Software AG voit son avenir dans l’IoT industriel

L’éditeur allemand positionne ses briques d’intégration, d’analytique, de streaming, de Machine Learning et de gestion des réseaux de capteurs et de terminaux dans un Paas pour se positionner fermement sur le segment très porteur de l’IIoT. Cela passe aussi par un rapprochement avec le monde industriel.

Software AG a décidé de concrétiser sa vision de Paas pour l’Internet des objets industriels (IIoT). Et l’IIoT et, plus globalement l’IoT, ce sont bien plus que des buzzwords pour Software AG, qui a décidé d’inscrire ces deux segments sur le bilan de la société de façon séparée dès le 1er janvier 2018. Ces activités seront désormais associées à celles du Cloud dans une division commune. Un message clair au marché en somme : cela marque la volonté de l’Allemand de devenir un partenaire clé pour les entreprises souhaitant ajouter l’IoT à leur modèle.

Si l’interconnexion de systèmes et l’intégration applicative ont toujours été dans l’ADN de Software AG, la société était officiellement entrée sur le secteur de l’infrastructure logicielle pour l’IoT avec le rachat de la société Cumolocity en mars 2017. En septembre de la même année, Software AG en avait fait le pilier de son offre de plateforme pour l’IoT, scellant dans le marbre son positionnement sur ce secteur promis à un avenir radieux. Aujourd’hui Bernd Gross, patron de Cumulocity, dirige les activités IoT Cloud de l’éditeur allemand. Si les comptes seront désormais séparés, l’éditeur a également souhaité organiser sa division en la dotant d’une forme d’autonomie opérationnelle, avec des propres équipes de R&D, ses propres équipes marketing et commerciales. « Il s’agit de mieux répondre à ces débuts de l’IoT, confirme-t-il. Tout le monde doit pointer dans la même direction pour une meilleure exécution. » Pour lui, la proximité de Webmethods et ses capacités d’intégrations aux SI existants et Cumulocity, et ses capacités de gestion de réseaux de capteurs, terminaux et machines, ont avant tout motivé ce rachat. Et c’est aujourd’hui ce qui est mis en avant. « Quand on parle d’IoT, les clients ont aujourd’hui besoin d’intégration. Et en fait, nombre de clients de Cumulocity demandaient du Webmethods », explique-t-il.

La plateforme se compose des briques de Cumulocity (pour le gestion des terminaux et capteur), mais aussi d’Apama pour des fonctions de streaming analytics, de visualisation de données en temps réel, et enfin d’une brique pour le développement d’applications. Cette solution est commercialisée soit en marque blanche auprès d’opérations télécoms – c’est le cas de NTT Communications, Deutsche Telekom ou KPN - , chez les acteurs industriels (Bosch ou encore Siemens – connecté à son propre Paas IoT MindSphere) et ou directement chez les clients.

Mais finalement, Software AG, qui comme le soutient Wolfram Jost, son CTO, a toutes les briques pour constituer un « Mega-Paas » pour les services digitaux, pense surtout que l’IoT industriel ne peut pas se passer de l’expérience et du savoir-faire de la base : à savoir les industriels eux-mêmes. Pour cela, l’éditeur allemand fait désormais parti des actionnaires d’une joint-venture baptisée Adamos créée en octobre dernier en collaboration avec des constructeurs-industriels allemands : DMG Mori et Zurr pour la machine-outil, Zeiss pour l’optique et ASM, autre constructeur de machine. Adamos entend ainsi proposer un Paas (Adamos) associant donc les multiples briques middleware de Software AG (ainsi que des fonctions d’IA – voir encadré) aux desidera applicatifs des entreprises du secteur manufacturier – pour le moment essentiellement allemand. A travers cette entreprise, il s’agit de permettre à ce secteur d’embrasser le numérique et d’associer leur machine à des services numériques liés par exemple à la surveillance et au contrôle des parcs industriels, ainsi qu’à la maintenance prédictive.

Ce Paas a logiquement pour vocation d’accélérer la création de ces services en proposant les couches d’infrastructure nécessaires, les outils d’intégration et de gestion des API, la gestion des terminaux, ainsi que des services d’analytiques, de gestions des événements, de visualisation et de streaming de données – toutes câblées par Software AG. Mais Adamos souhaite surtout favoriser la collaboration entre industriels et éditeurs de logiciels pour faire émerger des applications utiles et adaptées au-dessus de cette plateforme. Une fabrique de ces applications (App Fabric Alliance) fédère ainsi les différents partenaires d’Adamos. «L’idée est de ne pas avoir d’intermédiaires technologiques entre les clients et les industriels », résume Marco Link, le directeur d’Adamos. Ces applications qui émergeront d’Adamos seront placées sur ce que la société appelle des marketplaces digitales. C’est là que les applications Saas seront consommées par les clients de ces industriels. Côté infrastructure, si la plateforme Adamos peut s’installer dans un Cloud privé et même au niveau des terminaux (Edge) assure-t-il, Azure est aujourd’hui le Iaas sur lequel s’appuie la plateforme.

Marco Link affirme que la société devrait atteindre 10 actionnaires en mars 2018. Ce sera là la taille idéale, selon lui. Mais l’objectif principal est surtout de faire grossir les partenaires industriels qui rallieront la fabrique d’applications. Il parle de « centaines » de partenaires d’ici à 2020.

L’AI s’infuse dans le portefeuille de Software AG

Comme l’ensemble du marché de l’IT moderne, Software AG a aussi confirmé que l’AI serait appliquée à l’ensemble de son portefeuille dans les 2 années à venir. Si l’éditeur s’est payé la société Zementis en décembre 2016 et a fondu la technologie dans la v10.1 de sa Digital Business Platform (DBP – le grand Paas de la maison) en octobre 2017, il doit poursuivre aujourd’hui des travaux d’intégration. Car, comme l’indique Michael Zeller, le vice-président AI et Innovation de Software (et ancien patron de Zementis), « notre objectif est de travailler à déployer l’IA de façon opérationnelle ». Comprendre : rendre exploitable l’Intelligence artificielle (Machine Learning, Deep Learning) en production.

Aujourd’hui, le portefeuille de Software AG est bien peuplé d’IA : Webmethods (pour injecter de l’IA dans les processus métiers, par exemple), Apama (intégrée aux outils de CEP), Terracotta (base In-Memory qui sert par ailleurs de support à Zementis), Natural et Adabas (les deux briques historiques de l’éditeur apporte l’IA pour les mainframes) ; et bien sûr Cumulocity IoT pour l’Internet des objets. Des travaux autour d’Aris et Alphabet sont en cours, a confirmé le responsible.

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