Dix ans d’infrastructure ouverte

OpenStack a dix ans ! Ce projet open source, permettant à tous de déployer une infrastructure programmable de type cloud computing, a été créé en 2010. Que s’est-il passé durant cette décennie ? Et que va-t-il se passer dans la décennie à venir ?

La naissance de l’infrastructure ouverte

Rappelez-vous. En 2010, l’infrastructure était le domaine du logiciel propriétaire. VMWare dominait sans partage le monde de l’infrastructure privée d’entreprise grâce à VMWare ESX. Amazon Web Services n’avait pas vraiment de concurrent sérieux dans l’offre de cloud public. C’est dans ce contexte que OpenStack est né : offrir une alternative open source permettant de fournir de l’infrastructure programmable, que ce soit dans un contexte privé, pour les besoins d’une entreprise ou d’un organisme spécifique, ou dans un contexte public, pour n’importe qui dans le monde muni d’une carte de crédit.

Beaucoup ont douté du projet dès son essor, le considérant non viable. Certains analystes prédisaient ainsi que le concept de cloud privé n’avait aucun avenir, alors que d’autres ne voyaient de salut que dans la copie pure et simple des APIs d’Amazon. Mais dix ans plus tard, la réalité est tout autre.

Le cloud privé s’est bel et bien établi comme incontournable, poussé par des besoins de maîtrise des coûts, de capacités spécifiques ou de réglementation. Faisant écho à cette demande, Amazon Web Services a même sorti sa propre version privée, nommée Amazon Outposts. OpenStack est utilisé partout dans le monde et dans tous les secteurs, avec un succès particulier dans la recherche et les télécommunications.

Du côté du cloud public, la bataille est plus féroce que jamais entre les géants AWS, Google Compute Cloud, Azure… chacun proposant sa propre API. Mais la plus grande diversité géographique vient des clouds publics basés sur OpenStack, comme OVH, Rackspace, Vexxhost, présents sur plus de 70 régions tout autour du globe.

OpenStack vient de sortir Victoria, sa 22e release. Cette version améliore encore l’intégration avec Kubernetes, supporte de nouvelles architectures et standards, et fournit des solutions nouvelles pour des problématiques réseau complexes. Avec plus de 20 000 changements intégrés en 5 mois, OpenStack reste l’un des trois projets open source les plus actifs au monde, avec le kernel Linux et Chromium.

Au-delà du succès d’OpenStack, ces dix dernières années ont vu l’émergence de l’infrastructure ouverte : des solutions open source permettant à tous de fournir de l’infrastructure localement. Par exemple, Kubernetes, en fournissant une API permettant de déployer et opérer des applications complexes, fait lui aussi partie de l’écosystème de l’infrastructure ouverte. Ces solutions sont complémentaires et doivent être intégrées et testées ensemble, un challenge qui requiert une collaboration entre les communautés open source.

Enfin, au-delà du logiciel, le plus grand succès de ces dix années pour OpenStack aura été de créer une communauté d’opérateurs d’infrastructure en production, prête à collaborer et à échanger sur leur expérience. Les Open Infrastructure Summits permettent à cette communauté de se réunir pour partager leurs expériences et débattre sur le futur de l’infrastructure ouverte. De quoi ce futur sera-t-il fait ? À quoi devons-nous donc nous attendre pour la décennie à venir ?

La prochaine décennie

Aujourd’hui, le logiciel libre a plus que jamais le vent en poupe. Une étude de Synopsys estime que 99 % des entreprises en 2020 utilisent des logiciels open source, contre seulement 39 % en 2010 – une réussite exemplaire qui se manifeste dans des cas d’utilisation de plus en plus nombreux. Rien que dans le domaine de l’infrastructure, le logiciel libre facilite le déploiement de ressources au plus près de leur lieu de consommation (edge computing), ou apporte une réponse économique aux besoins colossaux de capacité de traitement pour l’intelligence artificielle. Cette agilité et cette adaptabilité seraient difficilement envisageables sans une infrastructure ouverte et la collaboration d’une large communauté de développeurs.

En toile de fond, de nouveaux besoins émergent constamment. Le réchauffement climatique interroge sur le modèle centralisé et énergivore du cloud computing. À Amsterdam, une start-up utilise OpenStack pour développer un cloud public réparti dans la ville, recyclant la chaleur produite par ses serveurs pour chauffer ici un hôtel, là une piscine… dessinant un avenir avec un cloud computing enfin réellement écologique, rendu possible par l’infrastructure ouverte.

En Europe, la souveraineté numérique devient un sujet critique, et l’Allemagne et la France tentent de trouver une solution au sein de l’initiative Gaia-X. Cette souveraineté numérique passera inévitablement par le développement de solutions d’infrastructure locales, interopérables, dans lequel une infrastructure ouverte, accessible à tous, aura un rôle crucial à jouer.

En Afrique, en Inde, l’accès au réseau pour les populations défavorisées ou isolées sera le défi des années 2020. Seule l’infrastructure ouverte peut apporter des solutions en démocratisant l’accès à de plus en plus de solutions d’infrastructure.

La prochaine décennie verra l’émergence de nombreux nouveaux projets d’infrastructure ouverte, calibrés pour répondre aux demandes et défis du moment. Le besoin de collaboration entre les communautés, d’intégration entre les produits, d’échange entre les opérateurs de ces solutions deviendra plus fort que jamais.

Depuis 10 ans, la Fondation OpenStack soutient des projets d’infrastructure ouverte, encourage la collaboration technique entre communautés, organise des évènements d’échange et fédère une communauté d’opérateurs de solutions d’infrastructure ouverte. La prochaine décennie verra encore plus d’open source dans l’infrastructure, encore plus de besoins de collaboration et d’intégration… une Fondation open source focalisée sur l’infrastructure ouverte sera plus nécessaire que jamais.

« Nous annonçons, à l’occasion de notre premier Summit virtuel, le lancement d’une nouvelle Fondation, l’Open Infrastructure Foundation. »
Thierry CarrezVice-président de l'ingénierie, Open Infrastructure Foundation

C’est pourquoi nous annonçons, à l’occasion de notre premier Summit virtuel, le lancement d’une nouvelle Fondation, l’Open Infrastructure Foundation. Plus qu’un simple changement de nom de la Fondation OpenStack, c’est l’occasion de supporter de nouveaux projets, d’intégrer de nouveaux membres stratégiques, tout en gardant OpenStack au cœur de nos efforts. Une nouvelle Fondation pour dessiner la prochaine décennie de l’infrastructure ouverte. Je vous invite à nous y rejoindre.

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