Canva, ou l’IA à tout va

L’éditeur australien, présent dans 95 % du Fortune 500, infuse ses outils de création et de marketing à son propre modèle de fondation. En France, où « un internaute sur sept » utiliserait la plateforme. Cette stratégie IA séduit. Canva jette par ailleurs une pierre dans le jardin d’Adobe en rendant Affinity gratuit.

« Une mise à jour majeure ». C’est de cette manière que Canva a présenté cette semaine les nouveautés qu’il a apportées à ce qu’il convient bien désormais d’appeler une « plateforme ».

Connu initialement pour la création de présentation, Canva est devenu une trousse à outils qui va de la création graphique à la diffusion et à l’analytique, en passant par la mise en page et les formulaires interactifs. À tel point que Canva se présente désormais comme « un système d’exploitation créatif » (sic).

« Partout dans le monde, les équipes marketing utilisent Canva pour créer leurs contenus, des posts sur les réseaux sociaux aux visuels publicitaires. Canva devient aujourd’hui une plateforme marketing de bout en bout, avec des outils pour la gestion de marque, les campagnes et le suivi des performances » vante l’éditeur.

La description n’est pas sans rappeler ce que propose le géant Adobe.

Un modèle de fondation maison

Et tout comme son « grand » concurrent, Canva investit et parie massivement sur l’Intelligence artificielle (IA).

Dans le marketing, où « grâce à une IA tenant compte de votre marque, Canva Campagnes Marketing apprend de vos résultats, pour rendre chaque campagne plus intelligente et plus efficace au fil du temps », assure l’éditeur. Mais aussi dans toute la suite.

Dans la vidéo, par exemple où « l’IA automatise les effets et transitions ». Ou dans le reste des outils, quasiment tous infusés. « Imaginez n’importe quel élément, photo, vidéo, texture ou graphique 3D, et regardez Canva lui donner vie dans la zone de création », lance l’éditeur. « Grâce aux nouvelles fonctions d’adaptation de style, chaque élément s’harmonise naturellement avec votre identité de marque. »

Capture d'écran de l'assistant de Canva
Ask Canva en action

Une autre nouveauté, peut-être la plus représentative de cette stratégie IA, est l’arrivée d’un assistant – une IA « au-dessus » des outils.

Baptisé « Ask @Canva » (« Demandez à Canva »), le bot est capable de faire des suggestions sur un design en cours de création (cf. illustration).

L’outil est le fruit d’un travail de plusieurs années de recherche. Il s’appuie sur un modèle de fondation spécifiquement entraîné par Canva pour comprendre les concepts du design.

Ce modèle est également celui qui alimente toutes les fonctionnalités infusées à l’IA dans sa suite (Studio Suite).

La gratuité d’Affinity, une pierre dans le jardin d’Adobe

Avec ces nouveautés, et après l’annonce il y a un peu plus d’un an de Canva Enterprise, Canva semble de plus en plus regarder vers les terres d’Adobe.

Il n’a pas la même empreinte dans les entreprises, certes. Mais sa croissance commence à en faire un challenger crédible. Canva a atteint les 3,5 milliards de revenus (encore loin des 20 milliards d’Adobe). Et l’éditeur australien revendique désormais une présence dans 95 % des entreprises du Fortune 500, dont Walmart.

Canva n’est donc peut-être pas positionné frontalement face à Adobe. Ce qui ne l’empêche pas de jeter un caillou dans le jardin de l’Américain, sur le segment des suites créatives, en annonçant la gratuité « à vie » de sa suite Affinity – concurrente d’Illustrator, Photoshop et InDesign chez Adobe. Sans les fonctionnalité d’IA cependant.

Capture d'écran de Affinity
L’IA de Canva dans Affinity, que l’éditeur australien a racheté en 2024

Les Français friands d’IA

En France, « un internaute sur sept » utiliserait Canva chaque mois. Le pays serait également un des plus friands de son IA, notamment pour la traduction pour localiser les contenus.

Et même s’il n’a pas de bureau physique en France – Canva cible aujourd’hui l’Europe depuis Londres – l’objectif affiché est de renforcer son « engagement » local.

Dernier signe en date de cette volonté, l’éditeur a lancé sa première campagne publicitaire locale, cette semaine, sous la forme d’un partenariat de contenus sponsorisés avec le média Brut.

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