Pour Oracle, les serveurs de HP sont lents et démodés

Ce n'est pas encore la guerre totale, mais les escarmouches se multiplient. Sur fond de contentieux personnels entre leurs dirigeants, HP et Oracle s'égratignent régulièrement. Larry Ellison vient ainsi de désigner le numéro un mondial du secteur comme sa principale cible dans son offensive sur le marché des systèmes haut de gamme.

A l'occasion de l'annonce des résultats trimestriels d'Oracle (voir encadré ci-dessous), Larry Ellison n'a pas manqué d'égratigner une nouvelle fois HP, partenaire de longue date de l'éditeur régulièrement pris pour cible depuis le rachat de Sun. "Notre but est de devenir numéro un des systèmes transactionnels et décisionnels haut de gamme, a expliqué Larry Ellison, lors d'un entretien avec des analystes au cours duquel il commentait les récents résultats financiers de sa firme. Nous pensons qu'IBM est assez compétitif (sur ce marché, NDLR), tandis que les serveurs HP sont gros, lents et offrent peu de valeur ajoutée côté logiciel".

Une saillie qui a entraîné une réaction de la part du premier groupe mondial d'informatique. Dans un e-mail à nos confrères d'InternetNews, un porte-parole d'HP raille les choix de son rival et partenaire, qui a racheté selon lui une activité en voie de déclin. "Les clients ne se font pas duper par les benchmarks démodés (que publie Oracle, NDLR)", ajoute HP, reprenant des "élements de langage" utilisés début décembre à l'occasion de l'annonce de nouvelles gammes matérielles issues de Sun. Des "éléments de langage" qui montrent une certaine inflexion de ton par rapport à Oracle.

Exadata : déjà 2 Md$ de commandes selon Oracle

Rappelons que, suite au rachat de Sun, Oracle a misé gros sur la fourniture de systèmes intégrés - couplant serveurs et logiciels optimisés pour ces configurations (les systèmes Exadata). "Il y a eu beaucoup de bruit autour de ces nouveaux produits. Donc les clients ont fait beaucoup de tests et de benchmarks et ont commencé par des achats ciblés, a expliqué Ellison aux analystes. Mais attendez-vous à une accélération des ventes de systèmes Exadata au troisième trimestre (le prochain exercice d'Oracle, NDLR)". Selon le dirigeant de l'éditeur, les systèmes Exadata ont déjà été vendus dans 50 pays, dans les trois-quarts des cas afin de remplacer des systèmes concurrents. 30 à 35 % de ces premiers clients auraient déjà passé une seconde commande auprès d'Oracle. Selon Mark Hurd, le total des commandes de systèmes Exadata approcherait les 2 milliards de dollars.

Résultats : Oracle porté par ses ventes de licences
Pour son second trimestre fiscal (clos fin novembre), Oracle a dévoilé un chiffre d'affaires de ventes de licences en progression de 21 %, à 2 Md$. La croissance de l'activité maintenance et support est elle aussi soutenue : ce poids lourd progresse encore de 12 % sur un an, à 3,6 Md$. Plus modeste par son poids relatif dans le groupe, les ventes de matériel ont généré sur la période un chiffre d'affaires de 1,1 Md$. Au total - en y ajoutant les services et le support matériel -, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 8,6 Md$. Oracle a dégagé sur ces trois mois un bénéfice de 1,9 Md$, en progression de 28 %.

Larry Ellison n'en est pas à sa première sortie contre HP. Il faut dire que les différends s'accumulent entre les deux sociétés. Ami de Larry Ellison, Mark Hurd a été débarqué en août de la direction de HP (en raison d'un scandale lié à ses relations avec une ex-actrice devenue consultante)... avant d'être embauché un mois plus tard par Oracle pour diriger son activité matérielle héritée du rachat de Sun. Une arrivée qui avait déclenché les foudres de HP, ce dernier lançant immédiatement une action en justice contre son ex-dirigeant. La plainte s'était éteinte suite à un accord trouvé entre les deux sociétés (Hurd abandonnant au passage l'équivalent de 13,6 millions de dollars d'actions HP), réconciliation mise en scène lors de OpenWorld, le grand raout organisé par l'éditeur de bases de données. Il faut dire que, selon les estimations, environ 40 % des logiciels Oracle tournent sur des systèmes HP et que les deux sociétés ont 140 000 clients en commun. Les deux groupes ne peuvent donc entrer dans une logique de confrontation trop marquée.

Arrivée d'Apotheker chez HP : Ellison furieux

Cette importance des relations entre les deux sociétés n'a toutefois pas empêché leurs dirigeants de se livrer à une seconde passe d'arme. A l'origine cette fois, la nomination de Leo Apotheker, ex-Pdg de SAP, à la tête du groupe californien. Estimant qu'Apotheker était impliqué dans le scandale TomorrowNow, une filiale de l'éditeur allemand reconnue coupable de vol de propriété intellectuelle d'Oracle, Larry Ellison avait fait citer à comparaître le nouveau dirigeant de HP dans le procès TommorowNow. Empêchant pendant un temps Apotheker de rejoindre la Californie, siège de HP.

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