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IA : oppScience prône une alternative collective et européenne à Palantir

La startup parisienne oppScience développe une plateforme de traitement de données propulsées au NLP, aux analyses graphes et à l’IA. La société prône l’émergence d’une alternative collective et européenne à Palantir et aux éditeurs américains, et se propose de rallier des partenaires autour de ses solutions.

Fondée à la fin de l’année 2017, oppScience est une startup parisienne qui a déjà su se faire un nom dans un cercle restreint. Son fondateur et président n’est autre que Gilles André, un « serial entrepreneur » actif depuis plus de 25 ans ayant participé à l’avènement des solutions ETL dans les années 1990.  

Selon Gilles André, oppScience s’est appuyé sur le socle de recherche et développement de deux sociétés qu’il a fondées à partir de 2011 (PolySpot, et CustomerMatrix).

OppScience développe la plateforme bee4Sense. Elle est composée de trois modules. La startup précise qu’InfoHub est dédiée à l’acquisition en continu (CDC) et à la fédération de données brutes, structurées, semi-structurées ou non structurées. Cette brique dispose d’une librairie de près de 120 connecteurs. SenseBuilder rassemble des capacités de moteur de règles, de machine learning, d’analytique et de Deep Learning afin d’enrichir les données et les partager. SARA, correspond à la couche UI/UX. Ce module comprend à la fois les UX (tableaux de bord, barre de recherche, visualisation graphe, etc.), les API et les applications pour la gestion de données de référence, des ontologies et du Case Management.

Comme les acteurs spécialisés dans la relation client, oppScience veut automatiser les traitements enclenchés par les utilisateurs finaux. Bee4Sense a été pensé pour devenir un orchestrateur des requêtes de données, des inférences de modèles de machine learning ou d’établissement des relations graphes.

Cette description ouvre les portes à un nombre important de cas d’usage, mais oppScience a décidé de limiter son champ à deux activités : l’aide à l’enquête et à la gestion augmentée de la connaissance.

En ce sens, elle lancera à la fin du mois de juin une application d’enquête ciblant les secteurs de la sécurité, et de la vérification de l’identité des clients « dans les domaines publics et privés ». Il s’agit de rassembler sous une seule interface les capacités de la plateforme accessible aux collaborateurs pour se renseigner sur des entités : des personnes, des entreprises ou encore des produits.

« Il faut comprendre l’enquête au sens large », prévient le fondateur. Il s’agit à la fois de couvrir les besoins de recherche des supports client, du maintien en condition opérationnelle, des équipes de veille concurrentielle, des chercheurs, mais aussi des forces de l’ordre, de la justice et des services de renseignement.

Bee4Sense, une plateforme dédiée au cognitive search et à l’enquête

« Nous avons deux types de clients : les entreprises et l’administration », indique Guillaume Bréjaud, directeur général d’oppScience. « Les grands groupes nous utilisent dans le cadre d’une gestion augmentée de la connaissance quand la GED et un moteur de recherche ne suffisent plus, quand il faut accéder aux contenus. Nous sommes sur de la veille économique, technologique, stratégique et de la gestion du savoir de l’entreprise, par exemple chez Vinci, BNP ou encore Suez ».

Du côté de l’administration, bee4Sense est la plateforme de gestion de cas associé au TAJ (Traitement des antécédents judiciaires) mis en œuvre par la ST(SI)² (Service des Technologies et des Systèmes d’Information de la Sécurité intérieure), DSI commune à la police et à la Gendarmerie Nationales. Selon les propos du Colonel Patrick Touak, Sous-Directeur des Systèmes d’Information de la Gendarmerie, bee4Sense est l’application employée pour la recherche et le croisement d’informations concernant les victimes et auteurs de délits et crimes, ou ceux punis par certaines contraventions de cinquième classe.

La solution est également utilisée par le centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N, rattaché à la Gendarmerie) pour propulser une partie des fonctions de la plateforme Thésée (Traitement harmonisé des enquêtes et des signalements pour les e-escroqueries) afin de lutter contre la fraude sur Internet, notamment pour regrouper des plaintes qui présentent des similarités pouvant diriger l’enquête vers un individu.

