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Tout sur HyperIntelligence, « la BI à la Iron Man »

MicroStrategy a repensé son offre BI avec sa version 2019 et des « HyperCards » qui diffusent l'analytique à un public métier le plus large possible. Une nouveauté que le « Monsieur Produit » de l'éditeur compare à une des fonctionnalités spectaculaires de la combinaison du héros de Marvel.

Lors de son passage à Paris pour l'évènement clients « Symposium » de MicroStrategy, Hugh Owen (SVP Product Marketing) a accordé un entretien au MagIT dans lequel il a abordé le virage majeur qu'est en train de vivre l'éditeur.

Dans la première partie de cet échange, Hugh Owen est revenu sur la volonté de MicroStrategy d'être « la Suisse de la BI ». Dans la deuxième, il expliquait comment cette stratégie se traduit concrètement dans la nouvelle version MicroStrategy 2019.

Dans cette troisième partie, le responsable décortique la nouveauté star de cette version 2019 : HyperIntelligence, une manière de présenter les données sous formes de cartes intégrées aux applications (des HyperCards), personnalisables en fonction des cas d'usage, et qui apparaissent comme les informations sur la visière du casque du héros Marvel, Tony Stark, alias Iron Man (comme l'explique Hugh Owen).

LeMagIT : Pouvez-vous revenir sur la fonctionnalité présentée comme « la » grande nouveauté de la nouvelle version majeure de MicroStrategy : HyperIntelligence ?

Hugh Owen : Oui, bien sûr. Ceci, c'est difficile d'expliquer HyperIntelligence avec des mots, c'est très visuel. Il faut le voir en action parce que quand vous le voyez, vous vous dites : « oui, ok, d'accord. C'est pertinent ».

Mais je vais essayer quand même. L'idée de départ, c'était d'avoir la capacité de regarder instantanément les mots d'une page web et - si HyperIntelligence reconnaît un mot comme un attribut clé - de le souligner et de faire apparaître une carte avec des données clés sur cet attribut juste en passant la souris sur le mot en question.

Exemple d'HyperCard dans la version web de Excel

Vous connaissez le film de Marvel : « Iron Man » ? Ce qui est génial avec Hollywood, c'est qu'ils n'ont pas à se soucier des limites de la réalité et des coûts. Ils peuvent imaginer ce qu'ils veulent. Et résumé, « Iron Man », c'est un humain, Tony Stark, vous le mettez dans une combinaison et il peut voler. Mais en plus, grâce à cette combinaison, quand Tony Stark vole un peu partout, de l'information apparaît constamment dans son champ de vision quand il regarde des choses. Il voit le méchant et tout de suite il obtient des informations sur lui. Il voit un bâtiment, ou une fusée qui s'approche de lui, et il a sur le champ des informations pertinentes à leur sujet. En termes BI, on dirait que c'est de l'information d'une base de données relationnelle qui apparaît devant sur sa visière.

« Iron Man voit un bâtiment, ou une fusée qui s'approche, et il a sur le champ des informations pertinentes à leurs sujets. [...] C'est exactement ce que fait HyperIntelligence »
Hugh OwenMicroStrategy

Et bien c'est exactement ce que fait HyperIntelligence. C'est comme transformer chaque employé en « Iron Man ».... sans le costume et sans les supers pouvoirs.

LeMagIT : Vous dites (NDR : dans la première partie de cet entretien) que beaucoup de fonctionnalités étaient développées en s'appuyant sur les retours de vos clients. Est-ce le cas ici aussi ?

Hugh Owen : Non, HyperIntelligence est le résultat d'un hackathon interne que nous avons fait il y a quelques années. Cela ne vient pas d'un feedback.

C'est un tel niveau d'innovation qu'il est difficile pour un client de le demander, parce que c'est quelque chose qui est très transformateur.

Après le hackathon, on l'a essayé en interne. Puis on l'a donné à quelques vendeurs qui l'ont tout de suite adoré. Nous l'avons donc intégré dans MicroStrategy 2019.

LeMagIT : C'est votre concept de « zéro-clic BI » ?

Hugh Owen : Exactement. Nous l'avons aussi appelé « HyperIntelligence » parce que « hyper » est le superlatif d'à peu près tout et aussi parce que le fait de passer sur un mot d'une page internet [pour afficher de l'information] rappelle un hyperlien.

« Nous l'avons appelé HyperIntelligence parce que le fait de passer sur un mot d'une page internet [pour afficher de l'information] rappelle un hyperlien »
Hugh OwenMicroStrategy

LeMagIT : Pour vous, quel type d'informations peut être pertinent à mettre sur une de ces cartes ?

Hugh Owen : Les cartes [NDR : les HyperCards dans le jargon de MicroStrategy] sont un excellent moyen de pousser différentes informations. Cette information peut être aussi simple que le numéro de téléphone de quelqu'un. Il ne s'agit alors pas de données agrégées, mais d'une simple donnée unitaire brute [NDR : « point of data »].

Mais il peut aussi s'agir de choses plus évoluées comme le nombre d'années pendant lesquelles cette personne a travaillé dans l'entreprise et ses performances.

