Vates VMS, l’autre alternative Open source à VMware

L’éditeur français Vates existe depuis 2012, d’abord avec une console pour piloter l’hyperviseur XenServer de Citrix, puis avec sa propre version de Xen. Ses ventes ont bondi à l’international depuis l’explosion des tarifs de VMware.

Vates, l’éditeur français de la solution de virtualisation Open source VMS (Virtualization & Management Stack) connaît désormais une croissance annuelle de 50 %, contre 10 à 20 % auparavant. À l’instar de Nutanix, RedHat OpenShift, et autres Microsoft Hyper-V, Vates VMS a vu son activité commerciale bondir depuis que les entreprises cherchent une alternative au tout puissant VMware, racheté fin 2023 par un Broadcom avide d’en augmenter fortement les tarifs.

Même s’il ne dénombre aujourd’hui qu’un millier de clients, dont 70 % aux USA, Vates prétend attirer plus facilement les entreprises en quête de migration que ses grands concurrents. Alors que ceux-ci misent sur la technicité de leurs offres, l’éditeur français revendique au contraire une solution très simple, capable d’exécuter tels quels les 90 % des usages existants de VMware.

« Microsoft Hyper-V et Red Hat OpenShift ont pris des directions techniques vers le cloud hybride. Mais, en réalité, les entreprises veulent toujours utiliser de la virtualisation traditionnelle, sur site. Quant à Nutanix, la solution est très orientée hyperconvergence. C’est donc une transformation compliquée pour de nombreuses entreprises, d’autant qu’elle suppose souvent de remplacer le matériel en place », argumente Olivier Lambert, PDG de Vates (en photo en haut de cet article).

Comme Proxmox, mais avec une cravate

Vates n’est pas le seul sur le créneau de l’alternative simple et Open source à VMware. Face à lui, l’Autrichien Proxmox jouit depuis un an d’une popularité croissante dans les discussions. Olivier Lambert pointe toutefois qu’une bonne réputation ne suffit pas nécessairement à conclure des contrats.

« Dans le contexte d’une migration depuis VMware, il est important de comprendre que la clientèle est faite de grands comptes, qui ont besoin d’accompagnement parce qu’ils n’ont pas le temps de se former sur une toute nouvelle solution. »
Olivier LambertPDG, Vates

« Nos concurrents Open source livrent un produit à la Ikea, qu’il faut monter soi-même. Nous sommes autant Open source que Proxmox, mais nous avons une approche bien plus orientée entreprise, avec la vocation de livrer un produit clés en main », argumente Olivier Lambert. « Dans le contexte d’une migration depuis VMware, il est important de comprendre que la clientèle est faite de grands comptes, qui ont besoin d’accompagnement parce qu’ils n’ont pas le temps de se former sur une toute nouvelle solution. »

En l’occurrence, si les logiciels de Vates sont bien téléchargeables gratuitement, c’est la vente d’accompagnement et d’assistance technique qui correspond à l’activité commerciale de l’éditeur. « Nos clients sont des anciens clients de VMware ; ils n’imaginent même pas utiliser nos produits sans payer pour leur support technique », précise notre interlocuteur.

Le retour de l’hyperviseur Xen

Vates VMS a une originalité par rapport à tous ses concurrents : son hyperviseur n’est en rien basé sur le traditionnel KVM du noyau Linux. Il s’agit de Xen. Ou plutôt d’un fork de la version Open source de Citrix XenServer, que Vates a baptisé XCP-ng et dont il pilote aujourd’hui le développement.

« XCP était le nom original de la version Open source de Xen et ng signifie simplement nouvelle génération. Notre activité a débuté en 2012. À l’époque nous développions juste une console Open source, Xen Orchestra, pour administrer les serveurs et les postes virtualisés à l’aide de XenServer. En 2017, quand Citrix a annoncé qu’ils arrêtaient la version Open source de XenServer, nous avons compris que notre activité était en danger. Nous avons donc entrepris de partir du code Open source existant de Xen, pour développer notre propre version », raconte Olivier Lambert.

Xen, ou plutôt XCP-ng, présente l’intérêt d’être un hyperviseur de niveau 1, c’est-à-dire un noyau en lui-même, alors que KVM est un module qui fonctionne par-dessus le noyau Linux. Vates argumente que ce détail technique permet à VMS de mieux protéger les VM contre des malwares qui s’exécutent sous Linux et aussi de réduire les ressources consommées pour la virtualisation.

