Cet article fait partie de notre guide: Tout comprendre sur l’évolution du process mining

Process mining : Microsoft met la main sur Minit 

Microsoft a annoncé l’acquisition de Minit.io pour un montant inconnu afin de compléter ses fonctions de process mining. Les pure-players ne semblent plus avoir leur place sur un marché très convoité par les géants de l’IT. 

Fondée à Bratislava en 2015, la startup slovaque basée à Amsterdam a levé 10,3 millions d’euros au total, dont 7 millions en série A en 2019 auprès d’Early Bird, Target Global OTB Ventures… et Salesforce Ventures. 

Son fondateur et Chief Strategy Officer ? Ratislav Hlavac. Il est aussi le cofondateur d’une autre société slovaque, Gradient ECM. Gradient ECM s’est spécialisée dans le scan et le traitement automatisé de documents avec le logiciel GSCAN. L’éditeur est un partenaire de longue date de Microsoft.  

De son côté, Minit, originellement une filiale de Gradient ECM, édite un logiciel de process mining. Encore une fois, « Rasto » Hlavac est proche de ce milieu gravitant autour de Wil van der Aalst et de l’université d’Aachen, en Allemagne. 

Quel intérêt pour Microsoft ? La firme de Redmond ne donne pas de détails sur ses intentions après le rachat. Minit sera rattaché à sa branche Process Insights. 

« Cette acquisition permettra à Microsoft d’aider ses clients […] à atteindre l’excellence opérationnelle en créant une image complète de leurs processus commerciaux », écrit Justin Graham, directeur général Process Insights chez Microsoft, dans un billet de blog. « Les clients seront en mesure de mieux comprendre les données relatives à leurs processus, de découvrir à quoi ressemblent les opérations dans la réalité et de favoriser la normalisation et l’amélioration des processus dans l’ensemble de l’entreprise, afin de garantir la conformité à chaque étape », ajoute-t-il. 

« Cette acquisition permettra à Microsoft d’aider ses clients […] à atteindre l’excellence opérationnelle en créant une image complète de leurs processus commerciaux. »
Justin GrahamDirecteur général Process Insights, Microsoft

Bref, ils appliqueront les principes du process mining.  

Microsoft avait déjà une solution d’exploration des processus dans Power Automate : Process Advisor. Sauf qu’un rapide coup d’œil permet de se rendre compte que cet outil est pensé pour analyser le temps d’utilisation des applications par des métiers lorsqu’ils effectuent leurs tâches.  

En clair, il s’agit plutôt d’une solution de task mining. Process Advisor permet d’enregistrer des tâches à l’aide d’un assistant de screen scraping avant de les étudier. Une fonction de process mining pur jus, celle permettant d’analyser les processus en provenance des systèmes plus complexes comme les ERP Dynamics ou SAP, est disponible en préversion. 

Une solution bien plus complète que les services Microsoft existants 

Ce que propose Minit.io va plus loin. La startup dispose de connecteurs vers une quinzaine de produits SAP, Oracle, Infor, Microsoft, ServiceNow ou encore Zendesk. De plus, elle propose de créer des connecteurs spécifiques ou exploite les pilotes ODBC pour arriver à extraire les données. 

Avec Minit, la modélisation des flux est automatisée : l’outil donne un aperçu d’un flux et il est possible de l’ajuster s’il ne correspond pas totalement à la réalité. Minit propose d’ailleurs de visualiser les processus et leurs variantes en fonction de leurs attributs ou des métriques personnalisées – suivant s’ils sont liés à une organisation, à une fonction particulière ou à un fournisseur par exemple. 

Plusieurs algorithmes de machine learning doivent identifier les causes profondes d’un goulet d’étranglement dans un processus. Il est possible de placer des alertes afin d’être notifié si un flux dérive, et de forcer des règles métiers pour vérifier la conformité. De plus, Minit propose une fonction en vue de simuler l’évolution et les conséquences d’un changement des processus, avant même de les pousser en production. L’outil compare les flux et y détecte les tâches répétitives pouvant être automatisées. 

À noter que la startup dispose d’une fonction propriétaire de « process mining hiérarchique ». Cette capacité permettrait d’agréger les données et les flux par département, voire par équipe dans une entreprise, mais aussi par logiciel dans un SI afin d’obtenir une vue complète et par entité des flux à optimiser. Selon Ratislav Hlavac, cette technique permettrait de simplifier les déploiements de bots RPA amenés à traverser plusieurs systèmes. 

Justement, Microsoft avait déjà racheté Softmotive en 2020 pour améliorer son portfolio RPA. 

En outre, Minit propose des fonctions de data visualisation, afin que les process analysts puissent présenter plus facilement leurs travaux aux directions informatiques et métiers. Jusqu’alors, Minit s’appuie sur la plateforme Qlik Sense. Un passage vers Power BI semble inévitable sous l’ère Microsoft. 

Un marché en pleine consolidation 

En 2021, le cabinet Quadrent Knowledge Solutions a placé Minit dans son Spark Matrix parmi les leaders du process mining au côté de Celonis, Signavio, IBM, ABBYY, UiPath, Software AG et QPR Software. 

Ce marché naissant connaît déjà une très forte consolidation depuis quatre ans. 

Pour rappel, UiPath a mis la main sur ProcessGold en 2019. En 2021, Signavio a rejoint SAP, IBM a racheté MyInvenio, Appian s’est emparé de Lana Labs et Automation Anywhere a repris FortressIQ. Au début de l’année 2022, le Français Logpickr a été racheté par l’Américain iGrafx.  

Enfin, ce mercredi 30 mars, Process Analytics Factory a été acquis par le pure-player du secteur, Celonis, pour 100 millions de dollars, selon TechCrunch. 

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