OS mobile : Palm revient à la rame

L’arrivée du Palm Pre et de webOS en France marque le retour de Palm dans l’Hexagone. Tambour battant ? Pas tant que cela : l’enjeu pour le groupe est pourtant d'importance : il s'agit de faire adopter ce nouvel OS par une communauté de développeurs qui roule désormais plutôt pour l’iPhone et Android, en perpétuelle progression.

Tout est prêt, on n’attend plus que vous. C’est un peu le message que souhaitent adresser Ben Galbraith et Dion Almaer, les deux directeurs monde des relations développeurs pour Palm, à la communauté française de développeurs. Le nouvel OS de la marque webOS débarquant au printemps en France chez SFR, l’heure est à la réunion et au brain-storming. Les deux partenaires, en visite à Paris, sont venus caresser la communauté de développeurs français dans les locaux de SFR, dans le but d’organiser un concours de développement sur la nouvelle plate-forme. L’édition 2009 était pour Android.

Pour Palm, la tâche n’est pas simple tant le marché des OS mobiles et des terminaux semble aujourd’hui être surchargé. Les dés sont même presque jetés en termes de parts de marché. Pour Palm, l’enjeu est donc double : il doit non seulement reconquérir le marché, mais également remonter son retard - du moins en France - , face à Android, iPhone et RIM (avec Blackberry) dans le coeur des développeurs d'applications, désormais clés dans le développement des plates-formes. L’OS Open Source de Google, en dépit de sa jeunesse ne cesse de gagner des parts de marché, rythmé par l’adoption grandissante des constructeurs, et par l’arrivée du Nexus, le téléphone de la firme de Mountain View. Face au bouillonnant Android, et à l’arrivée de Symbian sur le marché de l’Open Source, Palm doit donc convaincre pour rallier à sa cause développeurs et entreprises. Sans oublier également de conserver une base de développeurs existantes, dont le socle de référence est l’ancien OS de la marque -qui repose sur une architecture radicalement différente. L’enjeu est donc de taille.

Au milieu de la rivière coule Palm

Pour Ben Galbraith et Dion Almaer, Palm trouve sa source entre le meilleur des deux mondes d’aujourd’hui. "Nous avons Android d’un côté et Symbian qui symbolisent le côté ouvert, et de l’autre l’iPhone pour la partie fermée. Nous sommes quant à nous au milieu, affirme Almaer Dion. Nous utilisons les technologies ouvertes sans SDK propriétaire. Mais nous ne sommes pas complétement ouverts d’un point de vue éco-système [...] Nous ne voulons pas reproduire la fragmentation que connait Android sur sa plate-forme." Autrement dit, on vise ailleurs et webOS a sa place sur ce marché, affirment-ils confiants.

Le Web est la plate-forme ?

Cette brique ouverte que propose Palm, celle où viendra s’appuyer la communauté, repose tout simplement sur le Web et son eco-système de développement, racontent en substance Ben Galbraith et Dion Almaer.  Soit HTML, CSS et Javascript, des technologies classiques qui permettront de manipuler les outils fournis par Palm à sa communauté (le framework Mojo qui contient les API, un SDK et une série d’outil de tests et de déboguing).

"Notre message aux développeurs est le suivant : il est très facile de développer pour notre plate-forme parce que vous connaissez la technologie et que vous n’avez pas besoin d’apprendre C++ ou Objective C, ou Java. Et si vous développez pour webOS, vous disposez d’un moyen simple pour déployer votre code également sur les autres plates-formes," explique Ben Galbraith. Tout en considérant l’incroyable communauté de développeurs Web comme de potentiels adeptes de webOS.

Une façon également pour les entreprises de faire coup double assure-t-il : recruter des développeurs, capables, intrinsèquement, d’adresser les segments du web et de la mobilité. "Il ne s’agit pas uniquement de développer pour Palm, mais de développer pour les technologies du Web". D’autant plus facilement que techniquement le moteur de rendu reste Webkit, le même moteur que Safari et Chrome. Un développeur, deux plates-formes : c’est le message de Palm.

Conserver la communauté Classic


Reste que pour le groupe, outre le fait de trouver sa communauté, le plus gros défi va être de ne pas se couper de sa base traditionnelle de développeurs. Et surtout, des entreprises qui ont misé voilà des années sur l’ancien OS Palm pour y construire leurs applications mobiles.
Si les applications pour Palm OS Classic ne seront pas reprises dans la boutique en ligne (App Catalog) réservée à webOS - aujourd’hui encore en bêta - , Palm explique toutefois qu’elles pourront s’éxécuter dans webOS. Et ce, sans modification. Pas question de portage donc car "cela reste obtu au regard des spécificités de Palm Classic. Avec le SDK et cette possibilité d’émulation, "les besoins sont couverts et les retours des développeurs nous le prouvent".

C et C++ en renfort

Reste que les technologies purement Web sont parfois considérées comme pauvres par rapport à celles exploitées sur client lourd. Notamment pour créer des applications métiers. La réponse de Palm : fournir un système d’extension qui permet de faire tourner du C et du C++ sur le terminal.
C’est le rôle de PDK (plug-in development kit). “Sur le marché, il existe de nombreuses applications écrites en C et C++. Nous expliquons ainsi à la communauté qu’ils n’ont pas à redévelopper leur application vers une nouvelle technologie. Nous ne voulons pas forcer les utilisateurs à re-coder leurs applications. [...] Son architecture de type plug-in reprend la conception de plug-in propre au web (comme flash), mais permet ici de créer des extensions à webOS en utilisant C et C++”, commente Dion Almaer.

L’arsenal technologique de Palm semble être bien en place et la prochaine étape consistera à se créer une communauté localisée pour chaque pays. Afin de pouvoir Pour y imposer ses terminaux-WebOS, aux côtés d’Android, iPhone, Blackberry ou Windows Phone 7.
Pour l'instant en France, selon GlobalStats, l’iPhone truste largement les parts de marché, avec plus de 73% du marché des smartphones à la mi-février. Le second du palmarès Symbian ne dégage que 10,5 % du marché sur la période et Android - dernier arrivée - 4,21%.

Adossé sur une plate-forme ambitieuse et plutôt oecuménique Palm a donc un long chemin devant lui avant de jouer dans la cour de grands partis avec de l'avance.

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