Le Crédit Mutuel Arkea identifie ses clients avec la Blockchain

La banque a mis en place un mécanisme d’identification de ses clients en se reposant sur cette technologie distribuée très tendance. IBM a fourni l’ossature technologique et la méthode.

Le Crédit Mutuel Arkea collabore avec IBM autour de la mise en place de la Blockchain pour identifier ses quelques 3,6 millions d’utilisateurs.

La Blockchain est une base de données distribuées qui fait office de sceau certificateur dans le cadre de transactions, par exemple.

Selon Laurent Ovion, en charge de l’innovation et de la transformation numérique au sein de la banque française, l’objectif du projet est d’améliorer la satisfaction des nouveaux clients en éliminant les longues procédures de souscriptions aux produits de la marque. « L’identification des clients peut être une procédure difficile tant pour nos clients que pour nos collègues du réseau », explique-t-il.

Les régulateurs imposent en effet aux banques et aux acteurs des services financiers de mettre en place un processus de reconnaissance de leurs clients (KYC – Know your customer) à chaque fois qu’un client souscrit à l’un de leurs services – une opération souvent répétitive et longue qui nécessite de la part du client l’entrée de nombreuses informations.

Comme les banques ont généralement mis en place autant de systèmes IT qu’il y a de produits et de services, l’opération se répète lorsque le client existant d’une banque souhaite ouvrir un nouveau compte ou utiliser un autre service. Ce qui peut être assez frustrant et, bien sûr gâche du temps et de l’argent. « Chaque fois qu’un client souhaitait acheter un nouveau produit ou vérifier son identité, un long processus démarrait », assure le responsable. « Cela représente une perte de temps et d’énergie ».

Mais en entrant les informations détaillées du client dans une Blockchain, ces éléments d’identification deviennent accessibles de façon sécurisée dans tous le réseau de la banque. Les clients n’ont pas besoin de fournir deux fois la même information, ajoute Laurent Ovion.

« Si vous soulez ouvrir un nouveau compte dans une succursale et avez déjà un compte, une souscription en ligne ou une assurance vie dans l’établissement, nous allons vérifier ces informations avec la Blockchain », soutient-il.

Après une période de réflexion de 8 mois, le Crédit Mutuel Arkea a démarré un test avec IBM pour développer un réseau opérationnel. Celui-ci devait permettre aux équipes, avec les bonnes permissions, d’afficher les informations identitaires des clients qui suivent le processus KYC.

Durant cette phase de test, plusieurs technologies IBM ont été mises en place et des partenariats noués. Les tests ont ainsi transités par le Studio IBM de Paris pour la conception, le Garage Bluemix et les  Blockchain Services pour le développement agile du projet. La plateforme Bluemix a servi de socle technologique. Le système repose sur le projet Open Source Hyperledger Project, une technologie de Blockchain qui compte IBM parmi ses contributeurs.

Contraindre le Legacy avec la Blockchain

De nombreuses banques de détails disposent encore d’un important legacy, bâti sur d’anciennes technologies. Celui-ci ne peut pas être modifié, pour des raisons de sécurité ou encore financières. Ce qui crée non seulement des silos, mais rend aussi difficile toute transition vers le numérique. De tels systèmes compliquent également l’exploitation des données clients pour personnaliser les services et en améliorer le support.

Les technologies de « Grand Livre » distribué (ce qui caractérise la Blockchain) viennent briser les silos de données clients, en permettant aux différents départements d’une entreprise d’avoir accès à  un jeu unique de données, réduisant au passage les processus et la duplication des données.

Ces données clients, une fois entrées dans le système, peuvent ainsi être utilisées par les métiers, pour par exemple l’ouverture d’un compte en banque, l’achat d’une assurance vie ou la demande d’un prêt. « Nous souhaitons mettre en place plus qu’un prototype. Nous voulons faire quelque chose qui fonctionne sur notre système et que cela soit différent. Nous voulons une solution non transactionnelle à base de Blockchain », insiste Laurent Ovion.

Le système a été testé en juin 2016 auprès d’un petit nombre de clients avant d’étendre la procédure auprès de succursales présélectionnées à la fin de l’année. Actuellement, le système n’est pas « temps réel » car la technologie n’est pas encore totalement intégrée à tous les systèmes de la banque. « Si vous ouvrez un compte dans la matinée et un second dans l’après-midi, cela ne sera pas synchronisé, mais si vous vous le faites le lendemain, cela fonctionne », assure-t-il. Mais le Crédit Mutuel Arkea pense que dans le futur, le système deviendra instantané et que la technologie sera étendue à tous les départements et tous les clients.

La Blockchain pour tous ?

Pour l’heure, la Blockchain est principalement utilisée pour gérer les transactions réalisées en Bitcoins. Toutefois, d’autres cas d’usage sont à l’étude, comme par exemple, ceux portant sur la sécurité de l’Internet des objets (IoT).

Laurent Ovion pense quant à lui que ces tests menés par la banque pourraient bien intéresser d’autres entreprises – celles qui se battent avec des systèmes en silo et des processus de souscriptions trop longs. Selon lui, cela pourrait être utilisé dans la téléphonie  pour la vente de contrats, pour l’achat d’assurance ou encore des demandes de prêts.

« De toute évidence, si nous pouvons construire un système unique pour toutes les banques en France et en Europe – et même si toutes ne sont pas impliquées -, cela pourrait s’avérer clé, tant pour le clients que pour nous », ajoute-t-il. « Les entreprises susceptibles de s’intéresser à la vérification d’identité sont nombreuses. »

Le Crédit Mutuel Arkea espère que la technologie sera déployée dans toutes les succursales en 2017.

Traduit et adapté par la rédaction

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