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Revue de presse : les brèves IT de la semaine

Ce 16 décembre : la France se dote d’une Armée IT - Oracle : la Salutation au Cloud - Cisco : l’Adieu aux Clouds - Proservia : une direction pour conquérir l’Europe - Accord BT & T-Systems : les Telcos réduits aux tuyaux - Le marché du stockage recule

LeMagIT revient chaque vendredi sur les actualités qui animent l'écosystème IT. Voici les brèves de notre revue de la semaine.

Cyber commandement : la France se dote d’une quatrième Armée

Ce lundi, le Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé la création prochaine d’une cyber-armée nationale (rattachée directement au Chef d’Etat-major). Elle sera logiquement destinée à répondre aux cyber-attaques.

Composée de 2.600 personnes en 2019, plus 600 experts de la Direction Générale de l’Armement, elle sera renforcée par 4.000 réservistes citoyens et 400 réservistes opérationnels spécialistes de la cyber sécurité.

Ses trois missions seront le renseignement et l’investigation, la protection et la défense, mais également la riposte et la neutralisation. « En temps de guerre, l’arme cyber pourra être la réponse à une agression armée, qu’elle soit de nature cyber ou non », confirme le Ministre. Un domaine où officie également la DGSE.

Les moyens pour équiper la cyberdéfense devrait être multipliés par trois (400 millions d’euros entre 2014 et 2019). Cette « Armée numérique » viendra compléter les trois autres corps de la Grande Muette (Terre, Air et Mer).

Stockage : marché en recul

Selon IDC, le marché mondial du stockage externe (SAN et NAS) continue de reculer au 3e trimestre (- 6,1% de ventes sur un an). Mais les capacités globales livrées (systèmes externes et stockage attaché aux serveurs) auraient bondi de 33,2 % sur un an.

Si les vendeurs en marque blanche et les start-ups (Pure Storage, Kaminario, Nimble Storage, Tegile) ont réussi à tirer leur épingle du jeu, la plupart des acteurs du Top 5 sont en difficulté (-17 % pour Dell, -13% pour IBM, -10% pour NetApp).

En Europe, le marché résiste à peine mieux (-5.1%). Le seul grand constructeur dans le vert sur la zone est Hitachi (+ 50,7% de ventes sur un an). Tous ses concurrents affichent, eux, des reculs à deux chiffres.

Accord entre BT et T-Systems : la palme au train de retard

BT a annoncé ce jeudi un partenariat avec l’Allemand T-Systems afin de « proposer à ses clients un accès haute performance aux solutions Dynamic Services for SAP, hébergées par T-Systems ».

En décodé : du Direct Connect pour les clients réseaux BT vers les offres cloud SAP hébergées par T-Systems. Une option que l’on retrouve plus ou moins dans tous les datacenters dignes de ce nom (Interxion, Equinix, Global Switch).

L’annonce de BT - présentée comme une grande nouveauté - traduit au contraire une certaine fébrilité des opérateurs qui ont, pour la plupart, décidé de se séparer de leurs centres de données.

Il y a une décennie, les « Telcos » voulaient être les « Rois des datacenters ». Raté. Il y a 5 ans, ils envisageaient de devenir les « Rois du cloud ». Encore raté. Aujourd’hui, les voilà donc réduits à tenter de vendre des accès réseaux privilégiés vers les Clouds des autres. Alors, donc, que les grands des datacenters font cela depuis bien longtemps. La palme au train de retard.

Oracle : la Salutation au Cloud (en attendant NetSuite)

Pour la première fois de son histoire, Oracle a dépassé le milliard de dollars de revenus trimestriels dans le Cloud (1.1 milliard). Soit une progression de 13% par rapport au trimestre précédent et de 70 % par rapport au Q2 (Oracle commence son année fiscale en juin).

Mieux, se réjouit l’éditeur, ses revenus dans le SaaS et le PaaS bondissent de 80 % - à 878 millions, dont 100 millions dans le DBaaS.

En contrepartie, les ventes de licences ont reculé fortement de 20 % (1.35 milliard) pour un total « sur site + Cloud » en progression de 2%.

Ces chiffres (pdf) montrent d’abord qu’il faut une progression très importante dans le Cloud (modèle sur abonnement) pour combler un recul plus modéré des ventes sur site « à l’ancienne ».

Ils montrent ensuite qu’Oracle vend de plus en plus vite dans le Cloud. « Plus nous sommes gros dans le Cloud, plus nous grossissons vite dans le Cloud » confirme Safra Catz, la co-PDG de l’éditeur. « Quand Salesforce a passé cette barre symbolique, sa croissance avait ralenti à 36%, même en prenant en compte ses acquisitions » tacle celle qui vient de rejoindre l’équipe de transition de Donald Trump sans quitter pour autant son poste chez Oracle, en soulignant qu’Oracle a atteint ce résultat sans avoir encore intégré NetSuite, qu’il vient de racheter.

