Documation 2019 : L’IA fait maintenant partie du paysage

L’escalade marketing autour de l’IA semble s’apaiser enfin dans les allées de Documation. L’IA est désormais partout et intégrée à un bon nombre des solutions qui étaient présentées lors de l’édition 2019.

« IA is the new black », le slogan est très vrai dans le monde de la gestion documentaire qui exploite les algorithmes d’OCR et de reconnaissance d’image depuis plus de 15 ans maintenant, mais depuis 2 ans, les RPA se sont immiscés dans les processus jusque-là confiés aux moteurs de BPM.

Si les organisateurs de Documation n’ont pas su convaincre UIPath, Automation Anywhere, Blue Prism, Pega, ou Kofax de venir exposer à Paris cette semaine, Itesoft a fait briller la flamme des RPA dans ses conférences et ateliers.

ItesoftSalon Documation 2019 - Itesoft

Partenaire de Contextor, acteur des RPA acheté par SAP fin 2018, le spécialiste de la dématérialisation des processus tire aujourd’hui pleinement profit de ce partenariat : « Nous avons signé plusieurs clients significatifs ensemble » a expliqué Thomas Vatinel, responsable des campagnes marketing d’Itesoft.
« Nous nous appuyons aujourd’hui sur nos capacités à proposer du RPA dans le cadre de projets de numérisation des processus. Nous sommes aujourd’hui passés de la phase de buzz et de l’évangélisation à la mise en pratique. Désormais nous expliquons sur Documation non plus ce qu’est le RPA mais comment les entreprises l’utilisent en production et quels sont les bénéfices qu’elles en tirent réellement. »

Les synergies entre RPA et BPM sont évidentes, de même que dans le Case Management et la gestion documentaire classique comme l’a souligné Michel Vacher, en charge du développement d’ISIS Papyrus, éditeur de la plateforme documentaire utilisée par 2 500 collaborateurs dans les agences de BNP Paribas : « la plateforme est aujourd’hui complètement multicanal, qu’il s’agisse des emails, des pdf, des applications mobiles, des SMS et nous travaillons beaucoup avec les chatbots pour demander au client d’envoyer telle ou telle pièce justificative suite à une demande par exemple. Nous avons aussi intégré la surveillance des réseaux sociaux à notre offre. Aujourd’hui, nous essayons  de rendre le fonctionnement de notre plateforme plus “intelligent”, via les RPA, notamment dans l’analyse des documents entrants et de proposer des actions dans des processus en fonction des comportements passés. Ce que nous souhaitons aujourd’hui, c’est pousser les utilisateurs métiers à améliorer eux-mêmes le système. »

L’IA s’impose comme un outil de veille économique

La plénière d’ouverture du salon était consacrée aux métiers de l’information et de la veille, et là encore, l’IA s’est imposée en tant qu’invité d’honneur un peu inattendu.
Ainsi, Geotrend, une startup issue du BizLab d’Airbus,  développe une solution d’intelligence économique en Saas basée sur l’intelligence artificielle et a déjà conquis 25 % du CAC40. Thomas Binant, CEO de la startup explique : « L’idée est d’apporter aux équipes de veille une solution d’intelligence artificielle qui se charge de la partie collecte de l’information, qui est une composante fondamentale de la veille. Les entreprises demandent de plus en plus à leurs veilleurs de faire des analyses sur de nouveaux sujets et dans des délais de plus en plus courts. Ceux-ci ne peuvent suivre le rythme qui leur est imposé et doivent de plus en plus travailler avec d’autres experts dans l’entreprise sur une approche de type  intelligence collective. »

Cette notion d’IA qui devient un outil d’aide de plus en plus indispensable au veilleur s’impose désormais à tous. Mickaël Réault, CEO de Sindup ajoute : « Si on veut résumer les outils à la disposition d’une cellule de veille, il y a à la fois l’automatisation apportée par les RPA auxquels vient s’ajouter le Machine Learning, l’analyse du langage  NLP et la sémantique qui permettent d’obtenir une compréhension du texte assez proche de celle de l’humain pour détecter des événements de la vie économique. »

Pour l’heure, aucun expert ne considère que l’IA va se substituer aux veilleurs. Selon Christophe Audouin, en charge de la veille chez Suez, il faut remettre les choses en place : « J’ai vu disparaitre les services de Knowledge Management dans les entreprises, or je pense qu’on en a aujourd’hui besoin. On sait comment capter, filtrer, cumuler l’information mais il faut maintenant se tourner vers les gens pour savoir comment ils consomment l’information. Manager de l’information, c’est avoir des notions de gestion de la connaissance, il faut mettre des cerveaux dans la gestion de l’information, filtrer mieux avec de l’intelligence artificielle qui va s’appuyer sur les usages de ces experts. Mais pour moi cette notion de gestion de la connaissance va reprendre beaucoup de poids à l’avenir. »

La dématérialisation de facture aiguise les appétits

Si les entreprises optimisent leurs processus internes à coup de Machine Learning, l’autre sujet d’actualité de Documation 2019 portait sur la dématérialisation des factures.

Depuis le 1er janvier 2019, toutes les entreprises de plus de 10 salariés ne peuvent facturer les organismes publics que via une facture électronique.

