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MicroStrategy veut être la « Suisse de la BI »

Lors de son passage en France pour le Symposium MicroStrategy, Hugh Owen, le « Monsieur Produits » de l'éditeur, a détaillé sa stratégie d'ouverture « agnostique », aussi bien pour ses clients existants que pour en séduire de nouveaux face à une concurrence de plus en plus féroce.

Hugh Owen est ce qu'on appelle « un bon client ». À l'aise sur scène comme en face à face, le Gallois a rejoint MicroStrategy en 2000. Il a, depuis, accompagné les évolutions technologiques de l'éditeur avant d'en devenir le SVP Product Marketing depuis bientôt 5 ans.

Mais Hugh Owen n'est pas qu'un « show man » qui a le sens de la formule. Sa vision du marché est claire, tout comme celle qu'il a de la stratégie de MicroStrategy.

Lors de son passage à Paris pour l'évènement clients « Symposium », Hugh Owen a accordé un long entretien au MagIT dans lequel il a abordé le virage majeur qu'est en train de vivre de l'éditeur et sa traduction dans son offre de BI.

Dans la première partie de cet échange, Hugh Owen revient sur l'intérêt d'être à la fois un « pure player » et indépendant, avec une stratégie de plus en plus agnostique et axée sur l'ouverture.

LeMagIT : MicroStrategy met en avant son indépendance - vous ne faites pas partie d'un grand groupe - et le fait qu'il est l'un des derniers acteurs purement spécialisés de la BI. Qu'est-ce que cela signifie concrètement pour vos clients ?

Hugh Owen : Notre but est de continuer à être indépendant parce que cela nous donne la liberté de faire ce que nous voulons. L'un des avantages de ce que nous sommes, et de notre taille [intermédiaire], c'est que nous pouvons travailler en partenariat avec un grand nombre d'organisations.

En France, Carrefour en est un très bon exemple depuis 10 ou 15 ans. Nous sommes suffisamment gros pour créer des solutions qui peuvent avoir un impact énorme dans leur entreprise. Mais nous restons suffisamment petits pour créer une vraie relation avec eux - ils ont une influence directe sur nos produits.

Il serait difficile pour la plupart des organisations d'avoir cette relation avec un IBM ou un SAP. Nous sommes suffisamment petits pour être un partenaire, mais assez grands pour bien faire des choses ambitieuses.

« Nous sommes suffisamment petits pour être un partenaire et assez grands pour bien faire des choses ambitieuses »
Hugh OwenSenior Vice President MicroStrategy

Un autre avantage de notre indépendance est que nous sommes agnostiques.

Si vous regardez toutes les variantes de bases de données et la diversité des endroits où l'information peut exister aujourd’hui (NDR : ERP, CRM, HCM, datalakes, etc.), vous vous rendez compte qu'il faut être capable de vous y connecter, peu importe où la donnée se trouve. Il faut être la « Suisse de la BI ». Si vous êtes un très gros éditeur, comme SAP, votre solution analytique est évidemment optimisée pour votre base, comme SAP HANA. Vous proposez toute une stack. C'est le modèle économique de ces acteurs.

De notre côté, comme nous sommes indépendants, il y a un vrai avantage pour nos clients : nous devons être capables de nous connecter à absolument tout. Nous devons être capables de créer de la valeur dans toutes les configurations possibles. Vous devez pouvoir déployer notre plate-forme aussi bien sur AWS que sur Azure. Alors que si vous prenez Power BI... c'est optimisé pour le cloud de Microsoft. Et c'est tout à fait naturel.

« Nous devons être capables de nous connecter à absolument tout »
Hugh OwenMicroStrategy

En résumé, notre indépendance offre à nos clients un nombre important de choix parce que nous voulons être en mesure de supporter tout ce qu'ils pourraient vouloir faire.

LeMagIT : Vous venez d'évoquer votre relation avec Carrefour. Développez-vous vos produits en fonction des retours de vos clients ?

