Red Hat et NetApp s’allient pour succéder à VMware

NetApp lance un outil qui permet aux clients de VMware de migrer leurs traitements vers OpenShift de Red Hat sans changer de système de stockage. Une fonctionnalité critique à laquelle seul Nutanix avait pensé.

Le fabricant de stockage NetApp avait précédemment développé un outil appelé Shift Toolkit, qui permet à ses clients de convertir leurs machines virtuelles VMware au format d’Hyper-V, le système de virtualisation de Microsoft, sans déplacer leurs données de la baie de disques. À l’occasion de son salon NetApp Insight qui se tient cette semaine à Las Vegas, le constructeur a décliné Shift Toolkit pour OpenShift, le système de Red Hat. Grâce à cela, Red Hat se voit propulsé dans le peloton des meilleures alternatives à VMware.

« Nous avions déjà un outil pour faire cette transformation, mais il fallait copier les données ailleurs, changer le format de leur stockage. Là, vous ne déplacez plus rien. Vous passez de plusieurs semaines de travail pour migrer de VMware vers OpenShift à juste quelques minutes », s’enthousiasme un ingénieur de Red Hat qui ne souhaite pas que son nom soit cité dans la presse.

Précisons que l’outil ne convertit pas les VM en containers, le format natif d’OpenShift. Il les adapte à OpenShift Virtualization, la couche de virtualisation qui fonctionne par-dessus OpenShift. Mais qu’importe, au vu des enjeux économiques.

L’enjeu de proposer l’alternative la plus complète à VMware

Dans un contexte où les tarifs de VMware ont été multipliés par au moins cinq depuis son rachat par Broadcom, les entreprises prétendre en effet vouloir fuir en masse chez la concurrence. Une aubaine colossale pour celle-ci, car VMware, de très loin le numéro 1 de la virtualisation en entreprise, facturait avant son rachat 3,4 milliards de dollars par trimestre à ses clients.

Si plusieurs challengers existent, avec des offres qui égalent plus ou moins les fonctionnalités d’origine, il s’avère que les projets de migration peinent à aboutir. La raison principale est la difficulté à migrer les données liées aux machines virtuelles. Non seulement il faut récrire de zéro les règles de stockage utilisées sous VMware, mais il faut aussi le faire sur une nouvelle baie de disques vierge, qui coûte autant de centaines de milliers d’euros que la précédente, alors que cette dernière pourrait encore servir pendant plusieurs années.

Le premier concurrent de VMware à l’avoir douloureusement compris est Nutanix. Alors que celui-ci vantait la prise en charge totale du stockage par sa solution (à partir de serveurs remplis de disques qu’il faut acheter), il a fini par rendre son système compatible avec les baies de disques externes de marques Dell et Pure Storage que les clients de VMware possédaient déjà. Nutanix ne l’a en revanche pas encore fait avec les baies de disques deNetApp, qui complètent le trio de tête des solutions de stockage pour VMware.

Le fait que NetApp implémente la même possibilité, pour que ses clients conservent ses baies de stockage quand ils migrent vers OpenShift, remet donc ce dernier au niveau fonctionnel de Nutanix.

Les prétendants à la succession de VMware comprennent aussi des solutions comme le très Open source Proxmox, le très mono-marque Microsoft Hyper-V, ou encore le très français Vates VM. Dans le lot, les spécialistes considèrent généralement que seuls Nutanix et Red Hat OpenShift ont la capacité de proposer aux entreprises un accompagnement aussi riche que celui de VMware.

Par ailleurs, les efforts de Nutanix pour supporter des baies de disques externes n’en sont qu’au début. La seule migration aujourd’hui disponible commercialement est celle qui conserve les baies PowerFlex de Dell, un modèle peu vendu en Europe. Le support des baies FlashArray de Pure Storage sera officiel dans quelques semaines. La conservation des baies NetApp dans une migration vers OpenShift est en revanche disponible dès aujourd’hui.

Confier à NetApp la gestion des données et du cloud hybride

« Le stockage n’est pas notre métier, nous n’aurions jamais pu adapter nous-mêmes des baies de disques déjà configurées pour VMware en baies de disques configurées pour OpenShift. Nous sommes donc très contents que NetApp l’ait fait pour nous », dit l’ingénieur de Red Hat.

Sandeep Singh, le directeur général des produits de stockage chez NetApp, avance même que sa solution de réintégration des baies existantes est plus complète que ce que propose Nutanix avec ses concurrents.

« Dans notre approche, vous faites exécuter toutes les fonctions de gestion de stockage et de sécurité des accès par la baie de disques, ce qui économise des ressources sur vos serveurs de calcul. De plus, notre granularité est meilleure, dans le sens où vous pouvez réaliser des sauvegardes et des restaurations par VM et non pas sur la globalité du stockage », dit-il.

« Un autre point qui nous avantage est que NetApp est sans doute le fournisseur de stockage qui s’interconnecte le mieux avec les grands hyperscalers. Ce qui nous donne une dimension de cloud hybride à 100%. C’est-à-dire que dès lors que vous avez des applications qui ont besoin d’un stockage persistant et que celui-ci est fourni par NetApp, alors nous pouvons vous dire que vos applications déployées sur site seront utilisables telles quelles si vous les transférez vers Azure, AWS, ou GCP. », ajoute l’ingénieur de Red Hat.

Une intégration idéale pour l’IA aussi

Simultanément au lancement de Shift Toolkit pour migrer vers OpenShift, Red Hat confirme que sa plateforme clés en main pour exécuter des IA génératives en entreprise, appelée OpenShift AI, est d’ores et déjà validée pour fonctionner avec la nouvelle baie AFX de NetApp. Évoquée hier par LeMagIT, cette baie a le mérite d’intégrer un module de calcul qui prépare tout seul les données à leur utilisation dans une application d’IA.

« Nous avons vocation à proposer la plateforme la plus complète pour à la fois exécuter des IA génératives, mais aussi les administrer, notamment grâce aux outils que nous avons rachetés à Neural Magic l’année dernière. Pour autant, nous reposons sur des solutions tierces pour la vectorisation des documents en vue de l’exploitation de leurs contenus dans une IA », explique l’ingénieur de Red Hat.

« Jusqu’à présent nous utilisions une base de données vectorielle de Google. Mais confier cette vectorisation à l’AFX nous permet encore une fois de dire à nos clients que toutes les applications d’IA qui fonctionnent sur OpenShift IA en local, avec du stockage NetApp, fonctionneront automatiquement dans tous les clouds publics où il existe des services de stockage NetApp. D’autant plus que vous n’avez pas besoin de redéployer OpenShift AI en cloud. Nos outils de gestion d’IA sont utilisables sur les services Kubernetes natifs des hyperscalers », ajoute-t-il.

« Pour le dire plus clairement. OpenShift est une plateforme qui sert à exécuter trois types de traitements très différents : des applications en containers, des applications en machines virtuelles et des applications d’IA. Chacun a besoin d’un stockage particulier. Avec NetApp, qui propose des pilotes adaptés à chacun de ces cas d’usage, il est possible d’utiliser le même cluster OpenShift avec la même baie de disques pour tous ces traitements », conclut-il.

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