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IoT : Ffly4U veut aller au-delà de la simple géolocalisation d’actifs
Spécialiste du suivi d’actifs via réseaux LPWan, Ffly4U vient de boucler une nouvelle levée de fonds de 1,2 M€. L’objectif, pour le Toulousain, est désormais de développer son activité sur 5 verticales métiers.
Créé en 2015, Ffly4u fait partie de cette mouvance de startups qui créent des objets connectés s’appuyant sur les réseaux LPWan Sigfox ou Lora. Ce toulousain a choisi de se positionner sur le marché B2B du tracking d’assets, créant des boitiers connectés à forte autonomie (de l’ordre de 5 à 6 ans) afin de géolocaliser des tourets de câble, des bennes et remorques de camion, des équipements de manutention et, plus récemment enfin, dans l’aéronautique.
En tout, ce sont donc 5 verticales métiers sur lesquelles Olivier Pagès, le fondateur de la startup a choisi de se concentrer : « nous nous sommes aperçus que si l’IoT présente un énorme potentiel de développement, il faut être capable d’offrir des services à haute valeur ajoutée pour chaque verticale métier. Par exemple, à la simple géolocalisation des tourets de câbles, nous avons ajouté un algorithme d’intelligence artificielle capable de calculer le nombre de mètres de câble qui ont été réellement déroulés. C’est une valeur extrêmement intéressante pour nos clients qui peuvent délivrer cette information à leurs clients et qui justifie l’investissement dans les objets connectés eux-mêmes ».
Marier Machine Learning et IoT, un défi technologique
Fournir une telle donnée suppose de disposer d’un algorithme capable de compter les tours que fait le touret sur lui-même lorsque le câble est dévidé, mais cela suppose aussi faire la différence entre les tours que fait le touret sur son dévidoir, des tours que celui-ci fait lorsqu’on le déplace. La startup a dû mettre au point un modèle de Machine Learning capable de délivrer ce type de valeurs à partir des données générées par les capteurs embarqués dans l’objet connecté. Palette de transport posée au sol ou sur un camion, équipement de chantier utilisé durant le week-end, il est possible de générer de multiples informations additionnelles à partir des capteurs présents par défaut dans les boitiers de géolocalisation.
Néanmoins, recourir à des techniques d’intelligence artificielle dans un environnement IoT présente un certain nombre de difficultés, comme le confie l’ingénieur : « comme il n’est pas possible de transmettre suffisamment de données brutes vers nos serveurs sur un réseau LPWan [Low-Power WAN, ou réseau bas débit sans fil], le modèle d’intelligence artificielle doit nécessairement s’exécuter au niveau de l’objet lui-même. C’est un véritable défi, notamment pour la consommation électrique. Nous avons trouvé le moyen de le faire, mais cela suppose de se livrer à un arbitrage entre la puissance du modèle d’IA et la consommation ». Embarquer un modèle d’intelligence artificielle dans le boitier Ffly4u ampute de 6 à 8 mois sa durée de vie totale.
Olivier PagèsFondateur Ffly4u
Une autre spécificité de Flly4U, c’est de contrôler de A à Z le service que la startup fournit à ses clients, depuis la conception mécanique et électronique de ses boitiers jusqu’à la plateforme cloud de mise à disposition des données. « Nous voulons nous distinguer des entreprises d’IoT qui ne se chargent pas du volet hardware. C’est parce que nous concevons nous-mêmes l’électronique et le software embarqué de nos boîtiers que nous sommes aujourd’hui capables d’intégrer des algorithmes d’IA, ce que ne peuvent faire ceux qui achètent des boitiers sur étagère en Chine ou en Thaïlande ».
Autre volet sur lequel la startup veut conserver un contrôle total, celui de la plateforme IoT. Plutôt que d’opter pour une solution existante du marché, Ffly4u a développé sa propre plateforme en s’appuyant sur la solution Open Source du montpelliérain Kuzzle. Avec un tel choix technique, le fondateur de Ffly4u veut garantir la plus grande ouverture d’accès aux données à ses clients, sans coûts récurrents additionnels. Ceux-ci peuvent consulter les données sur la plateforme ou mettre en place une intégration ad hoc via un jeu d’API.
2019, une année d’accélération pour Ffly4u
Alors que l’économie des grands déploiements d’objets connectés se heurte toujours au coût de milliers de boitiers, Olivier Pagès estime qu’avec cette approche à plus haute valeur ajoutée, Ffly4u tient enfin le bon modèle de développement. « Cela faisait 3 ans que nous travaillions sur les tourets qui restaient des supports assez peu valorisés, et c’est avec l’information de géolocalisation plus la longueur résiduelle de câble que la solution est devenue un must sur le marché. C’est au début de l’année 2019 que nous avons compris que nous tenions la bonne approche. Le secteur est plus mature et nous devons accélérer maintenant ».
Cet essor du marché est la raison pour laquelle Ffly4u a levé 1,2 million d’euros afin d’accélérer son développement commercial sur la zone EMEA. Le PDG assure avoir engrangé dès le mois de janvier 2019 un nombre de demandes de déploiement bien supérieur à ce que la startup avait connu jusqu’alors, avec des grands comptes s’engageant sur des déploiements de milliers, voire de dizaines de milliers de boîtiers. « Nous devions nous organiser pour faire face à cette hausse de la demande, tant du point de vue commercial que du point de vue technique ».
Ce pari de la valeur ajoutée va demander à la startup de mobiliser les ressources afin de développer les algorithmes les plus pertinents pour répondre aux cas d’usage identifiés dans chacun des verticaux où se positionne Ffly4u.
Pour l’heure, la startup se concentre sur les cas d’usage dans l’aéronautique, un secteur très présent dans la région de Toulouse, mais Olivier Pagès voit aussi des opportunités à court terme dans le suivi d’activité des véhicules de chantier. Tout l’enjeu va être maintenant de guider l’imagination des Data Scientists pour trouver les informations réellement pertinentes pour les métiers.