HP veut quitter le marché des PC et rachète Autonomy pour 10 Md$

Changement stratégique brutal pour HP qui dans ce qui s'apparente à une bombe sur le marché de l'IT. Le groupe annonce réfléchir à se séparer de ses activités PC et grand public. Il souhaite désormais se recentrer sur les services, le cloud et le logiciel, à plus forte marge. HP valide son orientation en annonçant le rachat d'Autonomy, spécialiste de la recherche en entreprise et de l'analytique.

Une onde sismique dans le paysage IT mondial. Le premier groupe informatique au monde HP a annoncé réfléchir à se séparer de ses activités PC et grand public afin de se recentrer sur des activités aux marges plus élevées. Le groupe a également annoncé le rachat du britannique Autonomy, spécialiste de la recherche d'entreprise et de la gestion des données non structurées, pour 10,3 milliards de dollars, confirmant ainsi la stratégie du groupe à se repositionner sur les services et le logiciel pour entreprises.

Le n°1 des PC dans le monde, y compris en France comme l'indiquent les derniers chiffres de Gartner, envisage ainsi de quitter le marché, presque 10 ans après l'avoir intégré, via le rachat de Compaq en 2002. Un rachat qui constituait par ailleurs l'un des plus stratégiques pour le groupe mais également l'un des plus couteux. Le groupe avait déboursé 17,6 milliards de dollars pour se payer le spécialiste des PC. En cédant ses activités PC, HP marquerait ainsi un retour aux sources.

"Le comité de direction a autorisé l'évaluation d'alternatives stratégiques pour sa division Personal Systems Group (PSG), telle que la prospection d'une possible séparation des activités PC au sein d'un entreprise tierce, à travers une filialisation ou d'autre forme de transaction", indique le groupe dans un communiqué. Indiquant que la procédure pourrait être finalisée dans environ 12 à 18 mois, mais sans garantie toutefois, poursuit le groupe dans ce même communiqué.

En mars dernier, Leo Apotheker, qui avait pris la tête de la société en octobre 2010, avait confirmé mettre en place une stratégie qui visait à recentrer le groupe sur le logiciels, les services et le Cloud. A sa nomination à la présidence, il n'avait d'ailleurs pas caché ses ambitions de mettre à profit son savoir - celui d'avoir dirigé l'un des premiers éditeurs de logiciels d'entreprise mondiaux, SAP - , au service de HP.

Cette nouvelle stratégie de HP n'est pas sans rappeler la revente des activités PC d'IBM au Chinois Lenovo en 2004, pour 1,75 Md$. A l'époque, Sam Palmisano, président et CEO avait également expliqué souhaité privilégier des activités à plus fortes marges et à valeur ajoutée plus élevée.

En troisième trimestre 2011, dont les résultats ont été publiés ce jour, la division Personal Systems Group (PSG) de HP a enregistré une baisse de 3% de son CA, à 9,6 Md$. Le groupe évoque notamment une baisse de la demande des PC et de la montée en puissance des tablettes tactiles. Le chiffre d'affaires du groupe, 31,2Md$,  a quant à lui augmenté de 1% d'une année sur l'autre. Manquant toutefois les prévisions des analystes, nous explique Bloomberg, qui tablaient sur un CA de 34 Md$.

Outre le fait d'annoncer réfléchir à une éventuelle cession ou filialisation de ses activités PC, le groupe a également annoncé stopper ses activités liées aux terminaux webOS, tant smartphones et tablettes tactiles (comme le TouchPad, dont la commercialisation devait débuter dans 2 semaines en France), expliquant "explorer des alternatives stratégiques pour webOS". HP avait obtenu webOS lors du rachat de Palm en avril 2010 pour 1,2 Md$. Après avoir décidé de placer l'OS sur plusieurs périphériques du groupe, comme les imprimantes réseau, le groupe souhaitait également le voir intégrer des PC, aux côtés de Windows. Plus récemment encore, HP avait également confirmé son intention de céder des licences de l'OS auprès de constructeurs de terminaux mobiles, voire dans le monde de l'embarqué. Dans un communiqué, HP explique que les terminaux webOS n'ont pas atteint les objectifs prévus.

L'acquisition d'Autonomy pour 10,3 Md$ vient donc valider ce recentrage sur le logiciel, et complète l'arsenal du groupe d'une brique recherche en entreprise et analytique, deux segments qui font aujourd'hui partie des tendances du marché - poussés notamment par le Big Data. Et HP paie le prix fort : 64 % au dessus du cours de la société. Deuxième éditeur de logiciel britannique, derrière Sage, Autonomy, est notamment un spécialiste des données non structurées. Le groupe revendique un base installée de 25 000 entreprises. Et selon les analystes cités par nos confrères de MarketWatch, la société aurait l'une des meilleures technologies du marché, et symboliserait une "marque" pour le secteur. Logiquement, HP devrait rapprocher la technologie Intelligent Data Operating Layer de ses offres de stockage et bien sûr de Cloud.

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