Sun / Oracle : Oracle s’engage sur MySQL, Monty appelle à la révolution

Week-end studieux pour les protagonistes du dossier Sun / Oracle à Bruxelles. Alors qu’Oracle entame la semaine avec une salve de bonnes intentions côté MySQL, Monty Widenius, le co-fondateur de MySQL, lance un appel à la solidarité pour sauver la base de données des griffes de la firme de Larry Ellison. A Bruxelles, on se dit optimiste quant à l’issue des négociations avec le numéro un mondial des SGBD.

La pression monte du côté de Bruxelles dans l’affaire Sun / Oracle. Après les auditions de la semaine dernière, le géant des bases de données a décidé de s’engager publiquement sur le devenir de MySQL. En 10 points, la firme de Larry Ellison dévoile un peu plus finement ses intentions quant à la base de données Open Source, tentant ainsi d’enrayer la machine de guerre des opposants au rachat. Le chef de file de ces derniers n'est autre que le co-fondateur et principal architecte de MySQL, Monty Widenius. Ce week-End, il a inauguré une campagne de lobbying intensive à l’encontre de Bruxelles. Selon lui, il faut “sauver MySQL des griffes d’Oracle”.

Les 10 garanties d'Oracle sur MySQL

Dans un communiqué daté du lundi 14 décembre, Oracle liste méticuleusement les bonnes résolutions qu’il compte mettre en oeuvre pour garantir le futur de MySQL et assurer son développement :

- La poursuite des développements des API liées au moteur de stockage. Oralce s’engage à poursuivre la maintenance régulière de ces API qui permettent de connecter un moteur de stockage tiers à MySQL. Ces API avaient été mises en place après le rachat d’InnoDB par Oracle (justement). Le devenir d’InnoDB restant encore très flou, la survie de ces API chez Oracle était jugée clé.

- Licence libre : Oracle s’engage à ne pas appliquer de licence commerciale sur tous développements issus des API pour moteur de stockage tiers et à ne pas prétendre à des droits en ce qui concerne ces développements. Oracle explique modifier ainsi les politiques mises en place par Sun.

- Poursuite du licensing : Oracle s’engage à étendre les accords de licence commerciale des OEM passés avec Sun jusqu’au 10 décembre 2014.

- Renforcer les développements de MySQL sous la GPL : Oracle s’engage à poursuivre les développements de MySQL, y compris la version 6, en GPL. Et promet de ne pas sortir de versions améliorées de l’Edition Entreprise sans avoir au préalable sorti une version améliorée de la version Community en GPL.

- Un support pas obligatoire : les clients ne seront pas forcés d’acheter une offre de support à Oracle.

- Augmentation des investissements R&D dans MySQL : comme il l’avait déjà affirmé, Oracle s’engage à apporter le financement nécessaire à la poursuite des développements de MySQL et promet d’injecter pendant trois ans davantage de capitaux que Sun.

- Création d’un MySQL Customer Advisory Board : Oracle s’engage à créer et financer un comité censé collecter les retours clients, 6 mois après la finalisation du rachat, afin de statuer sur les priorités liées aux développements de MySQL.

- Création d’un MySQL Storage Engine Vendor Advisory Board : 6 mois après la finalisation de la transaction, Oracle compte créer et financer un comité censé centraliser les retours des clients et donner des priorités quant aux développements des moteurs de stockage pour la base de données.

- Poursuite du manuel de référence : le groupe s’engage à poursuivre la maintenance et les mises à jour de la documentation officielle de la base de données.

- Poursuite du choix de l’offre de support : Oracle s’engage à respecter et poursuivre les choix des clients en matière de support, qu’il soit sur une base annuelle ou pluri-annuelle.

Une Commission européenne rassurée ?

Ces 10 points viennent éclaircir les ombres qui subsistaient sur le devenir de MySQL, notamment sur le sort des API pour le développement de moteurs de stockage tiers, ainsi que sur le licensing que l’éditeur comptait pratiquer sur les développements qui en sortirait. Et la Commission se dit optimiste quant au succès des négociations au regard de ces 10 engagements pris par Oracle."L’annonce aujourd’hui par Oracle d’une série de garanties faites aux clients, développeurs et utilisateurs de MySQL est un nouvel élément important à prendre en compte dans les procédures en cours", explique Bruxelles dans un communiqué officiel.

Un point qui doit faire bouillir Monty Widenius, le fondateur de MySQL, et farouche opposant au rachat, qui dans un billet de blog daté du 12 décembre, appelle à la mobilition générale pour sauver le soldat MySQL. Tout en rappelant les nombreuses interrogations que soulève cette affaire (qu’il a notamment évoqué lors d’un entretien avec le rédaction du MagIT ), Monty incite les utilisateurs à expédier massivement des mails à la Commission dans le but d’inverser la tendance, aujourdhui plutôt en faveur d’Oracle, semblerait-il. Notons que Monty Widenius n'est pas totalement désinteressé. Il a récemment lancé Maria DB, un fork de MySQL, et ambitionne de répliquer le succès qu'il a connu avec la première itération de sa base. Autant dire qu'un MySQL en bonne santé entre les griffres d'Oracle pourrait largement éclipser ses chances de réussite.

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