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Opendatasoft expose sa feuille de route pour 2023

LeMagIT a eu l’occasion de s’entretenir avec les trois cofondateurs d’Opendatasoft. L’occasion d’évoquer les ambitions et la feuille de route du spécialiste français du partage de données pour 2023.

En janvier 2022, il y a un an déjà, Opendatasoft annonçait avoir levé 21 millions d’euros. Cette somme devait servir à développer sa croissance à l’international. Il a ainsi augmenté ses effectifs « de plus de 50 % ». En octobre dernier, il a déménagé dans un nouveau bureau parisien situé dans le neuvième arrondissement de Paris.

Il faut toutefois préciser ce qu’entend Opendatasoft par international. « Nous avons une empreinte très européenne », admet Jean-Marc Lazard, CEO et cofondateur d’Opendatasoft. « Nous voulons développer un certain leadership en Europe, ce que nous avons réussi à faire dans l’open data ».

Une « empreinte très européenne »

Opendatasoft s’est d’abord fait connaître pour ses capacités d’exposition, de partage et de visualisation de données ouvertes. Les mesures prises par l’État français dans le cadre de la loi pour une République numérique en 2016 ont favorisé l’adoption de sa plateforme par les pouvoirs publics. La loi relative à la transition énergétique, promulguée la même année (qui oblige les opérateurs d’énergie à partager des données sur leurs consommations de gaz et d’électricité ainsi que celles de leurs abonnés) a également facilité la croissance de l’éditeur dans ce secteur.

D’autres pays européens ont pris ou prennent des mesures similaires.

« En 2022, nous avons gagné beaucoup de nouveaux clients issus du monde de l’énergie au Royaume-Uni », précise Franck Carassus, CSO et cofondateur d’Opendatasoft. « Les distributeurs d’énergie, tels UK Power Network, Scottish Power Network ont la nécessité de manipuler des données, de démocratiser leur accès. Nous avions fait à peu près le même travail il y a deux, trois ans en France avec Enedis, GRDF, etc. ».

« En 2022, nous avons gagné beaucoup de nouveaux clients issus du monde de l’énergie au Royaume-Uni ».
Franck CarassusCSO et cofondateur, Opendatasoft

« C’est une tendance qui va se poursuivre en 2023 », ajoute-t-il.

L’année dernière, Jean-Marc Lazard affirmait que la plateforme SaaS était également adoptée par des banques, des assureurs ou encore des opérateurs de télécommunications.

De manière générale, « la logique est de valider un certain nombre de cas d’usage, puis de les répliquer dans les pays où nous sommes présents », répète-t-il.

Ainsi, Opendatasoft veut poursuivre sa croissance au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, au Portugal dans les pays du Golfe ou encore en Australie.

En Europe, l’éditeur compte majoritairement sur ses propres moyens commerciaux. En revanche, en Italie, en Australie et au Japon, il passe par des revendeurs à valeurs ajoutées (Value Added Reseller, ou VAR). « Nous ne comptons pas investir dans d’autres pays de la région APAC. En 2023, nous allons nous concentrer sur l’Europe, l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient », indique Franck Carassus.

Cela ne signifie pas forcément qu’Opendatasoft ouvrira de nouveaux bureaux au cours de l’année 2023.

 « Aujourd’hui, nous sommes présents dans 25 pays. Nous avons deux bureaux en France, à Paris et à Nantes et un autre à Boston. La beauté du cloud et des nouvelles manières d’adresser les clients nous permettent d’avoir une empreinte internationale sans avoir des bureaux partout dans le monde ».

Une approche multicloud

Les développements techniques de la plateforme sont calqués sur ces ambitions. Ainsi, en 2022, Opendatasoft a misé sur l’interopérabilité de sa plateforme, avec un plus grand nombre de SI et de logiciels dédiés au traitement de données. Par exemple, en avril dernier, l’éditeur a présenté des connecteurs natifs vers Google BigQuery et Amazon S3.

