Cloudbees organise son catalogue de produits pour mieux apparaître sur le radar des entreprises

Le spécialiste DevOps et Jenkins souhaite désormais apparaître comme le CRM de la livraison logicielle. Au programme, rationalisation du catalogue autour du Cloudbees Core et de la Cloudbees Suite.

C’est officiel : Cloudbees est désormais l’éditeur d’une plateforme intégrée capable de gérer de bout en bout la livraison de logiciels (Software Delivery). Jenkins constitue toujours la fondation de l’offre commerciale de la société. Mais Cloudbees, qui assure l’essentiel des contributions au socle open source, affûte quant à lui son positionnement d’éditeur dit Open Core. Quitte à s’éloigner de la marque Jenkins.  Avec cette démarche, Cloudbees veut désormais gagner en visibilité comme entité commerciale spécialisée dans la livraison logicielle en continu, alors que justement, le concept de DevOps monte en puissance dans les entreprises.

Pour mémoire, si Cloudbees est né autour du Paas, la société a abandonné cette idée plusieurs années après sa création pour bâtir une offre centrée uniquement sur Jenkins et DevOps. Une première étape dans l’évolution de la société emmenée par Sacha Labourey, son CEO, qui a peu à peu affirmé ce positionnement en industrialisant le serveur d’intégration continue et en développant au-dessus de ce socle des composants dits à valeur.

Cette approche s’est concrétisée par une refonte complète du catalogue produit de Cloudbees. Un rebranding structurant pour rationaliser le portefeuille, même si Christina Noren, Chief Product Officer de Cloudbees (arrivée en mars dernier chez l’éditeur), préfère parler d’un système intégré pour le CI/CD – par opposition à un portefeuille d’applications distinctes et non intégrées. « Salesforce n’a jamais parlé de portefeuille. »

Cloudbees Core et Cloudbees Suite

A la base de cette philosophie,  la société mis sur orbite le Cloudbees Core, qui vient unifier les plateformes Jenkins précédemment commercialisées. Cloudbees Jenkins Platform, dans sa version 1, produit historique de la société qui s’apparente à une version stabilisée de Jenkins, sera toujours proposée aux clients sous la forme de renouvellement. En revanche, pour les nouveaux clients, Cloudbees déclinera Cloudbees Core en deux options : une version traditionnelle ou une version pour Kubernetes. La version traditionnelle reprend les fonctions de CloudBees Jenkins Platform ; les fonctions de la version 2 de Jenkins Enterprise sont fondues dans celle pour les plateformes modernes (comprendre Kubernetes).

« Si les clients souhaitent acheter Jenkins Enterprise Platform, leurs licences sont automatiquement redirigées vers Cloudbees Core, avec ces deux options », précise-t-elle. Pour les nouveaux clients de la marque, Cloudbees Core uniquement sera commercialisé, assure la responsable.

Mais ce n’est qu’un début. L’autre traduction de cette rationalisation est la création de la Cloudbees Suite dont la vocation est de rassembler les composants cœur de la société : Cloudbees Core, DevOptics (un outil de monitoring de performances des pipelines Jenkins et Cloudbees), CodeShip (un outil purement Saas de CI / CD non Jenkins). Le tout associé à une offre de support.

« Je voulais que les choses soient plus simples pour les clients Cloudbees et commencer à leur proposer de façon continue de la valeur », témoigne-t-elle. Mais avec cette approche, Cloudbees devient également plus visible auprès d’entreprises qui ont mûri en matière de DevOps et de CI / CD. « Il y a deux ou trois ans, Cloudbees allait déjà au-delà de la fourniture d’un Jenkins stable, mais à cause de notre positionnement et de notre marque, nous ne vendions pas à notre juste valeur ».

Cloudbees était vu comme un spécialiste de contrats de support sur Jenkins, et – surtout – auprès d’une cible restreinte. La société a certes progressé mais pas à son plein potentiel en somme. « Le marché a évolué à tel point que les clients ont aussi besoin d’un acteur de l’envergure d’une Salesforce, avec cette même relation clients, pour leur CI / CD qui est au cœur de leur activité. » Pour elle, « nous avons une responsabilité vis-à-vis des clients commerciaux : celle de leur apporter toutes les réponses à ce problème de delivery ».

