Cloud : quatre services Google accessibles dans VMware vCloud Air

Les utilisateurs de VMware vCloud Air auront accès à quatre fonctions clés de Google Cloud Platform, grâce à un accord ô combien symbolique signé entre les deux concurrents.

VMware et Google – deux fournisseurs de Cloud qui semblent diamétralement opposés dans leurs forces et faiblesses en matière de plateformes Cloud – ont signé un partenariat dont les gains sont certes mutuels, mais qui pourraient tout de même profiter davantage aux utilisateurs de vCloud Air.

Dans le cadre de cet accord, VMware entend proposer à ses utilisateurs vCloud Air quatre fonctions clés de la vaste plateforme Cloud de Google, à savoir : Cloud Storage, BigQuery (analyse de données en volume), Dataflow (analyse de données temps réel) et DNS. Elles devraient être accessibles à partir de la mi-2015. Les deux partenaires n’excluent également pas de s’allier autour de vRealize, l’outil de management de VMware.

Accord

Un accord dont les premiers bénéficiaires seront les utilisateurs VMware, commente James Staten, vice-président et analyste senior chez Forrester Research. Il y aura certes une courbe d’apprentissage à prendre en compte avec Dataflow, mais les entreprises sont toujours à la recherche de bases de données ou des technologies de stockage optimisées. Ces offres devraient ainsi profiter immédiatement aux utilisateurs, ajoute-t-il.

« Il est certain que les utilisateurs entreprise de VMware ont à y gagner, car ils peuvent avoir accès à des services Google que VMware aurait mis longtemps à égaler », soutient encore James Staten.

Creative Solutions in HealthCare, un client américain de vCloud Air, s’est déjà entretenu avec Google sur l’intégration de ces outils, affirme Shawn Wiora, le DSI de la société. « La puissance technologique de Google est une raison suffisante pour y prêter attention, mais le stockage en mode bloc est un domaine qui mérite d’être considéré », ajoute-t-il. « C’est un outil que nous évaluons actuellement, explique Shawn Wiora. J’ai rencontré plusieurs DSI et tout le monde en parlait. »

Un service en attire un autre

Il faut noter que les analystes s’accordent à dire que les analystes que ces deux acteurs ont bataillé ferme pour rester dans le sillage de AWS, dans le domaine du Cloud public. VMware est considéré comme une société fermement ancrée dans les entreprises, mais manque au programme l’agilité et les outils recherchés par les clients du Cloud public. De son côté, Google est comme un acteur offrant des capacités de dimensionnement à l’échelle du Web, mais souffre d’une empreinte peu présente dans l’IT des entreprises.

Scott Collison, vice-président des services Cloud chez VMware, et Chris Rimer, responsable des partenariats pour la Google Cloud Platform, reconnaissent une certaine vérité dans ces propos, mais positionnent justement ce partenariat comme un moyen de réduire cet écart.

Cet accord a  certes la capacité d’épauler les deux parties, mais c’est Google qui a le plus a gagné, affirment d’autres analystes.

« Google ne dispose pas d’une présence en entreprise sur le segment de l’infrastructure, donc placer ses services en face de nouveaux clients est clé », explique Jillian Mirandi, analyste au sein du cabinet Technology Business Research (TBR). Pour lui, ce partenariat n’a rien de surprenant car TBR pense depuis longtemps que la commercialisation de services de Google en indirect pourrait être une aubaine pour Mountain View, lui permettant de se concentrer sur le développement des technologies.

Ce qui est plus surprenant, en revanche, est que ce partenariat soit signé avec VMware. Un accord avec Dell ou HP aurait fait sens car ils sont neutres en termes de fournisseurs de technologie et davantage intéressés à se positionner en tant que broker – voir Google poursuivre ces partenariats n’est d’ailleurs pas exclu, affirme Jillian Mirandi. « Google dispose d’équipes de ventes directes qui travaillent étroitement avec les entreprises, mais une association avec ceux qui ont déjà un pied sur le marché des entreprises le propulserait, à vitesse grand V, dans les environnements hybrides des entreprises. »

Cet accord n’est pas exclusif. VMware peut donc développer des outils concurrents et Google signer des contrats identiques avec d’autres fournisseurs de services Cloud. Lorsqu’Amazon a commencé à attaquer le marché des entreprises, il a monté une équipe de services professionnels, mais il semble que Google ait pris un itinéraire différent via des partenariats qui lui permettent de se concentrer sur la technologie, précise Jillian Mirandi.

Un point que rejette toutefois James Staten qui voit davantage Google monter lentement en compétence avec VMware pour améliorer son propre support et ses relations avec les entreprises – ce qui a à terme risque d’être préjudiciable à VMware. Bien que les équipes commerciales de VMware ne s’intéressent pas beaucoup à Google, les revendeurs seront quant à eux plus enclins à aider Google à atteindre son objectif, commente-t-il.

« Sur le long terme,  il ne s’agit pas d’un coup gagnant pour VMware car ils viennent d’accueillir un concurrent particulièrement agile dans leur base client. Et si Google n’a pas encore l’attention des entreprises, VMware lui donnera », ajoute encore James Staten.

Malgré tout, pour Shawn Wiora, cela n’aura pas d’incidence sur sa décision, à cause de l’expérience de VMware en matière de services managés et de sécurité. « Il y a tout juste un an, Google n’avait pas grand-chose à dire en matière de conformité HIPAA. Nous souhaitons rester avec vCloud Air car ils (VMware) comprennent nos contraintes et sont sans aucun doute les leaders dans ce domaine. »

Des questions subsistent

Il reste enfin à voir comment s’intégreront ces technologies. La stratégie de commercialisation est encore en cours et les détails en matière de tarifications pas définis, selon Scott Collison. Si le code de Google s’exécute sur l’infrastructure de VMware et une séparation est en place, « il est possible que les clients vCloud Air aient accès à une version différente des services de Google », explique Jillian Mirandi.

VMware a mis en avant sa technologie de réseau virtuel NSX comme un moyen pour s’intégrer aux services de Cloud, allégeant les opérations d’intégration et de migration. Mais des questions subsistent sur la façon dont VMware compte rendre natifs les outils de Google dans vCloud Air et autour de la cohérence en matière d’outils de gestion, commente à son tour James Staten. « Il reste assurément du travail à effectuer mais ils s’investissent à un tel point qu’on peut leur attribuer le bénéfice du doute. Toutefois, comme je le dis à nos clients, n’achetez jamais un produit dans sa version 1.0. »

VMware promet que l’intégration sera relativement fluide pour les clients. Ils utiliseront la même interface Web ou les mêmes outils d’administration qu’ils utilisent normalement  pour interagir avec les services vCloud Air.

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