Photo des cofondateurs d'Opendatasoft : David Thoumas, Franck Carassus et Jean-Marc LazardDe gauche à droite, les cofondateurs d’Opendatasoft : David Thoumas,
Franck Carassus et Jean-Marc Lazard - Crédits : Opendatasoft

« Les systèmes d’information de nos clients évoluent rapidement », constate David Thoumas, CTO et cofondateur d’Opendatasoft. « Il y a de plus en plus d’acteurs cloud natifs qui arrivent à déployer leur plateforme au sein de grandes organisations : Google Cloud, Microsoft, AWS, Snowflake, Databricks, etc. Nous avons donc intérêt à proposer à nos clients la capacité de sourcer leurs portails de données à partir de ces environnements ».

Outre les connecteurs vers des sources de données diverses, Opendatasoft prévoit d’adapter son architecture pour soutenir sa stratégie multicloud. « Nous supportions déjà 3DS Outscale et AWS. En 2022, nous avons porté notre plateforme sur Oracle Cloud Infrastructure », informe David Thoumas. « Il a fallu comprendre l’architecture de cet hébergeur et exploiter ses déploiements afin d’être capable d’exploiter sa présence dans des régions dans lesquelles AWS, Microsoft et Google ne sont pas installés ».

« Nous avons deux clients en Arabie-Saoudite : leurs instances s’exécutent sur Oracle Cloud Infrastructure, à Djeddah. Notre approche est de trouver une offre cloud qui répond à leurs exigences », illustre Franck Carassus.

En 2023, Opendatasoft se met à Kubernetes

Commercialement, Opendatasoft a intérêt à se déployer chez les fournisseurs choisis par ses clients. Tout comme il est pertinent pour lui de proposer ses offres sur les places de marché des trois mastodontes AWS, Microsoft Azure et GCP.

« Cette présence sur les marketplaces des hyperscalers est l’un de nos enjeux pour les deux à trois ans à venir », anticipe David Thoumas.

« Beaucoup d’entreprises utilisent leur contrat avec un des hyperscalers pour payer des logiciels tiers à l’usage. C’est une tendance que nous allons explorer en 2023 », confirme le CSO.

Cela passe par l’adoption de Kubernetes, une technologie phare dans laquelle Opendatasoft a commencé à investir l’année dernière. « Notre offre est SaaS : nos clients passent par nous pour exploiter les ressources du cloud sous-jacent. C’était le bon moment pour commencer à investir dans Kubernetes. Ce n’est pas anodin, c’est une technologie impressionnante, mais assez complexe à adopter, il faut faire monter les équipes en compétence. Nous allons commencer à tirer les fruits de ce travail en 2023 », poursuit le CTO.

« [Kubernetes est] une technologie impressionnante, mais assez complexe à adopter, il faut faire monter les équipes en compétence ».
David ThoumasCTO et cofondateur, Opendatasoft

Il s’agit d’harmoniser les pratiques de déploiement sur les différents clouds, et – « à terme » – de déployer la plateforme Opendatasoft sur Google Cloud.

En outre, l’éditeur améliorera ses API. « L’une de nos interfaces clés, l’API Explore, sert non seulement à collecter les jeux de données, mais également à les rechercher et les transformer », rappelle-t-il.

L’une des briques centrales de cette architecture est un moteur de recherche : Elasticsearch. « En 2022, nous avons continué à exploiter les capacités d’Elasticsearch en matière d’analytiques pour obtenir des API plus riches, plus simples à utiliser, les plus proches du paradigme SQL », déclare David Thoumas.

L’éditeur poursuivra les mises à jour de ces interfaces de programmation en 2023. Il compte par ailleurs ouvrir davantage de fonctions de contrôle de la plateforme via son API de gestion.

« Beaucoup de nos clients nous ont demandé d’avoir la capacité d’automatiser certains aspects, tels que lier la publication d’un jeu de données à un événement ou synchroniser les métadonnées en provenance d’un portail Opendatasoft avec l’outil de gouvernance choisi par une organisation », illustre le CTO.

Simplifier et suivre à la trace l’usage des données

Enfin, Opendatasoft souhaite simplifier l’exploitation des données par les utilisateurs.

« Nous avons lancé un nouvel outil, ODS Studio, qui propose une expérience no-code à nos clients. Cela permet de construire des “data stories”, des tableaux de bord », continue-t-il.

