Orange devrait racheter CloudWatt

Orange va racheter sa filiale de Cloud public créée il deux ans avec Thales et la CDC. Et avec les fonds du Grand Emprunt.

CloudWatt, le fournisseur de Cloud souverain cofondé par Orange et Thales avec la contribution capitalistique de l’État (via la Caisse des Dépôts et les financements du grand emprunt), devrait prochainement être acquis par Orange qui contrôle déjà plus de 40 % de son capital.

Une fin qui devrait faire enrager certains concurrents qui, depuis la création de l’opérateur Cloud, dénoncent ce qu’ils estiment être une aide financière indue à Orange pour la création de CloudWatt.

Fondé dans des conditions contestées, CloudWatt a connu une naissance difficile et a fait le choix de développer une infrastructure de cloud fondée à 100 % sur des composants libres, dont OpenStack. Un choix fait alors que la technologie était loin d’être mûre et qui a sans doute largement contribué aux multiples retards pris dans le lancement des services de la société (il aura fallu près de deux ans pour que CloudWatt commence vraiment à proposer des services à l’échelle industrielle - si l’on excepte son alternative à DropBox, la Cloudwatt Box).

CloudWatt : une année 2014 secouée

En janvier 2014, inquiets de la situation, les actionnaires de la société avaient d’ailleurs poussé le P.-D.G. de l’époque, Patrick Starck, au départ avant de le remplacer quelques mois plus tard par un dirigeant au profil plus financier, Didier Renard.

Le 6 mars 2014, sans doute soucieux de limiter la casse et d’accélérer le décollage du Cloud souverain français, Gervais Pélissier, le directeur financier d’Orange, avait même appelé de ses vœux un rapprochement entre Numergy et CloudWatt - les deux acteurs du cloud souverain financés par la Caisse des Dépôts.

La proposition n’a eu aucune suite. Il est vrai que le rachat des deux actionnaires privés de Numergy en 2014 n’a sans doute pas facilité une telle opération. Bull a ainsi été absorbé par Atos, tandis que SFR l’était par Numéricable.

Une telle fusion aurait ironiquement donné raison à Dassault Systèmes qui s’était impliqué dans le projet originel de Cloud souverain - nom de code « Andromède » - avant de claquer la porte lorsque l’État avait finalement décidé de soutenir deux acteurs concurrents.

Cloudwatt

Notons pour la petite histoire que les errements de CloudWatt et de ses actionnaires tout au long de 2014 ont aussi eu des conséquences en interne puisqu’une partie de l’encadrement, ainsi que plusieurs salariés clés, ont quitté la firme. Et ce, alors que les premiers services industriels de la société sont devenus opérationnels au cours de l’été.

Un rapprochement logique entre les offres privées d’Orange et l’offre de Cloud public de CloudWatt

Aujourd’hui, Orange estime qu’il y a complémentarité entre les offres de Cloud privé et de Cloud privé virtuel qu’il a construites autour de VMware vSphere, avec les services de Cloud Open Source développés avec OpenStack par CloudWatt.

Plus important, l’opérateur pense que l’avenir des systèmes d’information d’entreprises est sans doute au Cloud public à horizon 5 à 7 ans.

Si les services de Cloud privé et de Cloud privé virtuel qu’il propose aujourd’hui répondent bien à la demande de ses clients, l’intégration de CloudWatt lui permettra de préparer l’avenir tout en disposant d’une offre de volume à même de concurrencer les solutions proposées par des acteurs américains comme Amazon ou Microsoft.

Orange reste toutefois réaliste : dans les grands comptes, l’adoption d’OpenStack n’en est qu’à ses débuts et la plupart des environnements sont aujourd’hui virtualisés avec VMware. La transition ne se fera donc pas d’un claquement de doigt. 

Pour les partenaires comme Cap Gemini, Netplus ou Cheops, qui ont commencé à construire des offres sur l'infrastructure de CloudWatt, l'acquisition par Orange ne devrait pas changer grand chose. C'est en tout cas ce que nous ont confié nos sources chez l'opérateur. Ce dernier souhaitant poursuivre la politique de partenariats et de vente indirecte mise en place par CloudWatt.

La maîtrise d’OpenStack, un atout pour l’adoption des services NFV par Orange

Un autre enjeu très important pour Orange est la migration en cours des services numériques de l’opérateur vers les technologies NFV (NetWork Function Virtualization) qui, pour l’essentiel, s’appuieront sur des infrastructures OpenStack.

En acquérant Cloudwatt, Orange fait le pari qu’il pourra accélérer l’adoption du NFV dans ses infrastructures. Et donc acquérir plus de souplesse tout en réduisant ses coûts.

Les opérations de « due diligence » d’Orange sur CloudWatt auraient débuté il y a quelques jours. L’opérateur espère finaliser l’acquisition de la société dans le courant du premier trimestre.

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