Rapatrier les données du cloud : de quoi s’agit-il et quand en bénéficier ?
Cet article évoque la tendance croissante de rapatrier des données depuis le cloud, les raisons pour lesquelles les entreprises rapatrient des données, les avantages et les inconvénients, qui peut en bénéficier le plus, et comment décider quelles données déplacer.
La croissance annuelle du stockage et de l’informatique en cloud suggère une tendance inéluctable des clients à ne plus posséder et gérer leurs propres centres de données, leurs propres équipements de calcul, de stockage et de réseau. Mais bien que le cloud continue de croître (il représente jusqu’à 50 % de l’infrastructure informatique mondiale), un nombre important d’entreprises font le chemin inverse et ramènent le stockage et les applications sur site.
Ce « rapatriement » des données et des charges de travail depuis le cloud ne signifie pas pour autant que le cloud est tombé en désuétude. Il s’agit plutôt de la preuve que le marché a mûri et que le cloud est désormais considéré comme une manière parmi d’autres de fournir des capacités informatiques.
Qu’est-ce que le rapatriement des données depuis le cloud ?
Le rapatriement depuis le cloud est le processus de déplacement des charges de travail de l’infrastructure d’un cloud public vers des infrastructures sur site. Il peut s’agir d’un datacenter appartenant à l’entreprise, d’une colocation ou d’autres installations partagées.
Selon une étude de Citrix menée au Royaume-Uni, 25 % des entreprises ont transféré sur site au moins la moitié des charges de travail qu’elles faisaient fonctionner en cloud.
Dans de rares cas, les clients peuvent choisir de rapatrier uniquement les données sur du stockage interne. Cela est généralement dû à des préoccupations spécifiques concernant la souveraineté des données, la sécurité et les réglementations.
Le plus souvent, les entreprises rapatrient l’architecture de stockage et de calcul. Cela permet aux DSI de maintenir un couplage étroit entre le calcul et le stockage, et de tirer potentiellement parti des avantages en matière de performances grâce à l’optimisation de leur technologie.
Les entreprises peuvent également choisir de rapatrier les machines virtuelles, inversant ainsi les migrations cloud « lift and shift » antérieures.
Pourquoi les entreprises rapatrient-elles leurs applications cloud ?
« De nombreuses entreprises constatent que les coûts du cloud public sont étonnamment élevés à grande échelle. »
Rahul GuptaExpert en transformation cloud, PA Consulting
« Les préoccupations en matière de coûts sont l’un des principaux facteurs de risque », explique Rahul Gupta, expert en transformation cloud chez PA Consulting. De nombreuses entreprises constatent que les coûts du cloud public sont étonnamment élevés à grande échelle. »
Dans d’autres cas, les DSI souhaitent un environnement plus stable (l’innovation et le développement constants qui caractérisent les plateformes cloud ne sont pas toujours un avantage). Ou ils ont des exigences spécifiques en matière de protection des données, de sécurité ou de conformité qui sont plus faciles à satisfaire avec des technologies sur site.
Il existe également des tendances sur le marché du cloud, notamment la pression sur les prix due à la hausse des coûts de l’énergie et à la demande croissante, notamment en matière d’IA.
« L’inflation et l’IA exercent une pression à la hausse sur les prix du cloud. »
Adrian BradleyResponsable du cloud, KPMG UK
Une pénurie de puissance de traitement haut de gamme fait grimper les coûts. « L’inflation et l’IA exercent une pression à la hausse sur les prix du cloud », explique Adrian Bradley, responsable du cloud chez KPMG UK. « Cela modifie l’équilibre économique relatif entre le cloud et les services sur site. Il est donc logique pour une entreprise de se demander si elle tire la bonne valeur de ses actifs cloud. »
Pour d’autres clients, cependant, le changement se résume à des raisons plus fondamentales. Les DSI pensent qu’ils peuvent mieux optimiser leur architecture technologique en interne et tirer davantage parti de leurs investissements. Et, à mesure que le marché mûrit, les entreprises constatent que certaines charges de travail sont plus pratiques et économiques à exécuter localement.
« Le resserrement général de la capacité des data centers dans le cloud public signifie que l’arbitrage a changé », explique Adrian Bradley.
Comment choisir les données à rapatrier ?
Après le coût, les deux principaux critères de rapatriement des données sont les questions de conformité et de réglementation, lorsque les entreprises souhaitent obtenir des garanties spécifiques concernant l’emplacement et les performances des données.
« Certaines charges de travail qui nécessitent des performances élevées et une faible latence, comme les données de marché, atteignent de meilleures performances sur site. »
Rahul GuptaExpert en transformation cloud, PA Consulting
Dans les secteurs hautement réglementés, tels que la santé et la finance, la (re)localisation des données sur site peut être imposée à un client. Les performances sont moins évidentes.
Certaines entreprises exécutent avec succès des charges de travail à hautes performances dans le cloud, mais pour d’autres, il y aura des goulets d’étranglement. « Certaines charges de travail qui nécessitent des performances élevées et une faible latence, comme les données de marché, atteignent de meilleures performances sur site », explique Rahul Gupta de PA Consulting.
Parfois, ces goulets d’étranglement peuvent être réduits en repensant l’infrastructure cloud ou en tirant parti des options de stockage plus performantes du fournisseur.
Dans d’autres cas – en particulier les systèmes qui dépendent de capteurs ou d’instruments (comme la R&D ou la chaîne de production) –, rapprocher le stockage de la source de données apportera des gains de performances évidents.
Quels sont les inconvénients de rapatrier les données du cloud ?
Les inconvénients du rapatriement du cloud sont en grande partie le reflet des avantages du cloud.
Les entreprises peuvent avoir besoin de faire évoluer rapidement leur infrastructure, ce qui est plus difficile en interne. Elles doivent acheter du matériel, souvent dans des délais très longs, et trouver de l’espace dans un centre de données pour le déployer. Les clients peuvent également manquer de fonds pour investir en capital ou préférer dépenser de l’argent sur d’autres priorités. Et, comme pour tout projet informatique à grande échelle, il y a des coûts ainsi que des risques.
Le principal coût « caché » du rapatriement des données du cloud est en fait assez bien connu. Il s’agit des frais de sortie des données, où les fournisseurs de cloud facturent des frais élevés pour déplacer les données hors de leurs systèmes. Mais ces frais sont devenus plus transparents ces derniers temps, et les entreprises peuvent toujours décider que le coût est compensé par les avantages.
Comme le souligne Adrian Bradley de KPMG, les frais de sortie n’inquiètent qu’une minorité de clients. Mais chez ceux pour qui ils sont importants, ils comptent beaucoup. C’est ce que confirme l’enquête de la CMA britannique sur le marché du cloud.
Les entreprises peuvent également constater qu’elles paient plus cher pour les licences que pour la technologie sur site, notamment pour les outils de gestion et la sécurité. Dans le cloud, ces coûts sont généralement regroupés avec le produit principal.
Le personnel est un autre coût que les entreprises négligent. L’entreprise dispose-t-elle du personnel qualifié pour optimiser un matériel sophistiqué sur site, y compris des baies de stockage récentes ? Si les entreprises ont beaucoup investi dans les compétences cloud, toute cette expertise ne sera pas transférable.
Et c’est pourquoi ce sont les entreprises les plus avancées et les plus matures qui rapatrient la charge de travail cloud, suggère Adrian Bradley de KPMG. Elles ont les compétences nécessaires pour optimiser leur technologie sur les plateformes cloud et sur site et pour analyser les coûts relatifs.