IA et automatisation : les gros titres sur les pertes d’emploi font oublier le vrai débat

Le vrai débat est celui de la transformation du travail. Les gains d’efficacité ne sont en effet que le premier acte de l’économie de l’IA. La transformation qui va suivre porte sur la manière dont les entreprises réinventeront la croissance et la collaboration entre humains et agents IA.

Les gros titres dans la presse sur les licenciements se sont multipliés cette année. Et une forme d’inquiétude est bien palpable. Mais ces titres sont-ils le signe que beaucoup redoutent, l’intelligence artificielle (IA) serait-elle en train de supprimer nos emplois ?

À première vue, tout porte à croire que les entreprises se préparent à réduire leurs effectifs sous l’effet de l’automatisation. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Ce que nous observons, c’est l’émergence de quelque chose de plus profond : l’économie de l’IA. La véritable question n’est pas tant de savoir si les agents IA prendront en charge certains workflows auparavant réalisés par des humains, mais si les entreprises vont se contenter de gains d’efficacité ou, au contraire, s’engager résolument dans l’ingéniosité et la réinvention.

Les gains d’efficacité ne sont qu’un début

Voilà ce que les gros titres ne disent pas : les gains d’efficacité apportés par l’IA agentique sont un gain rapide pour certains dirigeants focalisés sur le court terme. Automatiser des tâches routinières, réduire les effectifs, faire des économies de coûts : ces résultats sont concrets et mesurables.

Mais que se passera-t-il une fois que ces processus auront été optimisés ? Un plafond est rapidement atteint. Les workflows deviennent plus rapides. Ils mobilisent moins de personnes.

L’IA peut optimiser certains processus mieux que plusieurs humains. Elle peut gérer des activités de bout en bout, à forte intensité, avec une rapidité et une constance que les humains ne peuvent égaler. Elle analyse d’immenses volumes de données. Elle fait émerger des informations en temps réel et exécute des tâches répétitives sans fatigue et sans sollicitation permanente. En 2025, ne pas utiliser d’agents d’IA pour optimiser les processus revient à prendre du retard.

Ce n’est pas une menace, c’est un constat.

Et c’est précisément là que s’arrêtent les histoires de licenciements et c’est là que commence la sagesse économique.

Car faire croître une entreprise repose sur la créativité, les idées, le talent, la prise de risque, la collaboration, la communication, le travail d’équipe et l’empathie envers le client – des qualités que les humains continueront toujours à mieux maîtriser que l’IA.

C’est pourquoi l’avenir de la croissance passe par une réinvention du rôle respectif des humains et des agents IA. Et qu’il faut repenser ce qui devient possible lorsque les deux travaillent ensemble de manière totalement nouvelle.

Des rôles différents, un travail commun

Dans une entreprise en croissance, il existe de la place pour les humains et les agents d’IA, dans des rôles distincts. Il y a aussi de nombreuses opportunités pour définir la manière dont ils travaillent ensemble.

Dans l’économie de l’IA, les agents les plus précieux sont entraînés sur le savoir propre à chaque entreprise. Les services financiers ou l’industrie manufacturière reposent sur des connaissances métiers fondamentalement différentes. Il en va de même pour les tâches confiées aux humains et aux agents.

Les agents d’IA doivent être formés spécifiquement pour un secteur et pour des modes de fonctionnement propres à une entreprise. À défaut, les experts métiers ne peuvent pas exploiter efficacement ces agents, qui deviennent alors de simples outils coûteux pour exécuter des tâches standardisées.

J’insiste. Il ne s’agit pas seulement de gains d’efficacité. Ces nouveaux workflows, dans lesquels humains et agents opèrent chacun avec leur expertise propre, ouvrent la voie à des dynamiques de croissance exponentielle et à de nouvelles manières de faire du business.

Une économie de l’IA qui oblige à se réinventer

Une étude récente menée auprès de 564 dirigeants dans le monde montre que 86 % des responsables estiment que les agents IA joueront un rôle critique dans leur transformation d’ici un à deux ans. Nombre d’entre eux ont déjà investi massivement.

Mais si les entreprises ne s’extraient pas rapidement de leur modèle actuel pour réinventer leur manière de travailler, elles resteront enfermées dans un modèle à bout de souffle. Les effectifs diminueront pendant que les concurrents verront leurs revenus progresser, parce qu’ils auront compris le potentiel d’IA sectorielles capables de travailler avec eux et pour eux.

L’économie de l’IA ne se résume donc pas au déploiement d’une technologie. Elle impose de repenser en profondeur la manière dont le travail est réalisé, par qui, et où se crée la valeur. Les gros titres sur les pertes d’emplois ne sont pas faux, mais ils laissent penser que l’on arrive à la fin d’une histoire, or c’est tout le contraire, c’est le début de l’histoire d’une transformation majeure.

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