Avec Cloud Native AOS, Nutanix fonctionnera en cloud public
Le système de Nutanix se décline en containers exécutables par n’importe quel cluster Kubernetes. L’intérêt est de pouvoir inféoder les containers aux fonctions d’AOS, même dans le cloud public où AOS n’était pas installable.
Il sera désormais possible d’utiliser le système d’hyperconvergence de Nutanix sans hyperviseur. Dévoilé à l’occasion de l’événement .Next 2025 qui a eu lieu la semaine dernière à Washington, le nouveau système Cloud Native AOS se greffe à n’importe quel cluster Kubernetes pour lui apporter toutes ses fonctions de gestion du stockage. Il s’agit de la répartition des accès par instance applicative, des sauvegardes, des règles de reprise d’activité. Le cluster Kubernetes en question peut être une version classique sur site ou un service offert par un cloud public.
Cloud Native AOS n’est ni plus ni moins que la concrétisation commerciale du projet Beacon évoqué dès fin 2023. L’année dernière, Nutanix avait déjà introduit la possibilité de prendre le contrôle de n’importe quel cluster Kubernetes, sur site ou en ligne, depuis une version complète d’AOS, pour que ce cluster soit inféodé aux règles de stockage d’AOS. Désormais, c’est AOS lui-même qui est exécuté sous la forme d’un container dédié au stockage, par-dessus un cluster Kubernetes.
Pour Nutanix, Cloud Native AOS doit permettre à ses clients qui développent eux-mêmes des applications en containers, ou en utilisent, de les exécuter sur des ressources disponibles ailleurs, typiquement le cloud public, sans avoir besoin d’aller y installer aussi un AOS complet.
En général, les entreprises qui ont des ressources sur site (et ont donc une raison d’utiliser AOS) aiment exécuter des applications en containers en cloud public soit parce que c’est une infrastructure d’appoint pour leurs développeurs, soit parce qu’elles peuvent ainsi lier leurs applications à des services uniquement disponibles en cloud (dont l’IA).
Kubernetes, un cheminement étape par étape pour Nutanix
Pour mémoire, rappelons qu’il existe deux formats pour exécuter des applications : la machine virtuelle, qui est très lourde parce qu’elle embarque tout un système d’exploitation, et le container, qui ne contient que l’applicatif et une copie locale des paramètres système.
Les machines virtuelles sont exécutées par un hyperviseur : ESXi chez VMware, KVM sur Linux, AHV chez Nutanix… Les containers sont exécutés par un orchestrateur, le plus répandu étant le logiciel Open source Kubernetes. Kubernetes peut être exécuté directement sur un serveur physique, en tant que service d’infrastructure dans le cloud (EKS chez AWS, AKS chez Azure, GKE chez GCP), ou au sein d’une machine virtuelle.
Outre l’exécution de VM via l’hyperviseur AHV, la raison d’être de la plateforme AOS de Nutanix est surtout de virtualiser le stockage. Elle transforme les disques des serveurs sur lesquels elle s’exécute en baies de disques virtuelles avec moult fonctions de haut niveau, comme des accès selon les charges de travail et les droits utilisateurs, la compression, la déduplication, les sauvegardes, etc.
Au début des années 2020, Nutanix proposait d’exécuter Kubernetes, de préférence sa propre implémentation Karbon ou OpenShift de Red Hat, depuis l’une des machines virtuelles exécutées par AHV. En 2024, après le rachat de D2iQ est sa technologie Konvoy, Nutanix change son fusil d’épaule. Il ne propose plus d’exécuter un Kubernetes maison depuis l’une de ses VM, mais d’installer n’importe quel Kubernetes sur une autre architecture du réseau local, pour simplement communiquer avec lui via des pilotes de stockage CSI qui pointent vers AOS. Cette solution s’appelait alors NKP, ou Nutanix Kubernetes Platform.
Le projet Beacon, qui se concrétise donc aujourd’hui, consiste à ne plus avoir besoin d’installer un AOS complet avec son hyperviseur. Toutes les fonctions de stockage d’AOS sont désormais présentées sous la forme de containers, lesquels sont exécutés par Kubernetes. Dans cette configuration, AOS devient juste une couche d’administration pour du stockage mis en production par quelqu’un d’autre, typiquement un fournisseur de cloud.
Gérer le stockage des containers partout
Nutanix argumente que Cloud Native AOS va permettre à ses clients d’exécuter ce qu’ils veulent, où ils veulent.
« Nous pensons qu’il s’agira d’applications et de données distribuées, en mode multicloud. »
Lee CaswellSVP Product and Solutions Marketing, Nutanix
« Nous considérons que les données et les applications seront de plus en plus distribuées au fil du temps », a déclaré Lee Caswell, le patron du marketing chez Nutanix. « Il s’agit en fait d’un modèle différent de celui des hyperscalers qui essaient de concentrer toutes les données et applications dans un seul cloud. Nous pensons qu’il s’agira d’applications et de données distribuées, en mode multicloud. »
En l’occurrence, le système de Nutanix ne faisait jusqu’ici pas bon ménage avec les systèmes d’infrastructure des clouds publics, les deux étant redondants. Utiliser des ressources externes gérées depuis la même console d’administration Prism d’AOS ne fonctionnait jusqu’à présent qu’avec des clouds privés, eux-mêmes fonctionnant sous AOS. Il s’agit plus exactement de la version Nutanix Cloud Infrastructure.
Nutanix Kubernetes Platform ne fonctionnant qu’avec un AOS sur le même réseau local, il était donc jusque-là impossible d’administrer le stockage des services Kubernetes proposés par les clouds publics depuis Prism. Plus exactement, il était jusque-là impossible de leur fournir des fonctions telles que les snapshots, la réplication et la reprise après sinistre de Nutanix sans avoir l’hyperviseur AHV installé dans le même cloud.
Cloud Native AOS sera disponible dès cet été sur AWS, afin de se greffer à des clusters EKS, donc. Il faudra attendre la fin de l’année pour qu’il soit disponible sur d’autres clouds publics ou pour que les entreprises puissent utiliser ses containers sur n’importe quel cluster Kubernetes.