KubeCon : HPE lance une plateforme de virtualisation sur Kubernetes

Contrairement aux solutions de Red Hat et de VMware, Container Platform n’utilise que des containers, mais il exécute LES applications historiques aussi bien que ses concurrents.

HPE profite de l’évènement KubeCon qui se tient cette semaine à San Diego pour lancer à son tour une plateforme de virtualisation basée sur des containers. A l’instar d’OpenShift chez Red Hat et du futur vSphere Project Pacific chez VMware, cette nouvelle suite HPE Container Platform utilise l’ordonnanceur Kubernetes pour exécuter des applications dans ces instances bien plus légères que les traditionnelles machines virtuelles.

« L’idée de Container Platform est de pouvoir lancer n’importe quelle application historique aussi simplement que des microservices modernes. On indique juste dans la console l’adresse IP des serveurs physiques prêts à les recevoir, ou même les identifiants d’un compte IaaS sur un cloud public, et notre solution se charge de tout déployer toute seule », explique au MagIT Thomas Phelan, en charge des infrastructures Hybrides chez HPE.

« Il devient dès lors possible pour des métiers de mettre en route simplement de nouvelles instances de leurs applications, sans faire appel aux gens de l’infrastructure. »

Blue Data et MapR pour rendre les containers persistants 

Le mérite technique de HPE Container Platform est surtout de tout exécuter en containers. C’est-à-dire qu’une entreprise n’a plus besoin d’installer en amont toute la machinerie des plateformes de virtualisation et qu’elle n’est plus obligée de payer la licence d’un OS pour chacune des instances applicatives en fonctionnement. L’économie est d’autant plus grande que les containers consomment jusqu’à dix fois moins de RAM et de puissance processeur qu’une machine virtuelle, ce qui signifie que l’on peut exécuter bien plus d’instances applicatives sans avoir besoin de réinvestir dans des serveurs physiques.

Dans les faits, Container Platform résout le principal défaut des containers : leur volatilité. Alors qu’une machine virtuelle peut être figée dans un état pour être déplacée en cours de travail sur un autre serveur physique ou simplement reprendre son travail après un incident, les containers redémarrent toujours de zéro. Or, si ce fonctionnement ne perturbe pas des microservices conçus pour répondre à des requêtes simples, il pose problème dans les applications qui emmagasinent de l’information.

Pour apporter de la persistance aux containers, HPE a mis dans sa suite logicielle deux logiciels qu’il a récemment rachetés. Aux côtés d’une distribution Open source classique de Kubernetes, on trouve ainsi le contrôleur Blue Data EPIC qui sauvegarde constamment l’état d’un cluster de containers et sait le réhydrater dans un nouveau cluster. Il s’accompagne du système de fichiers distribué de MapR qui héberge les copies des états en cours afin de pouvoir les restaurer.

OpenShift de Red Hat et le futur Project Pacific de VMware, eux, ne s’encombrent pas d’une technologie spéciale pour rendre les containers persistants. Dès lors qu’une application a besoin de reprendre son état en cours après une interruption – ce qui est le lot de toutes les applications serveur écrites jusqu’ici – ils l’exécutent en machine virtuelle. Avec tous les investissements en amont que cela suppose. 

L’objectif : une solution de cloud hybride

Container Platform devrait être disponible courant 2020. Pour l’heure, il s’agira d’un logiciel achetable sous forme de licence, mais il est probable que la solution devienne à terme accessible sous forme de souscription. Notamment via des services assurés par la division de consulting Pointnext de HPE.

« Désormais, nous pensons même accompagner des déploiements de clusters de supercalcul ‘‘as-a-Service’’ pour les directions scientifiques. »
Thomas PhelanEn charge des infrastructures Hybrides, HPE

« L’idée de HPE est d’accompagner les entreprises dans la création de portails à la demande. Avant qu’il ne soit racheté par HPE en novembre 2018, c’est ce que faisait l’éditeur Blue Data pour les entreprises de la finance et de la santé qui souhaitaient offrir des applications d’analytique ‘‘as-a-Service’’ à leurs métiers. Désormais, nous pensons même accompagner des déploiements de clusters de supercalcul ‘‘as-a-Service’’ pour les directions scientifiques », explique Thomas Phelan.

Au même titre qu’IBM entend le faire avec OpenShift de sa filiale Red Hat, Pointnext aura surtout pour vocation d’accompagner les entreprises dans l’adaptation de leurs applications historiques au cloud hybride.

Notons que HPE n’a pas encore passé d’accord spécifique avec les fournisseurs de cloud public. Ainsi, il n’est pour l’instant pas possible de lier Container Platform aux services en ligne qui exécutent directement des clusters Kubernetes chez AWS (EKS), Azure (AKS) et GCP (GKE). La solution consiste en l’état à réinstaller toute une pile Kubernetes avec les bons connecteurs dans leurs machines virtuelles.

Lire aussi :

KubeCon : les fournisseurs se mobilisent pour améliorer le réseau
Kubernetes a un défaut : il est mauvais dans le routage du trafic. Cisco, Microsoft, Google, Arista Networks, mais aussi l’étoile montante française Containous proposent d’y remédier.

Pour approfondir sur Administration et supervision du Cloud

Close