« L’un des objectifs de preuves de concept que nous réalisons avec nos clients pour leur montrer la pertinence de migrer de VMware à VMS est d’exécuter sur notre plateforme plus de machines virtuelles par machine physique que la solution d’origine. Une fois que nous avons démontré que cela fonctionne, nous migrons les VM de nos clients application par application », dit notre interlocuteur.

Techniquement, XCP-ng peut déployer jusqu’à 1024 vCPU par machine physique et relier jusqu’à 64 machines physiques en cluster. Ses machines virtuelles accèdent à des volumes sous forme d’images-disques qui peuvent être stockées sur n’importe quelle baie de stockage NAS (mode fichier, en NFS) ou SAN (mode bloc, en iSCSI ou en Fiber Channel).

Une console d’administration éprouvée

La suite VMS est ensuite née naturellement du bundle commercial entre XCP-ng et Xen Orchestra.

Bénéficiant de plus dix ans de maturité, la console Xen Orchestra sert à configurer les machines virtuelles, à les mettre en production, à régler leur haute disponibilité, à les sauvegarder. « Parmi les fonctions intéressantes de Xen Orchestra, on trouve par exemple un outil de migration qui peut se connecter à VCenter (la console d’administration de VMware), regarder sa configuration, aspirer toutes ses VM, leurs données et leurs paramètres, puis tout installer sur un cluster local », illustre Olivier Lambert.

En sus, Vates a noué des partenariats avec des solutions tierces pour intégrer leur mise en route à Xen Orchestra. Citons Commvault pour la sauvegarde sur site comme en cloud, UDS, de l’éditeur espagnol Virtual Cable, pour virtualiser des postes de travail en VDI, ou encore LinStor, de l’éditeur autrichien Linbit, pour utiliser Vates VMS comme une infrastructure hyperconvergée. À ce titre, Vates propose une version de VMS sur laquelle LinStor est pré-intégré, sous le nom de XOStor.

« Cette année, nous annoncerons des partenariats avec des fabricants de baies de disques. En effet, VMS réalise à l’heure actuelle lui-même les snapshots des volumes de données de ses VM. Or, ce serait plus efficace si nous passions par le système de snapshots natif de la baie de stockage », indique Olivier Lambert.

Enfin, Xen Orchestra peut présenter aux utilisateurs d’une entreprise un portail en libre-service pour les applications métiers, à la OpenStack. Olivier Lambert cite comme exemple le fait de permettre aux développeurs de déployer eux-mêmes des outils DevOps comme Terraform.

Projet Open source oblige, Xen Orchestra bénéficie d’un développement constant au rythme d’une mise à jour fonctionnelle par mois. D’ici à la fin de l’année, la console devrait arriver dans une version 6.0 bénéficiant d’une interface graphique entièrement revue, pour s’aligner encore plus sur les standards modernes de VMware ou Nutanix.

Demain une version pour serveurs ARM

Jusqu’en 2022, Vates fournissait surtout des PME à l’international souhaitant remplacer leurs solutions de virtualisation d’appoint sous Citrix Xen server ou Microsoft Hyper-V. Le choc du rachat de VMware par Broadcom a ensuite gonflé la clientèle de l’éditeur de 30 %. Qui plus est, ces nouveaux clients sont cette fois-ci des grands comptes – dont Samsung et la Nasa – et les contrats qu’ils signent avec Vates sont cinq fois plus importants.    

« Nous pensons qu’il y a un potentiel énorme dans les processeurs ARM, d’autant plus que tous les développements se font en Europe. »
Olivier LambertPDG, Vates

« Notre ambition est de devenir l’un des plus importants acteurs mondiaux de la virtualisation de serveurs », lance Olivier Lambert au terme de l’entretien qu’il a accordé au MagIT. Pour atteindre cet objectif, Vates mise sur une stratégie axée sur l’innovation et un fort engagement contre les technologies un peu trop verrouillées.

« Nous voulons aller au-delà de la virtualisation de serveurs sur architectures x86. Nous avons des versions de Vates VMS qui fonctionnent déjà sur les processeurs ARM d’Ampere et nous travaillons avec SiPearl pour que notre système fonctionne aussi sur leur futur processeur ARM, le Rhea. »

« Nous pensons qu’il y a un potentiel énorme dans les processeurs ARM, d’autant plus que tous les développements se font en Europe. Il y aurait la possibilité de proposer aux entreprises européennes des serveurs dont le système et le matériel seraient 100 % européens », conclut Olivier Lambert.

À plus long terme, Vates VMS pourrait même fonctionner sur des processeurs Risc-V. Leurs designs étant Open source, cela permettrait de proposer aux entreprises des clusters de serveurs dont le matériel et la pile logicielle sont libres de toute mainmise technologique, commerciale ou étatique.

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