En 2022, l’éditeur a ajouté la possibilité d’exploiter les données géographiques dans ODS Studio « en quelques clics », et compte adapter cette approche à d’autres types de données, comme il l’a déjà fait pour la base de données SIREN. « C’est le début de l’histoire de ce point de vue là », signale David Thoumas.

Pour les entreprises souhaitant développer des portails ou des visualisations personnalisées, Opendatasoft améliorera ses SDK et poussera les services de ses partenaires, tel WedoData.

De plus, le spécialiste de l’exposition de données prévoit de faciliter l’accès aux actifs référencés sur ses portails depuis les outils BI tiers de ses clients, tels Power BI, Tableau ou d’autres.

« Nous avons vocation à apporter la donnée au bon endroit au bon moment, que ce soit une donnée qui vit dans le SI du client, ou que ce soit une donnée ouverte que nos capacités de fédération vont pouvoir intégrer dans leurs propres systèmes ».

« Quand on parle d’interopérabilité, on pense souvent à sourcer les données, mais il faut également les apporter là où les gens les consomment », renchérit Jean-Marc Lazard.

À l’avenir, l’éditeur misera sur la traçabilité des données et de leurs usages. « C’est un champ nouveau pour nous. C’est l’occasion d’introduire de nouvelles technologies. Nous avons investi dans la technologie orientée Graphe de Neo4J. Elle nous permet de matérialiser les relations entre les objets qui constituent la plateforme : les jeux de données ouverts de nos clients, les relations entre les data sets, leur réutilisation. Nous sommes en train de travailler au développement d’une fonction de data lineage ».

L’objectif premier sera d’obtenir une traçabilité des données dans l’écosystème Opendatasoft. L’éditeur a pour vocation à élargir cette capacité, par exemple pour comprendre comment les données exposées à travers ODS sont utilisées dans une application mobile ou une plateforme BI. « Souvent une donnée part d’un système où elle est plus ou moins bien rangée, bien modélisée. Puis, elle est réutilisée trois maillons plus loin dans un environnement tout autre. Que s’est-il passé entre les deux ? », illustre Jean-Marc Lazard. « L’enjeu est de favoriser un usage maîtrisé de la donnée », ajoute-t-il.

Un « nouveau » positionnement dans le SI des clients

Avec cette feuille de route, Opendatasoft pose sa plateforme comme une brique complémentaire à l’architecture de données des entreprises. « Il y a 18 mois de cela, nous ne discutions pas avec les DSI », explique Franck Carassus. « Aujourd’hui, ces discussions sont plus fréquentes, car il y a des manques technologiques. Les entreprises ont stocké, ont mis en qualité, désormais il faut rendre les données accessibles aux métiers », insiste-t-il. « Notre plateforme permet de développer des portails d’accès aux données en libre-service en complément aux entrepôts et au lac de données, aux outils de virtualisation, de gouvernance et de catalogage de données ».

« Nos clients semblent convaincus par le cloud et par le best of breed. Il y a maintenant suffisamment de solutions matures, pérennes et interopérables sur le marché ».
Jean-Marc LazardCEO et cofondateur, Opendatasoft

C’est pour cette raison que l’éditeur se rapproche des fournisseurs de cloud et des éditeurs tels Databricks ou Denodo. « Nos clients semblent convaincus par le cloud et par le best of breed. Il y a maintenant suffisamment de solutions matures, pérennes et interopérables sur le marché », assure Jean-Marc Lazard.

En 2022, Opendatasoft a vu son chiffre d’affaires croître de 30 %. Ce CA est divisé à parts égales entre « la sphère publique et la sphère privée ». L’éditeur a réalisé plus de 10 millions d’euros de revenus annuels récurrents. En 2023, l’éditeur prévoit une croissance « au-delà des 30 % ». Il compte, entre autres, sur l’extension des cas d’usage chez ses clients. « La moitié de notre chiffre d’affaires provient de l’upsale », renseigne le CSO.

Les dirigeants se veulent confiants et ne craignent pas la baisse de régime du marché anticipée par les observateurs du marché, dont Gartner.

« Les entreprises sont précautionneuses dans leur investissement », reconnaît Jean-Marc Lazard. « Elles choisissent leur priorité en adoptant des solutions “must-have”. Nous avons l’avantage de proposer une solution prête à l’emploi, dont on peut tirer les fruits plus rapidement », conclut-il.

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