L’évolution de la législation française pousse les entreprises les plus réticentes à enfin franchir le Rubicon. Le 1er janvier 2019, un nouveau palier réglementaire a été franchi puisque toutes les entreprises de plus de 10 salariés ne peuvent facturer les organismes publics que via une facture électronique et en 2020 même les TPE de moins de 10 personnes devront s’y soumettre.

Un marché à saisir pour de nombreux acteurs qui proposent des portails web afin de prendre en charge la soumission des factures des PME auprès de l’Etat, un processus de saisie plutôt laborieux. Parmi ces acteurs, DPii Telecom, dont Jonathan Tshishimbi, ingénieur commercial résume l’offre : « En tant que concentrateur, nous nous proposons d’automatiser le dépôt des factures des PME qu’elles nous font parvenir sous la forme de fichiers Word, Excel, pdf ou de spool d’impression, plutôt que d’avoir à effectuer la saisie manuelle des factures sur le portail de l’Etat. Outre cette automatisation, notre valeur ajoutée est de pouvoir aussi traiter la dématérialisation du bulletin de paie jusqu’au dépôt de celui-ci en format dématérialisé dans l’espace dédié au compte personnel d’activité de chaque salarié. »

Autre acteur à s’être positionné sur ce marché, Yooz, un spin-off d’Itesoft qui compte déjà 2 000 clients et 100 000 utilisateurs. L’éditeur de services cherche à créer de  la valeur ajoutée et aller au-delà de la seule soumission des factures sur le portail de l’Etat : « Notre plateforme cloud permet de gérer tout type de documents dématérialisés et permet le travail collaboratif d’utilisateurs d’une entreprise répartie sur différents sites géographiques, notamment pour créer des circuits de validation en ligne. Nous réalisons aussi de l’extraction automatique de document en nous appuyant sur l’intelligence artificielle pour lire et comprendre les données de la facture quel que soit son format, et ainsi s’affranchir de la notion de zonage. »

La “Digital Workplace” monte en puissance et en surface

Parmi les autres annonces du salon, un certain regain d’activité dans le domaine des plateformes de gestion de contenu. Porté par l’essor des projets de “Digital Workplace”, l’éditeur lyonnais Lumapps continue sa montée en puissance avec une plateforme d’intranet social et collaboratif retenue par des entreprises telles que Veolia, Valeo, Air Liquide.

De même, le champion franco-américain de la gestion de contenu Nuxeo connait une nouvelle jeunesse avec un revenu annuel récurrent (ARR) en croissance de près de 40 % en 2018.
Elise Duchateau, directeur marketing EMEA de l’éditeur souligne : « J’explique cette croissance par la forte demande pour des plateformes de gestion de contenu modernes, avec des entreprises qui recherchent des plateformes de services de contenu réellement ouvertes, c’est-à-dire pouvant se connecter à diverses sources d’information telles que Dropbox, Google Drive ou Photoshop mais aussi aux applications “legacy”. Il y a aussi une demande croissante pour des fonctionnalités d’intelligence artificielle et d’automatisation de certaines tâches. Nous avons notamment recours à Google Vision et Amazon Rekognition. Nous clients peuvent ainsi entrainer le modèle d’IA sur leurs propres images pour, par exemple, reconnaître le bon modèle du véhicule et la bonne référence de peinture pour un constructeur automobile, et pas une IA qui est seulement capable d’indiquer qu’il s’agit d’une photo de voiture. »

La gestion de contrats migre à son tour dans le cloud

Autre annonce majeure réalisée en toute fin du salon Documation, celle de Docusign Agreement Cloud. Olivier Pin, Vice-président Produit et Directeur Général de DocuSign France livre quelques détails sur cette plateforme : « Il s’agit à la fois d’une plateforme qui permet de gérer le cycle de vie des accords, une série d’applications gérant les différentes étapes de ce cycle de vie avec certaines applications qui viseront plus particulièrement certaines industries, ainsi que des centaines d’intégrations entre ce cloud et des applications tierces comme Salesforce, Google, SAP, donc les principaux acteurs du Saas. »

D’autres intégrations plus spécifiques ont été annoncées comme celle avec Total Search de Seal Software afin de faire de la recherche sur tout le fond de contrats stocké par l’entreprise sur la plateforme. L’ensemble des fonctions de la plateforme seront accessibles via API et l’éditeur souligne qu’actuellement la moitié de ses clients a recours aux services d’applications DocuSign via l’intégration.

« Nous avons beaucoup investi sur la localisation des données. DocuSign s’appuie sur 3 datacenters en Europe. »
Olivier PinVice-président Produit et Directeur Général de DocuSign France

Le spécialiste de la signature électronique qui compte 470 000 clients dans 180 pays dans le monde, va proposer ce service avec un hébergement en Europe pour les entreprises qui le souhaitent : « nous avons beaucoup investi sur la localisation des données. DocuSign s’appuie sur 3 datacenters en Europe qui fonctionnent de manière totalement autonome vis-à-vis des Etats-Unis et nous pouvons garantir que les contrats européens ne partiront jamais vers une autre zone géographique. Cela ne fait pas partie du RGPD proprement dit, mais c’est de plus en plus demandé par nos clients. »

DocuSign qui dispose d’un centre de développement en France a développé la solution DocuSign ID Verification, une nouvelle solution qui permet de vérifier l’identité d’une personne après avoir scanné sa carte d’identité.

Dématérialisation, cloud, IA et modernisation des infrastructures de gestion de contenu devraient animer encore quelques éditions de Documation...

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