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OVH et Platform.sh lancent une PaaS pour les (petites) agences Web

OVH et Platform.sh ont annoncé la disponibilité générale de Web PaaS by Platform.sh. Les deux partenaires comptent séduire les agences Web et les développeurs indépendants, avec une plateforme censée favoriser l’automatisation des déploiements des sites Web.

Ce n’était pas vraiment un secret. Les deux partenaires ont régulièrement évoqué leur collaboration. Le 9 juin, Octave Klaba, PDG d’OVH partageait sur Twitter une liste de services OVH respectant la « souveraineté des données ». Platform.sh en faisait partie. Depuis le mois de mars, les usagers d’OVHCloud ont pu accéder à une à préversion de la solution de Platform.sh sur cette infrastructure cloud.

Le nouveau venu se nomme Web PaaS powered by Platform.sh. Pour rappel, Platform.sh est l’éditeur d’une plateforme de développement dite de bout en bout, conçue pour gérer des flottes de sites Web. Elle supporte la plupart des langages de programmation d’applications ou de sites Web (Node.js, PHP, Python, Java, etc.), les CMS (Magento, Drupal, Wordpress, Typo3, etc.), les frameworks (Jakarta EE, Spring, Symfony, etc.), et dispose d’une collection d’outils CI/CD et de maintien des cycles DevOps. L’éditeur vante la possibilité de « cloner » des sites ou des applications Web et a choisi de distribuer les microservices sur des containers Linux isolés (LCX). Il a également racheté Blackfire, une startup spécialisée dans l’APM afin de superviser les applications.

Une PaaS Web « de confiance »

« C’est un partenariat qui a commencé il y a presque deux ans avec des échanges de messages entre Frédéric [Frédéric Plais, PDG et cofondateur de Platform.sh, N.D.R] et Octave [Klaba] », déclare Gauthier Garnier, Vice-président Global Alliances chez Platform.sh.

« Nous observions la volonté d’OVH de développer un écosystème. Il y a toujours eu un intérêt commun à travailler ensemble, mais nous cherchions la manière de mettre cela en musique », ajoute-t-il.

Cette discussion au long cours s’explique en partie par la politique de partenariats d’OVHcloud. Comme le précisait auprès du MagIT Sylvain Rouri, directeur commercial d’OVH, le fournisseur demande aux éditeurs de « déraciner » leurs logiciels avant de les accueillir sur son cloud dit de confiance (hébergé en Europe, non soumis aux lois extraterritoriales, dont le CLOUD Act américain).

« Nous avons pris la technologie de Platform.sh et nous l’avons portée sur OVHCloud afin de fournir une solution complètement packagée à nos clients finaux pour qu’ils puissent se concentrer sur leurs développements », affirme Caroline Comet-Fraigneau, Vice-Présidente France, Benelux et Afrique chez OVHCloud.

Par ailleurs, les deux partenaires sont membres de l’initiative Gaia-X. Ils considèrent que Web PaaS prend un certain sens dans ce contexte. En outre, Platform.sh participait déjà au programme d’OpenTrust Cloud d’OVH, mais la nouvelle offre se distingue par son imbrication au cœur du catalogue d’OVHcloud.  

« Les partenaires d’Open Trust Cloud ne sont pas totalement intégrés à notre portefeuille, même s’ils s’appuient sur notre infrastructure de confiance », précise Caroline Comet-Fraigneau.

« La différence fondamentale avec l’offre que nous proposons en direct, c’est que Web PaaS fonctionne en vase clos sur l’infrastructure d’OVH », confirme Gauthier Garnier.

 

Un support assuré par Platform.sh : une « première » pour OVH

Web PaaS powered by Platform.sh est accessible directement depuis l’espace client OVH. Pour autant, la solution n’est pas administrée par le fournisseur de cloud. À ce titre, Platform.sh fait un peu exception à la règle.

