Comment éviter les interruptions des services lors d’une migration vers le cloud

La prudence est de rigueur lors d’une migration vers le cloud public, et il convient de procéder étape par étape, afin d’éviter toute interruption de services.

Les entreprises migrent de plus en plus vers le cloud, mais pendant cette étape, les équipes IT sont toujours confrontées au même problème : conserver la disponibilité des applications et des services durant les phases de transfert. Avec la complexité des processus induite par le cloud et la migration en elle-même, l’opération reste une épreuve de force. Parmi les problèmes majeurs, les entreprises citent des incohérences au niveau des données, les différentes versions de logiciels et la connexion réseau. Autant d’indicateurs qu’il convient de surveiller pendant la migration.

Pour une entreprise, une interruption de services rime toujours avec une perte de revenus.

Si cela varie d’une entreprise à l’autre, Gartner estimait en 2014 que les interruptions du réseau se traduisent par une moyenne de 5 600 dollars par minute d’indisponibilité. En 2016, Ponemon Institue évaluait le coût d’arrêt impromptu d’un datacenter à 9 000 dollars par minute. Un sondage commandé par IBM auprès du cabinet ITIC en 2020 indiquait que 88 % des 1 200 responsables IT sondés observaient des pertes supérieures à 300 000 dollars par heure lors d’une interruption de services.

Le coût élevé est l’une des raisons pour lesquelles les entreprises sont souvent réticentes à déplacer leurs workloads critiques vers une autre plateforme, y compris le cloud. 

Néanmoins, le cloud public a fortement gagné en estime auprès des entreprises. Forrester Research évalue ce marché mondial à 446 milliards de dollars en 2022, contre 87 milliards de dollars en 2015. En 2021, Gartner évaluait que 70 % des entreprises avaient migré au moins quelques charges de travail dans le cloud.

Les migrations vers le cloud demeurent complexes

En dépit de cette tendance largement positive, il reste certains écueils. Tout processus de migration vers le cloud est difficile. Cela nécessite de longues phases et beaucoup d’efforts, même si les systèmes de production et les systèmes cibles sont entièrement compatibles. Et d’une façon générale, les chances qu’un fournisseur de cloud utilise les mêmes systèmes que sur site restent minces. 

Il reste un point positif : les infrastructures IT sont aujourd’hui plus modulaires que par le passé.

« La virtualisation a permis aux entreprises de déplacer plus facilement les workloads d’un système à l’autre », illustre Lauren Nelson, analyste principale et responsable de l’infrastructure cloud privé chez Forrester Research. 

À l’origine, la virtualisation crée une couche d’abstraction, de sorte que les logiciels ne dépendent pas autant des caprices du système que par le passé. Cela permet de déployer plusieurs machines virtuelles contentant leur propre OS, une application et ses librairies sur un seul serveur, à l’aide d’un hyperviseur.

Architecture de virtualisation
Une comparaison des architectures traditionnelles avec les architectures virtualisées.

La conteneurisation, une méthode de virtualisation particulièrement populaire, pousse le concept un peu plus loin. Elle permet d’isoler des composants applicatifs avec leur propre système d’exploitation léger en s’appuyant sur le kernel de l’OS hôte. Une couche d’orchestration est utilisée entre le kernel et les conteneurs, souvent Kubernetes.

Les applications ne sont plus étroitement liées aux OS et évoluent en fonction de la disponibilité des ressources serveur.

Le problème est que les applications modernes sont souvent granulaires et donc plus complexes. La plupart comportent des dizaines, voire des centaines, de millions de lignes de code. Cette modularité implique alors qu’elles interagissent avec d’autres systèmes.

Migration vers le cloud : par où commencer ?

Il n’est pas possible de déplacer toutes vos applications et votre infrastructure vers le cloud public en une seule étape. « Pour des applications conséquentes, une migration prend entre six à dix-huit mois », confirme Lauren Nelson. 

Il est nécessaire de décomposer le processus de migration en étapes. Il est souvent recommandé de commencer par les composants les plus petits et les plus simples, puis de poursuivre par les services les plus complexes. Il est préférable de confier ce travail à une équipe dédiée, qui assurera – avec le soutien de la DSI – la communication des étapes clés aux métiers. Évidemment, une interruption de services peut être planifiée, mais si toutes les parties prenantes ne sont pas prévenues, elle peut avoir des conséquences néfastes sur l’activité d’une entreprise.

Pendant ces phases de migrations, il convient également d’exécuter deux systèmes en parallèle, un sur site et un autre dans le cloud, de sauvegarder régulièrement les données, de les synchroniser et de tester le déploiement dans le cloud. La documentation de toutes les API est ici clé pour identifier celles que l’on doit surveiller pendant le processus de migration vers le cloud.

En effet, quand une entreprise fait correspondre ses anciennes interfaces avec des nouvelles, tous les détails comptent. Par exemple, une application peut exécuter la version 4.0 d’une interface utilisateur, tandis que le fournisseur cloud dispose de la version 4.1. Celle-ci pourrait inclure une fonctionnalité non prise en charge par l’application et arrêter le système.

Personnalisation et réseau dans le viseur

Les applications personnalisées accentuent ce problème. Lorsqu’une entreprise modifie une application, elle crée généralement une extension spécifique ou réécrit le logiciel. Cette personnalisation crée un décalage : le fournisseur de cloud n’a pas forcément la brique nécessaire pour prendre en charge cette fonctionnalité propre à l’entreprise.

Les communications réseau sont un autre élément critique du cloud public. Lors des phases de transfert d’un site à l’autre, il est nécessaire que les liens WAN fonctionnent à des vitesses suffisamment élevées pour proposer le bon rendement. Dans certains cas, cela demandera une mise à niveau.

N’oublions pas qu’en parallèle de la planification de la migration et le choix des instances cibles, il convient de sélectionner les logiciels qui permettront d’éviter et de résoudre les interruptions de services. Service de backups, de synchronisation, de réplication, outil de supervision, de protection des flux, etc.

Pour contre-balancer cette complexité, les fournisseurs IT, de cloud, et des éditeurs tiers ont développé des outils et des services d’évaluation et de migration.

Citons par exemple Accenture, CDW, CloudMigrator, Dell Technologies, HPE, Metalogix, Vision Solutions et Zenoss – pour n’en lister que certains.

La migration des applications vers le cloud n’est souvent qu’une première étape. Pour profiter pleinement des capacités du cloud, leur modernisation est souvent nécessaire. Là encore, il convient d’anticiper de possibles interruptions de services lors de la manœuvre.

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