Postes de travail : dépasser la seule question du coût pour choisir son architecture

Face aux client légers, VDI, ou encore DaaS, le traditionnel client lourd résiste, notamment du fait des coûts. Mais d’autres facteurs méritent d’être pris en compte, comme la sécurité et la mobilité.

L’idée est bien connue : en consolidant l’infrastructure et l’administration, le VDI doit permettre de faire des économies par rapport à un environnement de postes de travail conventionnels, les clients lourds. L’intuition, relevée par Michael Silver et Frederica Troni, analystes chez Gartner, dans une note d’information à l’intention des clients du cabinet, ne résiste toutefois pas à l’analyse critique des coûts.

Comme ils l’expliquent, « le coût du matériel centralisé, y compris les serveurs hyperconvergés et le stockage flash, reste élevé ». Ce qui vaut aussi pour les licences logicielles. Dans ce contexte, « les économies de main d’œuvre réalisées en n’ayant pas à supporter des PC sont absorbées par des ingénieurs serveurs et logiciels moins nombreux, mais plus onéreux et hautement compétents ».

Des coûts toujours trop élevés

Dans la pratique, un poste de travail traditionnel, « modérément administré », revient, en coût total de possession (TCO) annualisé, à près de 2900 $, selon les analystes. Le VDI mutualisé s’affiche à un tarif un peu plus bas – autour de 2700 $. Mais pour le VDI persistant, il faut compter environ 2930 $. Le DaaS peine à soutenir la comparaison : en mode persistant, la facture monte à plus de 3300 $ ; en non persistant, elle flirte déjà avec les 3080 $. Des TCO qui renvoient à ceux des ordinateurs portables.

La comparaison des différentes approches de fourniture de postes de travail sur la seule base des coûts directs peut paraître plus flatteuse. Mais les bénéfices retirés en matière de productivité des utilisateurs – les coûts ou économies indirectes selon la méthodologie retenue par les deux analystes – ne sont pas suffisants pour faire véritablement pencher la balance en faveur du DaaS ou du VDI – exception faite là d’une approche hautement mutualisée.

Mais la promesse du poste de travail en mode service, le DaaS, n’est-elle pas de faire tomber les barrières à l’entrée dans le monde du poste de travail virtualisé ? Si. Pour autant, selon Michael Silver et Frederica Troni, « le DaaS continue d’être significativement plus cher que le VDI, avec des coûts directs plus de 20 % supérieurs à ceux d’un déploiement VDI ».

Les sessions sur serveur comme alternative

Les alternatives économiques au client lourd conventionnel sont à chercher ailleurs, et en particulier du côté des environnements de type client léger, avec accès distant à des sessions de travail sur des serveurs (RDS). Dans ce contexte, la facture peut baisser considérablement.

L’environnement de travail mis à disposition des utilisateurs s’avère là hautement maîtrisé. Et ce niveau de contrôle supplémentaire n’est pas sans effets bénéfiques sur les coûts – directs, sur la maintenance, par exemple, comme indirects, sur la productivité des utilisateurs.

Michael Silver et Frederica Troni avancent donc un TCO annualisé de 2 506 $ par poste de travail très strictement maîtrisé contre moins de 2 260 $ pour un environnement centralisé complété par un outil d’administration tiers tels que Citrix XenApp, VMware Horizon Apps, Ericom AccessNow, ou Parallels Remote Application Services.

La difficile question des ordinateurs portables

Les besoins spécifiques de certaines populations sont susceptibles d’orienter vers une approche ou l’autre, selon les cas d’usage. Ce qui ne manque pas de renvoyer à la question des ordinateurs portables.

Là, les deux analystes envisagent trois scénarios de base : ordinateur fourni par l’entreprise, sans que l’utilisateur n’ait son mot à dire ; ordinateur fourni mais choisi par l’utilisateur (CYOD, pour choose your own device) ; et enfin appareil personnel, choisi et apporté dans l’entreprise par l’utilisateur (BYOD).

L’approche du CYOD, avec une couche d’administration moderne – EMM/UEM – ressort avec un TCO de moins de 3000 $, à près de 300 $ d’économie par rapport à la fourniture d’une machine entièrement contrôlée et maîtrisée par l’entreprise. Avec une surcouche d’accès RDS pour certaines applications métiers, le coût de revient est quasiment identique. Et cela vaut aussi pour le BYOD.

Dépasser la notion de TCO

En fait, pour Michael Silver et Frederica Troni, ce que montrent ces chiffres, c’est surtout qu’il convient d’ouvrir la réflexion au-delà de la seule question d’un TCO qui ne représente « jamais que très rarement le coût ‘total’ de possession ». Certaines expériences ne manquent d’ailleurs  pas de surprendre, tant elles peuvent paraître contre-intuitives : IBM estime par exemple réaliser des économies significatives en déployant massivement des Mac.

Les deux analystes estiment ainsi qu’il convient de prendre en compte d’autres aspects, comme la sécurité et la mobilité, notamment pour construire le dossier économique de projets de VDI. Ils encouragent à l’adoption d’environnements basés sur RDS pour réaliser de solides économies. Et enfin, ils recommandent de limiter le recours au DaaS aux cas où ni les compétences ni la masse critique nécessaires au VDI ne sont présentes, ou lorsqu’est nécessaire une forte élasticité.

Pour approfondir sur Administration des terminaux (MDM, EMM, UEM, BYOD)

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