Pour la petite histoire, Oracle a décidé de détailler ses résultats Cloud depuis juin 2014. Sachant qu’il ne serait pas le premier à 10 milliards de CA dans le secteur global du Cloud (AWS et Microsoft semblent les mieux partis), Larry Ellison a trouvé un autre indicateur pour motiver ses vendeurs.

Sur 12 mois lissés, Oracle réalise 3.6 milliards de CA dans le Cloud (dont 2.9 dans le SaaS/PaaS). A titre de comparaison, Salesforce a bouclé son année fiscale 2015 à 6.7 milliards, en progression de « seulement » 25%. La course au 10 milliards est lancée.

Cisco : l’Adieu aux Clouds

Cisco a mis fin cette semaine à ses ambitions dans le Cloud. L’acteur historique du réseau avait un temps espéré jouer un rôle majeur sur ce marché en lançant InterCloud en 2014. Mais il vient de jeter l’éponge.

InterCloud était une marque ombrelle qui regroupait deux offres.

La première, InterCloud Fabric, permettait d’interconnecter des fournisseurs de Clouds qui utilisaient les technologies Cisco. S’y ajoutait une place de marché qui proposait des services aux clients Cisco sur site (en résumé du Cisco du sol au plafond). La solution avait ensuite évolué vers une stratégie plus axée orchestration et réseau, qui permettait de gérer de manière transparente des ressources clouds internes comme externe, au-delà du simple écosystème Cisco. En vain. Cisco a mis en ligne mi-octobre la feuille de route de la fin de ce service.

Restait donc la deuxième offre, InterCloud Services : un IaaS basé sur OpenStack construit par Cisco avec certains partenaires comme T-Systems en Allemagne et censé concurrencer frontalement  Amazon AWS. La sauce n’a pas prise non plus. Cisco a enterré cette offre ce lundi.

Dans un communiqué à notre confrère de CRN, Cisco explique de manière très éthérée et dans un vocabulaire calibré par son service communication que sa stratégie Cloud n’est pas morte. Non. Elle sera juste « centrée sur la construction d’infrastructures hybrides, de plateformes et de services – avec nos partenaires ».

En clair, Cisco va vendre des serveurs, des commutateurs et autres nœuds de stockage à ses « partenaires », qui vont des fournisseurs de datacenters, aux opérateurs, en passant par les intégrateurs. A charge pour ces derniers de construire leurs propres infrastructures cloud.

Ce faisant, Cisco marche donc dans les pas de HP et de Dell dans un marché où seul IBM persiste à vouloir porter une double casquette de vendeur de hardware et de fournisseur de cloud.

Le Cloud est au final un peu comme la Ruée vers l’Or. Parmi ceux qui ont fait fortune en Californie, seuls quelques uns l'on fait en trouvant le métal précieux ; la plupart de ceux qui ont réussi vendaient surtout des pelles des et des pioches. Cisco ne vendra pas des pelles et des pioches, mais il livrera serveurs et commutateurs à ceux qui veulent y aller.

Une stratégie moins risqué pour la firme, plus rentable à court terme et qui évite aussi à Cisco d’apparaître comme un concurrent frontal de ses partenaires. Autre atout, les partenaires sont des clients comme les autres et payent leur infrastructure rubis sur l’ongle, là où le Cloud exige d’investir beaucoup et de se donner du temps pour se constituer une clientèle et des revenus.

Or, bourse et actionnaires obligent, Cisco n’a pas eu ce temps. Peut-être l’entreprise, comme ses concurrents HPE et Dell EMC, le payera-t-elle à long terme.

En attendant, avec cette décision, Cisco a admis de facto qu’il n’avait pas la taille pour se battre sur un terrain de jeu où triomphent chaque jour un peu plus Amazon AWS, Microsoft et Google (et dans une moindre mesure IBM).

Carnet

Changement à la tête de Proservia - filiale de Manpower depuis 2011 qui a réalisé un CA de 137 millions d’euros en 2015, ce qui la met aux portes du Top 30 des ESN en France.

Son président France, Stéphane Clément (et membre du Comité exécutif de ManpowerGroup France), va prendre la direction de l’Europe début 2017.

« Il aura pour mission de définir la stratégie de développement de la marque dans chaque pays », explique sa nomination. Proservia est en effet présent dans 12 pays européens (en plus des 18 agences en France) et au Maroc. La stratégie de croissance de l’ESN est passée cette année par le rachat de l’activité « Infogérance des Infrastructures IT » de HPE Allemagne.

Stéphane Clément devra renforcer les synergies entre les marques de Manpower et aider au succès des ventes « complexes ». Il aura également la responsabilité « d’éventuels projets d’acquisitions » pour continuer la croissance externe.

Pour la France, Jean-François Guyomar – ancien directeur exécutif des activités SI et Télécom du Groupe ALTEN et ex-directeur grands comptes France de SAP – arrive au poste de Directeur Général. Il avait auparavant été Senior Vice-President Monde des ventes de CNET Channel (aujourd’hui CBS News).

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