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Base de données : ServiceNow absorbe Swarm64

Jeudi 5 août, ServiceNow a annoncé l’acquisition de Swarm64, un éditeur d’une solution conçue pour optimiser les performances de PostgreSQL. Le spécialiste de l’ITSM compte ajouter ces produits au sein de sa plateforme Now pour soutenir « la croissance » des cas d’usage analytique chez ses clients.

Toujours enclin à compiler les fonctionnalités au sein de sa plateforme Now, ServiceNow a révélé sa troisième emplette de l’année 2021. Après avoir repris un expert californien de l’APM, LightStep, et l’éditeur indien de solutions RPA Intellibot, ServiceNow s’apprête à racheter le Berlinois Swarm64. Les deux acteurs n’ont pas dévoilé le montant de l’acquisition dont la clôture est prévue pour le troisième trimestre 2021.

Fondé en 2013, Swarm64 s’est spécialisé dans le développement de solutions de gestion et d’optimisation consacrées à la base de données open source PostgreSQL. Avant de séduire ServiceNow, l’entreprise a vraisemblablement convaincu quelques investisseurs. Au total, elle a levé 21 millions de dollars en deux séries et la série B a été menée en 2018 par Intel Capital, selon Crunchbase. Xilinx, depuis racheté par AMD, s’était également intéressé à la startup pour sa technologie compatible avec les FPGA.

Swarm64, le concepteur d’un turbo pour PostgreSQL

La trentaine de collaborateurs de Swarm64 référencée sur LinkedIn s’évertue à développer et distribuer deux produits. Le premier, Swarm64 DA, est conçu comme une « extension pour PostgreSQL » afin d’accélérer les requêtes analytiques et transactionnelles de la base de données. Depuis la version 5.0, présentée en décembre 2020, Thomas Richter, cofondateur et PDG de Swarm64, vante les facultés HTAP (Hybrid Transactional/Analytical Processing) de ce produit, permettant – selon lui – d’élever les capacités de PostgreSQL au même rang que celles des bases Oracle, SAP HANA et MemSQL (SingleStore).

Le benchmark (établi sur le référentiel TCP-H avec un fichier de 300 Go et 12 scénarios) supposément en temps réel affiche des performances de requêtes 1 à 28 fois supérieures à une base de données PostgreSQL standard dans sa version 13.3, reposant sur des machines identiques (des instances EC2 R5 8xlarge dotées de 32vCPU, bridées à 128 Go de RAM). Les différents tests tendent à démontrer une plus faible consommation de mémoire vive et un usage disque à la baisse pour une même requête. Swarm64 DA s’appuie principalement sur les instructions CPU. Les secrets de la startup ? La parallélisation et la réécriture des requêtes, le choix des bonnes instances/hardware, ainsi que la compression des index columnstore, selon sa documentation.

Le second produit, PG Nitrous, est tout simplement une version packagée de PostgreSQL 12 combinée à Swarm64 DA, associée à différents templates pour déployer la base de données et ce moteur d’accélération des requêtes sur AWS. Avec ce produit accessible sur la marketplace du fournisseur cloud, Swarm64 promet des requêtes « 5 à 60 fois plus rapides ».

L’éditeur berlinois prévient que son extension est conçue pour accélérer les traitements sur les data set de plus de 10 Go, les requêtes « problématiques dont le temps d’exécution est d’une seconde ou plus », et les traitements analytiques impliquant « de grandes quantités de données ».

« Swarm64 offre une combinaison de capacités de bases de données analytiques et transactionnelles qui prennent en charge des traitements intelligents à grande échelle et permettent des performances et une évolutivité de premier ordre pour nos clients », écrit Joe Davis, Senior vice-président, Platform Engineering chez ServiceNow, dans un communiqué.

Accélérer les traitements analytiques… et les migrations vers Postgres

Malgré ce discours largement partagé dans l’industrie, il ne faut pas oublier la mentalité qui sous-tend les acquisitions chez ServiceNow. Les dirigeants l’ont rappelé à maintes reprises, l’éditeur cherche avant tout à recruter des experts d’un domaine en plus d’ajouter des capacités à sa plateforme unifiée. Cela se vérifie à nouveau avec Swarm64, dont la troisième offre n’est autre qu’un « service d’ingénierie » pour optimiser les performances des bases de données PostgreSQL au sein des entreprises.

Et si accélérer les performances du SGBDR est intéressant en soi, PostgreSQL est également le remplaçant de choix de bases de données Oracle, IBM ou Microsoft dans de nombreuses organisations.

Selon le Developer Survey de mai 2021 publié par StackOverFlow, PostgreSQL est le deuxième SGBD le plus apprécié des développeurs après MongoDB. De plus, il maintient sa quatrième place au classement DB-Engines, derrière Oracle, MySQL, et Microsoft SQL Server. Swarm64 lui-même positionne son offre en ce sens (un de ses webinaires est intitulé « Goodbye Oracle, Hello Postgres »), mais aussi comme une alternative aux data warehouses existants dont Netezza, ainsi qu’un catalyseur pour les cas d’usage IoT et de traitement de séries chronologiques.

Sur ces deux volets, l’optimisation des performances et la migration de base de données, ServiceNow n’est pas seul. Outre les fournisseurs de cloud particulièrement agressifs sur ces segments, l’expert de l’hyperconvergence Nutanix mise sur sa solution Era. Mais il faut plutôt s’attendre à une forme de « coopétition » : Swarm64 était déjà partenaire technologique de Nutanix, HPE, AWS, Azure, Intel, Xilinx et OVH. Reste à savoir comment le spécialiste de l’ITSM embarquera Swarm64 DA et PG Nitrous au sein de Now.

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