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Process Mining : ServiceNow se rapproche de Celonis
Le spécialiste américain de la gestion des workflows, ServiceNow, va investir dans le spécialiste allemand de la découverte de processus, Celonis. Leur partenariat devient « stratégique » et débouchera sur des offres communes en 2022.
Comprendre et automatiser. Si l’on devait résumer en une phrase le « partenariat stratégique » (sic) qu’ont noué le 6 octobre 2021 ServiceNow et Celonis, ce serait celle-ci : mieux comprendre les processus existants pour optimiser les workflows.
Celonis est un éditeur allemand, spécialiste du Process Minig (découverte de processus) – fondé en 2011 – et qui, dix ans seulement après sa création, est valorisé 11 milliards de dollars après une levée de 1 milliard en série D.
SeviceNow pour sa part, tutoie les 5 milliards de $ de chiffre d’affaires annuels, en appliquant les méthodes de l’ITSM – son domaine d’origine – à d’autres processus transverses des entreprises.
Entre la découverte des processus et la gestion de leurs mises en œuvre, l’alliance a du sens à plus d’un titre.
Le Rayon-X allemand
Le Process Mining n’est pas la partie la plus clinquante d’un projet. Faire l’inventaire précis des processus est laborieux. Mais il permet souvent d’améliorer et d’accélérer les ROIs des transformations. C’est en tout cas l’argument de Celonis qui a séduit plus de 2 000 entreprises dans le monde, et aujourd’hui celui de ServiceNow.
« Les rayons X de Celonis révèlent les processus métiers défaillants », résume sur la chaîne CNBC Bill McDermott, l’ancien président de SAP désormais à la tête de ServiceNow. « Celonis repère les points de blocage [dans les processus], et la plate-forme d’action (sic) de ServiceNow redéfinit ces workflows pour que les tâches soient réalisées ».
Le communiqué commun de ServiceNow et Celonis reprend cette comparaison avec la radiographie et les rayons X.
Le « scan », qu’effectue le « Execution Management System » (EMS) de l’Allemand, permet de « comprendre plus en détail comment un travail à réaliser va de service en service dans l’entreprise », puis « d’appliquer ces informations pour améliorer […] la réalisation [de ce travail] », sur des processus qui subissent quelquefois « des goulots d’étranglement depuis des décennies ».
Celonis + ServiceNow = EMS + ESM
Une fois les processus analysés et diagnostiqués, ServiceNow se propose de prendre le relais pour remédier aux dysfonctionnements et optimiser ce qui fonctionne bien (et qui pourrait fonctionner mieux).
Ce partenariat, en creux, entérine donc aussi le passage de ServiceNow à l’ESM (Enterprise Services Management). « ServiceNow est une plate-forme que les entreprises intègrent à l’ensemble de leurs processus, au-dessus de n’importe quel système, dans n’importe quel secteur », confirme Alexander Rinke, un des trois co-fondateurs de Celonis, sur CNBC.
De son côté, l’Execution Management System « apporte toutes les informations et toutes les données de ces processus métiers, en temps réel […] pour établir un nouveau type de système d’exploitation pour l’activité de l’entreprise », continue Alexander Rinke.
Un « système d’exploitation » opérationnel
Dans un billet de blog, Celonis explicite cette notion marketing (mais pas que) d’« OS opérationnel ».
« On peut voir ce partenariat comme la création d’un “système d’exploitation pour entreprises”, à l’instar du système d’exploitation mobile qui a donné naissance à un tout écosystème de services et d’entreprises » compare Alexander Rinke.
Alexander RinkeCelonis
Le point clef du co-fondateur de Celonis est que le Process Mining n’est pas qu’un outil ponctuel (en amont d’un déploiement par exemple). Il peut – et va, selon lui – s’inscrire dans la durée, comme socle de toute l’organisation des métiers (tout comme un OS est un socle pour des apps).