« Outre l’intégration de données, nous sommes des spécialistes du traitement automatique du langage, ainsi que de la convergence d’information et la gestion des relations entre des entités. »
Gilles AndréFondateur et président, oppScience

Bee4Sense peut être installée sur site ou dans le cloud, de manière agnostique. Les clients choisissent un environnement dans lequel ils déploient la plateforme en mode single tenant. La startup fournit ses solutions sous un mode de souscription annuelle, mais s’adapte aussi au modèle de licence et de maintenance imposé par certaines administrations.

Sur le papier, bee4Sense ressemble davantage à un framework modulaire qu’à une plateforme dont toutes les frontières seraient délimitées par l’éditeur.

En réalité, la plateforme bee4sense est bien une offre packagée, mais la startup se concentre sur une (grosse) partie de l’intégration et l’extraction de données, sur l’apport de solutions NLP, de data lineage, d’extraction d’entités nommées et de toutes les interfaces utilisateur.

« Outre l’intégration de données, nous sommes des spécialistes du traitement automatique du langage, ainsi que de la convergence d’information et la gestion des relations entre des entités », vante Gilles André.

Pour le reste, c’est-à-dire l’extraction de certaines données, l’identification biométrique, la traduction automatique, l’analyse des données géospatiales et la computer vision, la startup fait appel à des partenaires ou s’intègre avec les solutions choisies par ses clients.

« Nous n’avons pas une approche systématique. Si un client a un besoin d’une information donnée, nous allons le faire par le biais de nos connecteurs ou en nous associant à des partenaires », assure Gilles André.

« Dans notre démarche, nous recommandons des solutions que nous savons pertinentes dans tel ou tel domaine, mais nous ne les imposons pas, car les clients peuvent avoir déjà opté pour une brique similaire. Nous n’avons pas pour but de contraindre une révolution du système d’information de l’entreprise », ajoute Guillaume Bréjaud

Favoriser l’émergence d’alternatives européenne à Palantir

OppScience monte ainsi ce qu’elle appelle un FabLab pour faire collaborer les startups et les entreprises qui pourraient enrichir sa plateforme et les solutions déployées auprès des clients. L’objectif est ni plus ni moins que de présenter une alternative collective aux produits de Palantir.

« Nous voulons développer un écosystème de spécialistes de l’IA souverain en France […] et proposer une alternative à l’hégémonie sino-américaine qu’il y a sur ce marché. »
Gilles AndréFondateur et président, oppScience

« Si vous observez attentivement l’activité de Palantir aujourd’hui, les cas d’usage vont bien au-delà de la surveillance », note Gilles André. « Nous cherchons à proposer une alternative à Palantir, mais nous ne voulons pas y aller seuls. Nous voulons développer un écosystème de spécialistes de l’IA souverain, en France, qui constitue par leur union une force de frappe dans le domaine, et proposer une alternative à l’hégémonie sino-américaine qu’il y a sur ce marché, au lieu d’intenter des procès en diabolisation relativement stériles ». OppScience annoncera les noms de ces premiers partenaires à la fin du mois de juin.

La démarche se rapproche de celle d’Atos et de Thales qui ont dévoilé une co-entreprise, mais se veut plus collective, voisine de l’initiative du Cluster Data Intelligence du GICAT. Si la startup est membre du groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (et de l’UGAP), elle souhaite se rallier au cluster créé justement pour proposer « des palantirs à la française », mettre en avant des intervenants capables de répondre à des cas d’usage spécifiques.

« Aujourd’hui, l’industrie de l’IA et du Big Data en France et en Europe a du mal à décoller. Les enjeux ne sont pas exclusivement financiers, il s’agit de maîtriser certaines situations comme celles que nous venons de traverser. On ne peut pas confier ces sujets stratégiques à des plateformes quelque part sous la domination d’un acteur unique, il faut favoriser l’émergence des initiatives européennes », martèle Gilles André.

En 2020, oppScience a généré un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros tout en assurant un bilan positif. Elle espère générer 25 millions d’ici 2023. La startup compte une quarantaine de collaborateurs et revendique une trentaine de clients.

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