« Il faut savoir que Platform.sh est le premier partenaire avec lequel OVH a accepté de travailler pour fournir un service entièrement managé par des équipes externes », indique Gauthier Garnier.

Platform.sh est une entreprise française, dont le siège est situé à Paris, mais son fonctionnement est international. L’éditeur doit aussi permettre à ses clients de déployer des applications Web depuis Google Cloud Platform, AWS et Microsoft Azure. Avec Web PaaS, seuls les déploiements sur OVH sont possibles (la plateforme est hébergée dans le centre de données de Gravelines).

Platform.sh administre les serveurs, le réseau, la virtualisation, l’OS, l’orchestration des conteneurs, les outils CI/CD, les services de données, l’exécution des runtimes, les CDN, API, etc. Les développeurs gèrent de leur côté le code applicatif et les données de l’application. Les différentes mises à jour des technologies supportées sont effectuées depuis les infrastructures OVHcloud, selon le Vice-président Global Alliances chez Platform.sh.

« Nous avons défini avec OVH les règles d’accès à la plateforme. Seuls nos employés européens ou présents dans les pays respectant les recommandations de la CNIL peuvent se connecter à Web PaaS powered by Platform.sh », assure-t-il.

L’éditeur et le fournisseur de cloud entendent observer à la lettre le RGPD. En se rendant dans la politique de rétention de données du service, Platform.sh mentionne qu’il récolte des données des cookies sur « diverses pages Web », liées à l’offre Web PaaS, qui sont analysées avec Google Analytics. En principe, les données hébergées sur OVH ne sont pas concernées par ce traitement. À noter que les taux de SLA ne sont pas indiqués sur la page dédiée à l’offre Web PaaS.

OVH et Platform.sh visent l’entrée de gamme

Commercialement, la solution Web PaaS se distingue de ce que propose habituellement Platform.sh.

« Nous n’avons pas souhaité faire un copier-coller de notre offre commerciale. Nous essayons d’élargir la cible avec un prix d’appel moins cher. A contrario, notre premier plan est à 40 euros par mois. De plus, l’accès à notre PaaS est davantage à la demande : le client consomme ce dont il a besoin et à la fin du mois il reçoit la facture. Avec OVH, les forfaits fournissent des fonctions prépayées », explique Gauthier Garnier.

Platform.sh revendique plus de 5 000 clients, dont plus de 300 grands comptes. « Nos clients habituels sont des grosses agences Web et les grands groupes capables d’héberger des flottes de sites Web. OVH complète notre offre sur l’entrée de gamme », estime le responsable.

Web Paas powered by Platform.sh se veut donc plus accessible que la solution de l’éditeur.

« Nous ciblons en particulier les agences Web. Elles ont été nos premières clientes dans les phases de bêta test. Nous allons également la proposer à tous les développeurs de sites Web », ajoute Caroline Comet-Fraigneau.

« Nous ciblons en particulier les agences Web. Elles ont été nos premières clientes dans les phases de bêta test. Nous allons également la proposer à tous les développeurs de sites Web. »
Caroline Comet-FraigneauVice-présidente, France, Benelux, Afrique, OVHcloud

En ce sens, la tarification a été adaptée à un public qui n’est pas forcément familier avec le concept de PaaS.

« Nous sommes en mesure de proposer une tarification compétitive avec trois forfaits : Start, Develop et Expand. Le premier prix est à 25 euros [HT] par mois, ce qui est accessible », estime la vice-présidente chez OVHcloud.

L’offre Start démarre bien à 25 euros HT par mois et inclut un environnement de test, un environnement de production, 5 Go de stockage et une licence utilisateur. L’offre Develop est disponible à partir de 69 euros HT par mois. Elle comprend 10 Go de stockage et trois licences utilisateur. Le tarif de départ d’Expand est fixé à partir de 139 euros HT par mois, bénéficie du même espace de stockage et du même nombre d’environnements que le forfait Develop, mais dispose de 10 licences utilisateur.

