Anthos : Google présente sa tour de contrôle pour le multi-cloud (qui marche aussi sur AWS et Azure)

Google Cloud rebaptise Cloud Services Platform en Anthos et lui apporte des capacités de déploiement et d’administration d’applications en containers sur AWS et Azure. Au cœur du dispositif : Kubernetes, Knative et Istio.

Comme une abstraction miraculeuse. C’est quelque peu le sentiment que l’on a lors de l’annonce par Google Cloud d’Anthos. Présenté lors de l’édition 2019 de Google Cloud Next qui se tient actuellement aux Etats-Unis, Anthos correspond en fait au nouveau nom de baptême de Cloud Services Platform présenté lors du précédent Google Next en 2018. Mais alors qu’il sort aujourd’hui des phases béta sous ce nouveau sobriquet, il se dote de capacités bien plus étendues : celles de déploiements multi-cloud. Concrètement, on peut déployer des applications en containers sur GKE (Google Kubernetes Engine - le Kubernetes managé de Google), son implémentation sur site GKE On-Prem et désormais sur les implémentations de l’orchestrateur d’AWS et d’Azure. Une abstraction globale du multi-cloud, en somme.

Et comme pour marquer le coup, Sundar Pichai, le CEO de Google, est venu lui-même présenter cette plateforme. Précédant Thomas Kurian, le récemment nommé CEO de Google Cloud, en provenance d’Oracle qui, avec Anthos, entend également marquer sa première édition de l’événement d’une pierre blanche.

« Nous avions lancé Cloud services Platform pour gérer Kubernetes dans le cloud ou on premise. Mais certains problèmes n’étaient toujours pas résolus. Nous devions  donner plus de flexibilité aux entreprises », lance alors Sundar Pichai.

 « Nous avons rencontré les CIO des plus grandes entreprises. Anthos répond à leur demande de solutions open source industrialisées », explique de son côté, Eyal Manor, vice-président d’Anthos. « Aujourd’hui 80 % des workloads ne sont pas dans le cloud et les entreprises sont encore frileuses, freinées par le verrou-vendeur et par des API propriétaires ». Anthos a donc vocation à « créer une uniformité entre les clouds ».

Mais qu’est-ce qu’Anthos ?

L’architecture d’Anthos repose sur plusieurs composants clés. Le moteur principal est évidemment Kubernetes qui sert de socle standard et de fondation pour assurer la portabilité des workloads d’une plateforme à l’autre. Il tisse ainsi une passerelle entre l’implémentation de GKE pour les workloads dans les datacenters des entreprises, GKE On-Prem, vers GKE sur la GCP (Google Cloud Platform). Istio, projet open source de service mesh, gère en parallèle les problématiques induites de la couche réseau et garantit que la connectivité entre microservices soit assurée en continu, sur site et sur la GCP.
Istio garantit également un maintien des connections entre les API de Google Cloud, et celles de Stackdriver, qui sert de couche de  monitoring à Anthos. Mais cela était déjà le cas avec la Cloud Services Platform. Avec Anthos, cette couche Istio est toutefois rebaptisée Cloud Service Mesh et gère donc Istio sur GKE et GKE On-Prem.

Google a profité de son événement pour compléter sa plateforme d’un outil dont la vocation est de faciliter le portage de VM vers GKE. La promesse d’Anthos Migrate (encore en beta) est que cela peut être effectué sans changer une ligne de code, affirme Aparna Sinha, Product Manager chez Google, qui intervenait dans une session sur Google Next Cloud. Une démonstration a permis de comprendre que l’outil permettait de sélectionner des machines virtuelles vSphere dans vCenter et de les déployer automatiquement sur GKE – il est possible les déployer sur GKE On-Prem avec Anthos - , en quelques minutes. Notons que cette démonstration portait sur uniquement deux VM – un CRM (SugarCRM) et de sa base de données.

Un fichier YAML sert ici de descriptif de configuration. Cela est possible via Anthos Configuration Manager qui constitue une autre brique d’Anthos, celle de la Configuration-As-Code. Celle-ci permet de décrire dans  un fichier YAML ou JSON des politiques de configuration communes aux clusters Kubernetes on-premise ou dans le cloud, et ainsi de maintenir une forme de cohérence globale. Des opérateurs (Configuration Management Operator) sont placés sur GKE On-Prem et GKE pour cela et assurent un contrôle continu.

L’autre moteur d’Anthos est également Knative, un vaste projet open source à la popularité grandissante. Knative permet en fait d’exécuter des containers selon un mode serverless au-dessus de Kubernetes.
A l’occasion de Cloud Next, Google a d’ailleurs présenté sa propre implémentation sous la forme de service managé de Knative. Cela se nomme Cloud Run. Techniquement, Cloud Run rend consommable des images de containers en serverless sous la forme de services HTTP sans état (stateless). On peut le déployer au-dessus de Kubernetes ou l’utiliser comme service managé par Google. Cloud Run peut être utilisé en conjonction d’Anthos, comme le montre Aparna Sinha dans sa démonstration. Selon elle, cela enrichit l’expérience des développeurs.

Une boutique multi-cloud 

C’est donc ce dispositif que Google a poussé vers le multi-cloud. Concrètement, Anthos a la capacité de servir de cerveau pour déployer ses applications sur GCP, mais aussi sur AWS et Azure, le tout avec une administration centralisée via la console Google. Une démonstration a permis de comprendre que l’on pouvait déployer une application au-dessus d’un cluster GKE puis de la migrer vers un autre cluster Kubernetes sur AWS, et ce en un tour de main. Si la promesse est tenue, cela veut aussi dire que l’on peut migrer des VM vSphere avec Anthos et son outil Migrate, les déployer sur AWS, mais gérer l’ensemble depuis la console centralisée d’Anthos. Lors de cette démonstration, nous avons compris que les clusters Kubernetes sur AWS et Azure devaient déjà être opérationnels. Anthos ne semble pas pouvoir démarrer des clusters sur les autres plateformes – seulement les administrer.

L’autre effet du multi-cloud avec Anthos : il transforme la GCP Market Place en une place de marché dont les frontières s’étendent bien au-delà du simple environnement GCP. La GCP héberge en effet des applications conçues pour être déployées sur Kubernetes. Ces applications sont en containers et comportent des templates pré-définis pour gérer leur déploiement sur tout environnement Kubernetes, Google ou pas. Avec Anthos, cette place de marché d’applications Kubernetes, qui par ailleurs est sortie des phases beta pendant cette édition de Google Cloud Next, devient une boutique multi-cloud. Et Anthos, une plateforme pour les orchestrer.

Des partenaires pour toucher au plus près les entreprises

Enfin, Google s’est aussi associé à une trentaine de partenaires dont des constructeurs. L’ambition est de porter Anthos au sein d’appliances hyperconvergées, notamment. Cisco, HPE, Dell EMC en font partie. Intel a créé l’architecture de référence de la plateforme pour faciliter les implémentations.

Parmi les partenaires logiciels cette fois-ci,  on retrouve VMware, dont les technologies sont largement déployées dans les datacenters des entreprises. De quoi apporter à Google une imposante base pour Anthos. Sanjay Poonen, le directeur opérationnel de VMware qui avait fait le déplacement pour l’occasion, a confirmé que des intégrations étaient prévues entre Anthos, Heptio et vSphere ainsi que sur les couches réseaux (SD-WAN). Il considère Anthos comme « une extension pour les infrastructures hyperconvergées ».

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