et de cloud privé comme s’il s’agissait d’une sorte de pool flottant de ressources qui pourraient être utilisées et abandonnées par les ingénieurs ».

Cette portabilité des charges de travail est généralement fonction du déploiement de l’orchestrateur de conteneurs Kubernetes. Là aussi, Apptio a une solution issue du portefeuille IBM : KubeCost.

KubeCost fait peau neuve

« Si une entreprise utilise Kubernetes pour se prémunir d’une dépendance à un fournisseur et pouvoir migrer entre le cloud et les environnements sur site ou de cloud privé, nous pouvons voir le coût de ces charges de travail où qu’elles soient exécutées », vante le field CTO. « KubeCost ne sert pas uniquement à mesurer les coûts : il aide aussi à l’optimisation de la taille des déploiements ».

« KubeCost ne sert pas uniquement à mesurer les coûts : il aide aussi à l’optimisation de la taille des déploiements ».
Greg HolmesField CTO EMEA, Apptio

Les solutions d’Apptio sont globalement appréciées de leurs usagers (en tout cas ceux s’exprimant sur Gartner Peer Insights). En revanche, certains d’entre eux se plaignent de certaines lenteurs. En ce sens, la version 2.8 de KubeCost introduit en bêta le back-end Clickhouse, qui à terme remplacera DuckDB.

Méconnu de ce côté de l’Atlantique, ClickHouse est une base de données taillée pour l’analytique en temps réel à large échelle, tout comme l’est, normalement, DuckDB. « Bien que fiable pour les clusters de petite et moyenne taille, DuckDB peut devenir un goulot d’étranglement à grande échelle ou avec des volumes de requêtes élevés », lit-on dans la documentation de l’éditeur. ClickHouse promet des améliorations de performance pour les grands volumes de données et les requêtes longues, une réduction significative de l’usage du CPU et de la mémoire et une « réactivité accrue de l’interface utilisateur ».

Rachetées en 2023 puis intégrées en mai 2024, les solutions d’Apptio sont désormais intégrées dans plusieurs des produits du portfolio IBM et Red Hat, dont Turbonomic et HashiCorp Terraform.

« Apptio fournit les indications, puis Turbonomic les automatise et les met en œuvre de manière contrôlable », illustre Iria Saleiro. « Une autre capacité importante concerne la gouvernance que nous intégrons dans le cloud. Cela permet aux ingénieurs CI/CD d’exploiter les informations sur les coûts, ainsi que celles provenant d’outils tels que KubeCost et Turbonomic, pour définir le niveau d’utilisation du système approprié au moment de la livraison », ajoute-t-elle. « Cela signifie que nous éliminons les problèmes avant même qu’ils ne surviennent. Cette fonctionnalité s’intègre à Terraform de HashiCorp et permet aux ingénieurs de déployer la bonne solution au bon moment, en tenant compte des coûts ».

À noter que les produits d’Apptio s’adressent aux sociétés dont les dépenses IT vont de « quelques millions jusqu’à plusieurs milliards de dollars/d’euros par an ». Sur la marketplace d’AWS, la solution IBM Apptio Cost And Planning est facturée 148 000 dollars par an. Elle supervise des budgets IT de 25 millions de dollars annuels maximum. Elle semble plus intéressante pour les entreprises dont le budget IT se situe entre 10 et 25 millions de dollars (ou équivalent).

« Nous avons trois catégories d’offres adaptées à chaque type de client, en fonction de ce qui l’intéresse pour atteindre ses objectifs », indique Iria Saleiro auprès du MagIT.

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