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Low-code : Microsoft invite les DevOps à la table Power Platform

Si Microsoft prône l’avènement des « Fusion Teams », il veut surtout s’assurer que les gros utilisateurs de Power Platform, dont Toyota et T-Mobile, peuvent gérer correctement des applications en fournissant des outils supplémentaires aux équipes DevOps.

Lors de sa conférence Build 2021, le géant du cloud a vanté les mérites des « Fusion Teams », d’équipes composées de développeurs professionnels, d’usagers d’outils low-code/no-code, qu’ils soient des programmeurs ou des business analysts.

Si d’autres, Pegasystems ou Google Cloud, ont été les premiers à afficher ce concept, les unités marketing de Microsoft ont directement repris la terminologie officialisée par Gartner, comme l’écrit Julie Strauss, Partner Product Manager Power Platform chez Microsoft, dans un article de blog.

Mais si les mots font mouche, il faut bien justifier leur usage. En ce sens, Microsoft a présenté plusieurs nouveautés et offres consacrées à la Power Platform. Ces dernières font davantage pencher la plateforme de développement low-code dans le jeu d’OutSystems ou de Mendix.

La première n’a rien d’exaltant, mais semble nécessaire : il s’agit de proposer un « learning path », cinq modules de cours d’une durée de presque quatre heures, et un e-book de 193 pages pour apprendre les b.a.-ba du développement sur Power Apps.

Dans cette dimension « soft power », Microsoft inclut « Power Apps Developer Plan », un forfait gratuit comprenant Power Apps, Power Automate, Dataverse, des connecteurs ou de quoi bâtir des API personnalisées, Visual Studio Code et des services Azure. En revanche, pour la mise en production, il faudra passer par la tarification standard de Power Apps.

Le DevOps et l’ALM à la rescousse de la Power Platform

Pour rappel, Power Apps permet de bâtir des applications à partir de canevas. L’usager ne rédige pas de code, mais la plateforme génère automatiquement les lignes écrites en C#, par exemple. Avec Power Platform CLI, il sera désormais possible de rendre ces applications sous forme de ligne de code dans VSCode. Les développeurs professionnels pourraient dès lors corriger les expressions fautives composées en Power Fx par un utilisateur de Power Apps. Ce CLI disponible à partir de juin profitera d’une commande package afin d’initialiser des paquets tiers et en ajouter manuellement lors du déploiement d’applications.

Dans la même veine, Microsoft adjoint une extension Visual Studio Code dont une préversion sera disponible en juin sur Windows ou macOS. Il s’agit d’intégrer nativement des capacités de la power platform dans Visual Studio et VSCode.

En outre, une fonctionnalité permettra aux programmeurs de déployer leurs API sans sortir de VSCode. Microsoft lie l’interface d’Azure API Management à l’outil de développement, dans le but de réduire les étapes de connexions et de publications des API. Ce rapprochement doit faciliter l’accès des API aux métiers ayant appris à bâtir des applications depuis la Power Platform, une stratégie plébiscitée par Google et MuleSoft. D’ailleurs, Microsoft assure qu’il ne sera plus nécessaire de disposer d’une certification pour proposer des API accessibles à partir du portail de la Power Platform.

Power Apps aura lui aussi le droit à son extension VSCode afin de piloter et personnaliser les portails applicatifs et utiliser Liquid IntelliSense pour la complétion de code. En outre, Microsoft relie cette extension à Power Apps CLI.

Pour soutenir cette gestion DevOps et ALM des applications crées au sein de la Power Platform, le géant du cloud fournit un « Center of Excellence Starter Kit » incluant des pipelines Azure Devops et des workflows GitHub sur étagère pour les solutions Dataverse et les applications canevas. L’UI PowerOps doit rassembler les programmeurs et les métiers autour d’une seule interface permettant d’administrer les applications, les environnements de développement, de test et de production ainsi que d’en superviser le code via des liens vers des dépôts GitHub.

En clair, le géant du cloud a compris que les entreprises souhaitent mettre à contribution leurs équipes Ops pour s’assurer du bon fonctionnement des applications low-code. Il faut dire que certains clients dont Toyota North America (400 applications) et T-Mobile (1 500 utilisateurs actifs pour une solution de gestion de 6 500 projets mêlant Power Apps, Power Automate, Power BI et Teams) témoignent d’usages intensifs de ces outils low-code.

Dans cette optique de faire collaborer les développeurs et les métiers, Microsoft intègre le Bot Framework Composer dans Power Virtual Agents. Les utilisateurs peuvent s’appuyer sur les historiques de conversations de chatbots et bâtir des templates de dialogues dynamiques ou personnalisés en fonction du contexte. Il est désormais possible d’ajouter des « cartes adaptatives » afin d’afficher des images, des vidéos et des formulaires dans les discussions.

Le Bot Framework Composer inclut une interface visuelle pour éditer les flux de conversations, des outils pour gérer les attributs de compréhension du langage naturel (NLU) et les algorithmes de questions-réponses, un système de génération et de modélisation du langage (pour éditer des mots-clés personnalisés, par exemple) et un exécutable prêt à l’emploi pour déployer les chatbots dans les instances dédiées aux Virtual Agents.

Analyse des processus et IA

Outre cette approche DevOps centrée sur les applications low-code, le géant du cloud entend fluidifier l’analyse des données issues de Dataverse. Autrefois nommé Common Data Service, il s’agit du data store de référence pour stocker les données des applications Power Apps et Dynamics 365. Les utilisateurs peuvent désormais interroger les données depuis Azure Synapse avec Azure Synapse Link for Dataverse.

Quant à Power Automate, la couche BPM/RPA de Microsoft, bénéficie d’une fonctionnalité intitulée Process Advisor. Cet outil de process mining doit cartographier les logiques des entreprises et repérer les goulets d’étranglement dans le but de recommander des chemins d’automatisation. Process Advisor identifie les applications les plus jouées dans un processus et mesure leur temps d’utilisation par les métiers.

Il interprète aussi les allers-retours entre les logiciels afin de lister les tâches répétitives qu’un bot, un connecteur ou une API pourrait accomplir, par exemple des copier-coller. Ces indicateurs sont retranscrits par le biais de tableaux de bord. Ces recommandations sont directement poussées dans l’interface Power Automate au moment de bâtir un flux d’automatisation pour conseiller les actions et les connecteurs les plus pertinents liés à 475 applications (services de messagerie, ERP, CRM, etc.).  

Enfin, il est à noter que Microsoft met à profit le modèle NLG GPT-3 d’OpenAI pour Power Fx, le langage de programmation low-code de Power Apps. À travers le framework PROSE, le géant du cloud propose à ses clients d’écrire des éléments en langage naturel, interprétés par le modèle NLP/NLG avant de les convertir en formule. Cela permet entre autres d’effectuer des recherches de données ou de remplacer une donnée par une autre.

En juin prochain, une préversion de cette capacité sera disponible en Amérique du Nord et en anglais uniquement. Pour l’instant, GPT-3 a été entraîné sur les formules simples commençant par Search(), Sort(), SortByColumns(), Filter(), FirstN() et LastN(). Le géant du cloud rappelle qu’Intellisense est toujours là pour compléter automatiquement les expressions les plus communes de Power Fx.

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