L’Etat de New-York entame des poursuites antitrust contre Intel

Six mois après sa condamnation à une amende record de 1,06 Md€ par la commission européenne pour abus de position dominante, Intel est l'objet d'une nouvelle procédure antitrust ouverte par le procureur général de l'Etat de New-York. une procédure qui vient s'ajouter à l'enquête formelle menée par la FTC américaine.

Le procureur général de New-York, Andrew Cuomo - fils de l’ancien gouverneur de l’Etat Mario Cuomo - vient d’entamer des poursuites antitrust contre Intel, qu’il accuse d’avoir mené une campagne systématique d’intimidation et de corruption des constructeurs informatiques aux dépens de son concurrent, le Texan AMD. Cette nouvelle offensive intervient moins de six mois après que le fondeur californien ait été condamné par la Commission de la concurrence européenne à une amende record de 1,06 Md€ pour abus de position dominante, une sanction dont il a fait appel en juillet.

Pressions et histoires de gros sous avec Dell, HP et IBM

Les griefs de Cuomo portent notamment sur les pressions exercées par Intel sur les trois grands constructeurs américains, Dell, HP et IBM. Selon Cuomo, Intel a versé 2 milliards de dollars en «rabais» à Dell en 2006 soit plus que le bénéfice net du constructeur. De 2001 à 2006, Intel a fait de Dell son constructeur «favori» en échange d’un engagement de ne pas utiliser de puces AMD. Intel et Dell auraient aussi collaboré pour vendre des processeurs et des servers à des prix inférieurs à leur coût afin de contrer les gains d’AMD.
Intel aurait aussi menacé HP de faire dérailler le développement d’une technologie serveur (sans doute Itanium) si HP continuait à faire la promotion de puces AMD. Intel a également payé des centaines de millions de dollars en rabais en échange d’un engagement d’HP à ne pas acheter plus de 5% de ses puces pour PC de bureau professionnels à AMD. En 2006, Intel a payé 925M$ à HP afin d’accroitre la part de ses puces aux dépens d’AMD. Enfin, Intel aurait payé 130 M$ en 2004 à IBM pour qu’il ne lance pas une version quadri-socket de ses serveurs à base de puces AMD, le e350. Cette somme représentait à l’époque un quart du chiffre d’affaires serveur réalisé par Intel avec Big Blue. Intel aurait aussi menacé de priver IBM de fonds de co-marketing si IBM mettait en avant des serveurs AMD.
Au total, la plainte de l’Etat de New-York comporte 83 pages, toutes plus accablantes les unes que les autres pour le fondeur américain. Des pages qui mettent au grand jour des comportements que tout le monde soupçonnait à l’époque des faits mais qu’il avait été impossible de prouver, les différents protagonistes refusant de confirmer les pressions d’Intel.

Fidèle à sa ligne de défense habituelle, Intel feint d’ignorer que ses pratiques ont largement contribué à étouffer la croissance d’AMD alors qu’il avait un clair avantage technologique entre 2005 et 2006. Comme lors de la procédure de la Commission Européenne, la société explique que les utilisateurs finaux ont pu profiter de prix plus bas et que ses pratiques ne leur ont pas nuit. Dans un pays où intérêts économiques et intérêts politiques font bon ménage, le fait que GlobalFoundries (filiale microélectronique d’AMD) ait récemment choisi d’implanter sa future Fab dans l’Etat de New-York n’est sans doute pas totalement étranger aux poursuites ouvertes par Cuomo. Reste que les ennuis d'Intel aux Etats-Unis ne font sans doute que commencer. La FTC a en effet elle aussi ouvert une enquête formelle sur les pratiques de la firme, une enquête qui pourrait déboucher sur des poursuites antitrust.

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