Rififi entre Autonomy et Oracle : Ellison accuse Lynch de mensonges

Le patron d'Oracle et celui d'Autonomy se sont lancés dans une bataille publique pour savoir si oui ou non Autonomy avait essayé de se vendre à Oracle avant d'être acquis chez HP. Non, pour Autonomy, oui pour Oracle, qui n'hésite pas publier des présentations qu'Autonomy aurait montré lors de leur entrevue. Et Oracle d'affirmer qu'il aurait rejeté une offre à 6 Md$. Bien loin des 11,7 Md$ déboursés par HP. Des faits que nie en bloc Autonomy, qui estime qu'Oracle est un peu "perturbé".

Règlement de compte à OK Corral. Le monde de l'IT est actuellement témoin d'un vrai règlement de compte entre Larry Ellison, sémillant patron d'Oracle, et Mike Lynch, patron d'Autonomy, autour d'une seule et unique question : Mike Lynch a-t-il rencontré l'équipe d'Oracle pour tenter de lui revendre sa société, avant de finalement la céder à HP ? Ellison affirme que oui, Lynch parle d'une visite de courtoisie. L'affaire tourne à l'affrontement public.

Tout débute le jour de la publication des résultats d'Oracle le 21 septembre dernier. Lors d'une conférence, Larry Ellison, répondant à la question d'un analyste, explique avoir été approché par Mike Lynch et son équipe pour un éventuel rachat. Mais confirme dans la foulée que Mark Hurd, le président d'Oracle, a décliné l'offre de 6 Md$, la jugeant surévaluée.

Réponse d'un Mike Lynch, visiblement en colère et surtout très gêné, dans un article du Wall Street Journal : il rejette purement cette idée de revente à Oracle, qualifiant "d'inexacts" les propos d'Ellison. Selon lui, si des banquiers ont pu approcher Oracle à la recherche de potentiels acquéreurs pour Autonomy, "cela n'a rien à voir avec nous", confirmant ainsi ne pas avoir approché Oracle en direct.


Oracle part en guerre
L'affaire aurait pu en rester là. Mais c'est sans compter sur le tempérament bouillonnant de Larry Ellison, qui sur le mode "Pas de quartier" a sorti les armes et dégoupillé une grenade. Par voie de communiqué de presse, Oracle interpelle directement Lynch sur un air de revanche franchement ironique : "Soit M. Lunch a une très mauvaise mémoire, soit il ment", lance la firme de Larry Ellison.

Selon Oracle, la vérité est ailleurs : "M. Lynch est venu chez Oracle, accompagné de son banquier d'affaire, Franck Quattrone(fondateur de Qatalyst), et a rencontré le directeur des fusions et acquisitions d'Oracle, Douglas Kehring et le président d'Oracle, Mark Hurd à 11 heures le 1er avril 2011. Après avoir écouté la présentation de M. Lynch, accompagnée de diapositives Powerpoint sur la vente d'Autonomy à Oracle, MM. Kehring et Hurd ont répondu à M. Lynch qu'avec une valorisation actuelle de 6 Md$, Autonomy était déjà sur-évalué." 

Et Oracle de publier les présentations qui aurait été fournies par Autonomy lors de cette entrevue. Le tout fait même l'objet d'un mini-site monté par Oracle pour l'occasion (et sobrement intitulé "Please, buy Autonomy). Visiblement Oracle semble se délecter d'avoir refusé de racheter la société britannique pour un montant de loin inférieur à celui proposé à HP. Selon ses dires, Oracle aurait refusé de payer 6 Md$ alors qu'HP a finalement déboursé 11,7 Md$. De quoi égratigner au passage HP et donner du grain à moudre aux opposants de Leo Apotheker.

Autonomy droit dans ses bottes

Autonomy n'entend toutefois pas se démonter. dans un communiqué, l'éditeur a riposté aux dernières allégations d'Oracle. "Il est tout à fait possible que des banques d'investissements aient recommandé de façon indépendante Autonomy comme cible possible d'acquisition à des acteurs du marché, ce qui est une pratique courante, mais celà ne s'est pas fait à notre initiative" indique ainsi Autonomy.

"Qatalyst nous a informés que les slides qu'Oracle a postés sur son site ont été préparés et envoyés de façon indépendante le 26 janvier (le contenu est clairement de janvier). Il s'agit de la première fois que nous voyons ces documents. Autonomy n'a pas été impliqué et Qatalyst n'a pas été mandaté par Autonomy avant le milieu de l'année. Autonomy, n'a pas présenté ces présentations pendant la réunion. Oracle semble un peu perturbé quand à la séquence des événements et à l'origine des données qu'il a reçu, un élément qui suggère qu'il a besoin d'une meilleure gestion de ses données non structurées sur ses systèmes" ajoute l'éditeur en concluant par le coup de pied de l'âne : "Nous serions ravi de lui venir en assistance".

C'était une semaine normale dans l'univers radieux de la Silicon Valley...

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