À cela, les clients peuvent ajouter des capacités de stockage (par palier de 5 Go), des environnements de test (10 à 12,50 euros HT par mois) et des licences utilisateurs supplémentaires (10 euros par licence par mois, 3 au maximum pour le forfait Start, 5 pour le tier Develop). Il est également possible de moduler la taille des instances de calcul (2, 4, 8 ou 16 vCPU pour les environnements de production, la moitié en environnement de test, associés à 1,2 Go de RAM).

Le tarif du forfait Start grimpe à 550 euros HT par mois si l’on choisit un environnement de production propulsé par 16 vCPU en environnement de test par 8vCPU. Celui des offres Develop et Expand passent respectivement à 594 euros HT et 664 euros HT par mois avec les mêmes ressources. Le stockage additionnel, par tranche de 5 Go, coûte 2,50 euros HT par mois, mais il n’est pas possible de réduire le stockage une fois ce supplément commandé.

« Au départ, il faut que les développeurs y investissent un peu de temps, car il y a une courbe d’apprentissage à anticiper pour profiter pleinement de la PaaS. »
Gauthier GarnierVP Global Alliances, Platform.sh

Comme ce public n’est pas forcément habitué à l’offre de Platform.sh, l’éditeur a revu sa documentation en conséquence. « Nous avons adapté la documentation de Platform.sh à celle d’OVH. Au départ, il faut que les développeurs y investissent un peu de temps, car il y a une courbe d’apprentissage à anticiper pour profiter pleinement de la PaaS », prévient Gauthier Garnier.

Nos deux interlocuteurs s’entendent aussi pour dire qu’il reste « un peu de travail à faire d’un point de vue marketing ». Une seule page Web détaille le fonctionnement de cette PaaS self-service.

Par ailleurs, OVH envisage de proposer la solution aux entreprises ETI et aux grands groupes dans un « développement ultérieur », dixit Caroline Comet-Fraigneau.

« Nous commençons à disposer d’un portefeuille intéressant. Sur la partie hébergement Web, nous avions une offre d’entrée de gamme avec des solutions grand public et pour les petits professionnels. Nous montons à un cran haut dessus. Nous sommes aussi en train d’enrichir nos offres cloud public. Au cours de l’année 2022, je pense que nous aurons un catalogue très complet de solutions », indique la vice-présidente.

OVHcloud développe pas à pas sa couche PaaS

Pour autant, Web PaaS n’est pas la seule solution PaaS disponible depuis OVHcloud. « Nous avons notre propre gamme d’hébergement Web depuis laquelle nous proposons de déployer des CMS de type Wordpress ou Prestashop que l’on peut initialiser en un clic sur nos instances. C’est une première façon de faire. Nous développons aussi des partenariats avec des acteurs comme Platform.sh, VMware ou encore MongoDB. Nous supportons également Anthos de GCP en plus de services pour les besoins analytiques », rappelle Caroline Comet-Fraigneau

À la question de savoir si la PaaS Tanzu de VMware arrivera un jour sur OVHcloud, la vice-présidente répond : « honnêtement, je ne peux pas vous dire si cela fait partie de notre feuille de route aujourd’hui, mais c’est ce type de développement et de partenariat que nous voulons conduire ».

Depuis son laboratoire d’innovation, OVH entend pour l’instant proposer une version managée de Node.js, de Python, Ruby (en alpha) et une marketplace IA (en bêta) peuplée de services précâblés, à l’instar d’Azure Cognitive Services. Sans oublier la place de marché généraliste peuplée de solutions tierces.

Des partenariats avec d’autres membres de Gaia-X sont également envisageables selon la vice-présidente chez OVHcloud.

De son côté, Platform.sh a déjà un partenariat de longue date avec Orange Business Services, revendeur d’une solution hébergée sur ses infrastructures auprès des grands groupes et des ETI.

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