« Nous avons récemment racheté Lenses.io, un leader de l’accès aux données en temps réel. Cela nous permet à présent d’intégrer les informations des processus en temps réel dans les workflows numériques automatisés. Pour la toute première fois, les organisations seront en mesure de relier ces données à l’exécution, en temps réel. C’est un premier signe de ce qui arrive dans l’IT », se réjouit Alexander Rinke.
« Imaginez que vous ayez une vue granulaire de chaque processus et de chaque étape de leurs exécutions, et que vous ayez la possibilité d’affiner chaque processus et d’exécuter automatiquement [cette amélioration] à grande échelle », illustre-t-il. « C’est l’avenir de la gestion des opérations. Et ne vous y trompez pas : cette évolution est aussi importante que le passage du on-prem au cloud ».
Hyperautomatisation
L’automatisation évoquée par Alexander Rinke est l’autre mot clef de ce rapprochement. Plus précisément l’hyper automatisation, telle que décrite par Gartner, qui implique une vision globale des différentes méthodes d’automatisation pour mieux les articuler.
L’automatisation – ou l’hyper automatisation donc – est au cœur de la stratégie de diversification de ServiceNow. Dans sa dernière version (Rome), une des fonctionnalités les plus mises en avant s’appelle « Automation Discovery ». Elle propose un Top 10 des processus qui sont les plus à même d’être automatisés chez un client.
La technologie de Celonis devrait renforcer ce mouvement. Car avant d’automatiser les processus à grande échelle, il faut lister les tâches à petite échelle pour « identifier et prioriser les processus qui se prêtent à l’automatisation », insiste l’éditeur allemand.
« Beaucoup d’entreprises n’optimisent pas la valeur de leurs investissements IT parce qu’elles ne savent pas exactement comment certains processus obsolètes freinent leurs opérations. Pour appliquer une automatisation qui fasse vraiment bouger les choses, il faut comprendre [les workflows], les processus et les systèmes », martèle Celonis.
Et pour ServiceNow, le chemin vers l’hyper automatisation ne semble plus faire de doute quand il se revendique en position « de réunir […] l’automatisation, le Machine Learning, l’exploration des processus, la RPA et le low-code ».
Quelle forme aura concrètement le partenariat entre ServiceNow et Celonis ?
Les deux éditeurs travaillaient déjà ensemble depuis plusieurs années dans un « partenariat de petite taille », dixit Alexander Rinke. Mais les relations entre dirigeants étaient particulièrement cordiales.
« À l’époque (N.D.R. : au début de Celonis), ce n’était pas simple d’aller frapper aux portes des clients. Ce n’était pas facile pour de jeunes diplômés allemands en mathématiques au visage de poupons d’aller parler de transformation numérique à des dirigeants très occupés », raconte Alexander Rinke. « Mais il y a un PDG qui a tout de suite été incroyablement intéressé par Celonis. C’était Bill McDermott, le légendaire PDG de ServiceNow. […] J’ai pris l’habitude d’envoyer un mail à Bill à chaque réveillon de la Saint-Sylvestre, pour fêter la fin d’une nouvelle grande année de collaboration. Pour Bill, nous n’étions quasiment rien en termes financiers. Mais cela n’a fait aucune différence pour lui. Il a toujours répondu dans les 5 minutes ».
Un tel enthousiasme vient souvent après un rachat juteux pour les vendeurs. Ici, ce n’est pas le cas. ServiceNow promet juste d’investir financièrement dans Celonis (sans plus de précision).
Dans le détail, le nouveau partenariat prendra concrètement la forme « d’une stratégie commune de go-to-market », et d’investissements communs dans « le co-développement, le marketing et les ventes ». Des offres communes sont d’ores et déjà prévues pour 2022.
Autre conséquence de cet accord : si ServiceNow utilise déjà Celonis en interne sur ces processus financiers et commerciaux, Celonis déploiera pour sa part en interne ServiceNow pour son IT et ses services RH (le HR Service Delivery étant un des grands relais de croissance de ServiceNow).
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