Hugh Owen : Une grande partie de ce que nous faisons s'appuie en effet sur ce que nous voyons quand nous aidons nos clients à résoudre leurs problèmes. Nos utilisateurs vont des grandes banques nord américaines, aux distributeurs français en passant par les sociétés d'électronique en Corée du Sud. Tous ces retours sont une source de connaissances très utiles pour nous.

LeMagIT : Certains fournisseurs de solutions professionnelles, comme Workday par exemple, affirment qu'il est préférable d'avoir une couche analytique (la leur) intégrée à une suite applicative, plutôt que d'y ajouter une couche de BI - comme avec un Qlik ou un Tableau... ou vous. Pourquoi vos clients préfèrent-ils au contraire avoir du MicroStrategy ?

Hugh Owen : Ce que j'ai découvert au fil des années, c'est que tout le monde veut avoir sa propre analytique, sur mesure. Les utilisateurs veulent que l'information soit présentée d'une certaine façon, ordonnée d'une certaine façon, avec certains paramètres. Ils veulent avoir leurs indicateurs, issus d'une agrégation basique et les compléter avec des informations plus prédictives ou plus prescriptives. Ils veulent que leurs indicateurs collent à leurs workflows et à leurs process métiers. Ils veulent des informations qui synthétisent leurs priorités du jour. Ils veulent aussi avoir la liberté de changer et d'avoir d'autres représentations dans six mois.

Cette liberté et ce niveau de personnalisation ne sont pas possibles avec une solution pré-packagée.

Ceci étant, dans des applications comme Workday ou Google, plus les gens utilisent l'analytique, mieux c'est ! Google Analytics permet aux webmestres de suivre très facilement leur site Web. MicroStrategy peut ensuite prendre ces informations contenues dans Google Analytics et les compléter avec d'autres sources - Salesforce ou Workday par exemple. Nous sommes en mesure de fusionner toutes ces données dans une couche au dessus de tous ces systèmes. Ce serait impossible à faire dans Google, ou Workday, ou Salesforce.

« MicroStrategy s'affranchit de la complexité des systèmes sous-jacents sans déplacer les données dans un système centralisé »
Hugh OwenMicroStrategy

La plate-forme MicroStrategy est capable de s'affranchir de la complexité des systèmes sous-jacents sans que vous ayez à déplacer les données dans un système centralisé.

Et puis que ce soit Salesforce ou Workday, ce ne sont pas des systèmes historiques. De nombreuses entreprises normalisent leurs données Salesforce avec MicroStrategy parce qu'elles en font en continu des snapshots pour alimenter un Datalake.

LeMagIT : Êtes-vous aussi indépendant pour les interactions vocales (les assistants vocaux) ? Êtes-vous agnostique en terme de technologie NLP / NLG / NLU ou utilisez-vous les APIs de Google ou de Microsoft ?

Hugh Owen : De la même manière que nous ne construisons pas de bases de données relationnelles, nous ne construisons pas de systèmes vocaux. Nous aidons nos clients à tirer parti [de ces interfaces en langage naturel] pour résoudre leurs problèmes d'analytique, mais nous n'en faisons pas.

Nous nous intégrons avec Alexa par exemple. Nous supportons le développement des skills Alexa pour que vous puissiez construire un assistant vocal et poser des questions aux informations qui sont dans MicroStrategy.

Nous travaillons aussi sur des intégrations avec Siri et d'autres assistants vocaux. Mais nous nous concentrons surtout sur Alexa à l'heure actuelle parce que c'est celui qui a l'ensemble le plus ouvert d'APIs.

En fin de compte, il nous semble que nous servirons mieux nos clients si nous nous intégrons aux meilleurs assistants vocaux de chaque catégorie ; et si nous leur donnons la souplesse de choisir ce qui est le mieux pour eux. C'est ce que nous faisons avec le cloud, avec les bases de données, avec les sources Big Data ou avec les terminaux mobiles. Nous voulons laisser le choix.

Lire aussi :
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a 2è partie de cet article : L'essentiel sur MicroStrategy 2019
La 3e partie : Tout sur HyperIntelligence, « la BI à la Iron Man »
La 4e partie : MicroStrategy : « Nous travaillons aussi avec Google Cloud »

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