C'est aussi un excellent tremplin pour les résultats des algorithmes de Machine Learning et pour les conseils sur la meilleure action à prendre [NDR : « next best action »]. Nous avons une superbe application qui fonctionne au Boston Children's Hospital. Ils ont mis au point un algorithme qui prédit, lorsque quelqu'un entre à l'hôpital, le nombre de nuits où cette personne aura besoin d'un lit. C'est un algorithme qu'ils ont construit eux-mêmes en R ou en Python. Il prédit également, pendant que les patients sont à l'hôpital, à quel moment ils seront en mesure de partir.

L'un des plus grands défis de cet hôpital est d'allouer correctement les places disponibles. Ils ont un nombre limité de lits. Plus ils peuvent être efficaces, plus ils peuvent accueillir d'enfants et les soigner.

Ce que je veux dire, c'est que cet algorithme ne serait pas utile s'il était uniquement dans les mains d'un seul analyste, sur son écran à lui et nulle part ailleurs. La raison pour laquelle cet algorithme est utile d'un point de vue opérationnel, c'est parce qu'ils l'ont mis sur une application d'un iPad qu'ils ont donné à chaque infirmière. Et là, soudain, 3 000 personnes se promènent dans l'hôpital et s'en servent.

LeMagIT : C'est un bel exemple, mais n'avez-vous pas peur que vos concurrents disent que c'est une sorte de « gadget beau mais inutile » ?

Hugh Owen : Je ne crois pas, non. Je pense même qu'ils vont essayer de nous copier... mais ce ne sera pas facile ! Pour faire HyperIntelligence, vous devez gérer les différentes couches BI et toutes les sources de données. L'information vit dans de nombreux endroits différents. Et vous devez le faire rapidement si vous voulez que les cartes s'affichent instantanément.

MicroStrategy a toujours été très doué pour générer des données précieuses. Notre question était : comment faire en sorte que le plus de gens possible l'utilisent ? Et ce n'est vraiment pas un "gadget" parce qu'avec HyperIntelligence, vous allez soudainement injecter la valeur de la BI dans la vie de 100 % des gens et plus seulement la réserver à ceux qui vont regarder des tableaux de bord.

« Les HyperCards ne sont pas un gadget. HyperIntelligence injecte la valeur de la BI dans la vie de 100% des gens. Elle n'est plus réservée à ceux qui vont regarder des tableaux de bord »
Mark OwenMicroStartegy

MicroStrategy vous donne la flexibilité de construire ces cartes très facilement, en moins de deux minutes et de les déployer auprès de milliers de personnes. Et ce que nos clients choisissent de mettre sur ces cartes est entièrement sous leur contrôle.

Je vous le dis, ce n'est pas un gadget et ce ne sera pas facile à reproduire pour nos concurrents.

LeMagIT : Puis-je utiliser HyperIntelligence dans n'importe quel client d'application ou seulement sur des pages web ?

Hugh Owen : Pour le moment, nous avons HyperIntelligence dans le navigateur et HyperIntelligence pour les smartphones. Nous allons sortir ce trimestre HyperIntelligence pour [le client] Outlook.

Aujourd'hui, si vous utilisez Outlook dans le navigateur [NDR : dans Office 365], nous allons évidemment afficher des Cards sur les mots qui apparaissent dans vos mails au niveau de la messagerie en ligne. Mais beaucoup de gens préfèrent utiliser le client Outlook natif [sur leur bureau].

L'UI d' HyperCards dans un navigateur est très différente de celle sur un téléphone, et elle est aussi légèrement différente de celle dans Outlook.

HyperCard dans le navigateur sur le webmail Outlook.

Dans Outlook [sur bureau] aurez donc une fenêtre sur le côté droit qui affiche les cartes, avec un workflow légèrement différent, mais tout s'appuiera sur les mêmes données et les mêmes attributs.

Nous savons également que beaucoup de gens utilisent des applications autres qu'Outlook ou leur navigateur. Par exemple, moi j'ai un Mac et je recherche beaucoup de choses avec Spotlight. J'utilise aussi Slack. Les gens utilisent beaucoup, beaucoup de choses différentes. Nous sommes donc en train de construire une version d'HyperIntelligence que vous pouvez installer au niveau de l'OS. Cette version sera en mesure de rechercher tout ce que vous voulez dans tout ce qui est en cours d'exécution dans votre système.

Vous aurez donc des cartes HyperIntelligence sur Mac, sur smatphones, sur PC, et vous pourrez également créer une application que vous pourrez installer directement sur Apple TV ou sur Chromecast [NDR : pour salles de conférence, centres d'appels ou de distribution par exemple].

LeMagIT : Toujours à propos d'HyperIntelligence, travaillez-vous sur des connecteurs, ou des extensions pour des applications comme Workday, Zoom, OneDrive, DropBox, etc ?

Hugh Owen : Oui. A date, nous avons déjà des connecteurs pour environ 250 systèmes. Avec eux, vous pouvez construire des HyperCards par dessus toutes ces applications. Il sera par exemple très facile de construire une HyperCard sur Workday, ou sur OneDrive - ou sur les deux - si vous avez un bon cas métier qui vous pousse à faire cela.

Lire aussi la 4e partie : MicroStrategy : « Nous travaillons aussi avec Google Cloud »

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