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DSI : préparez plus vos équipes IT à l’ère de l’IA (Gartner)
Lors du Symposium Gartner de Barcelone, les analystes ont averti les DSI : d’ici 2030, plus aucun poste informatique ne sera exercé sans recours à l’intelligence artificielle. Mais cette transition soulève des inquiétudes croissantes sur la sécurité de l’emploi et la transformation des métiers.
À Barcelone, le Symposium Gartner 2025 a placé le facteur humain au cœur du débat sur l’adoption de l’IA. Alors que la pénurie de talents semble s’intensifier, de nombreux DSI voient dans l’intelligence artificielle un moyen de combler les manques de compétences qui freinent leurs entreprises.
Mais cette promesse de l’IA n’est pas sans risque : celui de déstabiliser les équipes.
Gartner constate que certains salariés craignent que l’IA ne rende leurs fonctions obsolètes. D’autres hésiteraient même à utiliser ces outils, de peur qu’ils n’accélèrent leur remplacement.
Pour éviter ces blocages, les analystes du cabinet de conseil recommandent aux DSI d’instaurer un dialogue transparent avec leurs collaborateurs autour de ces questions clefs : comment l’IA va-t-elle compléter leur rôle, faire évoluer leurs missions et créer de nouvelles opportunités ?
Former, expérimenter, rassurer
Cette approche a été évoquée par Kirke Saar, DSI de la Nordic Investment Bank, lors d’une table ronde sur la mesure des progrès liés à l’IA.
« Nous devons avoir le temps et les moyens de former nos équipes », a-t-elle insisté.
Kirke Saar encourage ses pairs à donner les moyens aux collaborateurs d’expérimenter l’IA au quotidien, plutôt que de la réserver à des projets isolés.
Elle reconnaît néanmoins que ces initiatives sont parfois difficiles à justifier face aux directions financières, qui exigent des indicateurs clairs (KPI) de retour sur investissement (ROI).
2030 : le tournant de l’IA dans les métiers IT
Pour Gartner, les choses sont claires : quelle que soit la manière, les DSI doivent dès à présent préparer leurs équipes à travailler en collaboration avec l’IA.
Le cabinet prévoit que dès 2030, plus aucune tâche IT ne sera effectuée sans intervention d’une IA.
Une enquête menée auprès de 700 DSI anticipe que 75 % des activités informatiques seront augmentées par l’IA et que les 25 % restant seront entièrement automatisées par des agents ou algorithmes.
Pour Gartner, ces chiffres traduisent une exigence nouvelle : il faut équilibrer la maturité technologique et la préparation humaine. C’est cet équilibre délicat qui permettra de maintenir, sur le long terme, la valeur créée par l’IA.
Des métiers appelés à disparaître
La montée en puissance de l’automatisation inquiète de nombreux professionnels, notamment dans la programmation. Gabriela Vogel, vice-présidente et analyste chez Gartner, confirme que certaines fonctions sont vouées à disparaître. « Certains rôles de développeurs n’existeront plus », prévient-elle.
L’analyste estime que cette transformation risque aussi d’affecter la formation : « On ne pourra plus former les gens si, dès le départ, ils n’ont plus envie d’apprendre ces métiers », ajoute-t-elle.
Pour Gabriela Vogel, la question n’est pas seulement économique. « En plus retour sur investissement “financier”, il faut réfléchir au “retour sur collaborateur”, c’est-à-dire à la valeur que l’entreprise retirera du développement des compétences internes », explique-t-elle. Sous peine de voir ces compétences se tarir.
Elle appelle les DSI à adopter une véritable stratégie de gestion des talents, avec plan de formation et proposition de valeur claire pour les employés.
Redonner confiance aux équipes
L’arrivée de l’IA dans les processus métiers peut donc alimenter une certaine peur du remplacement. Pourtant, le marché de l’emploi IT reste très tendu. Pour Gartner, les DSI doivent assumer une responsabilité directe dans la gestion de ce capital humain.
« Les DSI doivent motiver leurs collaborateurs, car la crainte que l’IA ne prenne le contrôle est de plus en plus répandue », avertit Rob O’Donohue, vice-président analyste chez Gartner.
Pour cela, il recommande de co-construire, avec les équipes, les futurs contours de leurs postes : identifier les tâches qui seront augmentées par l’IA, celles qui seront déléguées, et les nouvelles compétences à acquérir.
