Processeurs : en pleine forme, AMD travaille ses ambitions

Selon ses derniers résultats, AMD vend plus de processeurs qu’Intel dans les serveurs, mais reste en deçà dans les PC. Sa PDG se fixe des objectifs pour ne pas se faire dépasser par les puces ARM et entend progresser sur les PC comme dans l’IA.

AMD vient de publier un bilan trimestriel tout à fait positif : 9,25 milliards de dollars de CA (+36 % en un an ; les analystes tablaient sur seulement 8,74 mds $) et 1,20 md $ de bénéfices (+75 % en un an). Lisa Su, la PDG du fabricant de processeurs (en photo en haut de cet article), annonce que le trimestre suivant sera à l’avenant, avec un CA compris entre 9,3 et 9,9 mds $.

Parmi les carburants de ce succès, un mégacontrat passé avec OpenAI pour un équivalent de 6 gigawatts de GPU Instinct MI450, les puces d’AMD concurrentes des Blackwell de Nvidia. Oracle en a aussi commandé 50 000 unités pour motoriser les services d’IA de son cloud public OCI. Deux laboratoires américains de supercalcul ont pareillement été séduits : ils achètent à eux deux pour 1 milliard de dollars de GPU MI450.

Tous ces contrats vont s’échelonner sur les prochains trimestres. En ce qui concerne celui qui vient de se clore, les processeurs Epyc de cinquième génération et GPU MI350X pour serveurs se sont vendus dans les datacenters à hauteur de 4,3 mds $ (+22 % en un an). Les processeurs Ryzen et GPU Radeon pour PC ont atteint un CA de 2,8 mds $ dans les postes clients (+46 %) et de 1,3 md $ dans les machines de jeux (+181 %). Seul parent pauvre : les puces pour équipements embarqués (machines-outils, équipements télécoms, systèmes de vidéosurveillance, etc.) n’ont réalisé que 857 millions de dollars de CA, soit une baisse de 8 % en un an.

Se donner des objectifs face à la concurrence

En face, le concurrent historique Intel continue d’afficher un meilleur bilan trimestriel – CA de 13,7 milliards de dollars (+3 % en un an) et bénéfice de 4,1 mds $. Pour autant, la dynamique est très différente : Intel excelle dans les puces pour PC (8,5 mds $ lors du dernier trimestre, soit une augmentation des ventes de 5 %), mais contre-performe dans les processeurs pour serveurs, avec des ventes trimestrielles de 4,1 mds $ (-1 %) inférieures à celles d’AMD.

Intel a par ailleurs une activité que n’a pas AMD : il possède des usines de gravure de semi-conducteurs. Et la question qui hante tous les analystes en ce moment est de savoir si AMD va continuer à faire fabriquer ses puces à Taiwan, chez TSMC, ou s’il va finir par passer commande chez son concurrent américain pour éviter de payer de lourdes taxes sur les circuits qu’il rapatrie aux USA.

Nvidia, quant à lui, devrait dévoiler son dernier CA trimestriel dans le courant de la semaine prochaine.

Lors d’une conférence avec les analystes financiers qu’elle vient de donner, Lisa Su a expliqué que son objectif pour les trois à cinq prochaines années était de continuer à vendre plus de 50 % des processeurs pour serveurs. C’est-à-dire à la fois devant son concurrent historique Intel, mais aussi sans céder de parts de marché aux processeurs ARM, alors qu’ils sont de plus en plus populaires chez les hyperscalers et que Nvidia s’est aussi mis à en vendre pour accompagner ses GPU.

Elle estime aussi pouvoir atteindre 40 % de parts de marché, en termes de chiffre d’affaires, sur les puces pour PC, malgré l’avance actuelle d’Intel.

La véritable inconnue est le succès que vont rencontrer les produits d’AMD qui concurrencent ceux de Nvidia. Pour l’instant, tous les fabricants de serveurs, hébergeurs de cloud et intégrateurs auxquels LeMagIT a posé la question s’accordent à dire que les GPU d’AMD, mais aussi ses puces réseau, sont encore vus comme des solutions de remplacement quand Nvidia n’a plus de stock à leur fournir. En l’occurrence, les stocks de Nvidia sont en pénurie chronique, essentiellement à cause des hyperscalers américains qui lui achètent l’essentiel de sa production.

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