Jusqu’alors, les produits Cloudbees étaient étiquetés selon leur environnements, et non pas selon leurs fonctions, commente Sacha Labourey, le CEO de Cloudbees. « Ce qui ne répondait finalement pas aux questions des clients. Créer un produit pour chaque fonction ne fait qu’ajouter de la complexité à toutes les discussions. »

Pour la société, l’idée est de structurer l’approche DevOps des entreprises qui, du coup, en ont de plus en plus besoin. Et ne plus cibler uniquement les développeurs et la DSI, mais aussi les responsables métiers, décideurs et dirigeants.

Quels rapports avec la communauté open source ?

Mais est-ce que cela change les relations de Cloudbees avec la communauté Jenkins ? Non répond Sacha Labourey, qui confirme le statut d’éditeur Open Core de Cloudbees. « La réalité est que notre destinée est très liée à celle de Jenkins. On est donc intéressé par le fait que Jenkins évolue et reste un outil performant sur les années à venir », explique-t-il, précisant que Cloudbees investit beaucoup dans le développement et les orientations de la plateforme open source.

La communauté évolue à son rythme, et joue un rôle complémentaire, comme l’a suggéré également Kohsuke Kawaguchi, le CTO de Cloudbees et père de Jenkins. Elle reste garante de l’innovation technique du projet, en le faisant par exemple évoluer sur les terres des applications cloud-natives. Un groupe de travail a d’ailleurs été créé pour l’occasion, pour encadrer le projet Jenkins X (déployer la solution sur des clusters Kubernetes). Dans cet exemple, Jenkins X est la base de Kube-CD, offre commerciale chez Cloudbees.

Mais « dans des moments de transitions clé, nous sommes obligés de prendre un peu les devants, parce que la communauté n’est pas structurée pour prendre de grandes décisions », soutient le CEO. Depuis un an, des discussions « saines » ont lieu dans la communauté pour structurer Jenkins autour d’une fondation.

Prochaine étape : une gouvernance pour être capable d’unifier les runtimes

Avec la hausse de maturité de DevOps dans les entreprises, Cloudbees compte logiquement faire évoluer son Core vers des outils de gouvernance, a confirmé Sacha Labourey. Cela sera fondu dans la v3 du Cloudbees Core.

« Nous avons en effet pu constater que la mise en place de processus DevOps  est souvent confrontée à des freins culturels, plus que technologiques », rappelle Diego Lo Giudice, analyste au sein du cabinet d’études Forrester Research. Et pour cause, le manque d’indicateurs capables de démontrer les gains peut bloquer les dirigeants. C’est aussi la raison pour laquelle Cloudbees a lancé Devoptics.

 Si elle a bien entamé sa transformation vers DevOps,  la banque ABN Amro a dû se passer de métriques, au profit d’une approche très pragmatique. « Nous avons montré (aux dirigeants et responsables métiers, NDLR) le niveau de contentement des équipes et les améliorations en matière de sécurité », rapporte Stephan Simenon, à la tête du centre d’expertise Software Development and Tooling de l’institution financière. « Il s’agissait de montrer que le niveau d’amélioration s’accroissait avec le temps, tant en matière de qualité de code que de timing des releases. »

De son côté, HSBC a confirmé la nécessité de montrer les gains amenés par DevOps pour convaincre. Des tableaux de bord ont été partagés avec l’ensemble des équipes concernées, dirigeants et métiers, a expliqué une responsable de la banque.

La couche de gouvernance de la v3 du Core permettra dans la foulée à Cloudbees d’unifier les runtimes de CI/CD sous-jacents. Confirmant ainsi cette idée de solution intégrée pour la livraison logicielle. Seront ainsi fédérés dans le Core les moteurs de CI / CD de Jenkins et  de CodeShip (qui n’est pas bâti sur Jenkins), qui pourront être instanciés indifféremment en fonction du pipeline.  La gouvernance sera unifiée et cachera la complexité sous-jacente des moteurs. C’est là que Cloudbees voit aujourd’hui son positionnement et sa valeur sur le marché.

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